La sœur de Maëlys à Nordahl Lelandais, lors du 6e jour de son procès : "Dites au moins la vérité, ayez un minimum d'empathie !"
La deuxième semaine du procès de l'ancien maître-chien s'est ouverte, lundi, à la cour d'assises de l'Isère. La mère de la petite fille a été entendue, ainsi que son père et sa sœur, qui a directement affronté l'accusé.
"J'ai beaucoup entendu : 'Qu'est-ce que ça fait d'être le frère ou la sœur de Nordahl Lelandais ?' Moi j'aimerais vous dire ce que ça fait d'être la sœur de la petite Maëlys." Du haut de ses 16 ans, Colleen de Araujo s'est avancée face à la cour d'assises de l'Isère, à Grenoble, lundi 7 février, pour parler de sa "guerrière", son "exemple".
Au sixième jour du procès de Nordahl Lelandais, jugé pour le meurtre de Maëlys de Araujo, l'adolescente est venue raconter les souvenirs partagés avec sa cadette. Elle a raconté sa "passion pour les animaux" qui aurait pu faire d'elle "une agricultrice ou un pompier", son goût pour le foot, le "nouveau départ" qu'elle allait prendre dans une "nouvelle classe" à la rentrée 2017. "Comment peut-on faire du mal à une petite fille comme toi ? Tu avais toute la vie devant toi, on avait tellement de choses à réaliser. J'aurais pu te donner des conseils, assumer mon rôle de grande sœur", déclare Colleen de Araujo, accompagnée de son avocat, Fabien Rajon, qui se tient à ses côtés.
"Vous avez déçu vos amis en refusant de dire la vérité"
Au milieu des souvenirs partagés avec sa sœur –"des anecdotes, j'en aurais 1 000 à raconter"– sa souffrance est palpable et sa colère transparaît à chaque ligne. Guêtres noires, robe rouge et bras croisés, elle débite son texte, d'un ton ferme et véhément lorsqu'elle évoque Nordahl Lelandais, qui se tient à quelques mètres d'elle, derrière la vitre de son box.
Elle évoque "ce maudit 14 février 2018" lorsque les ossements de la fillette ont finalement été retrouvés, après "six longs mois de torture". "La porte de la salle de bains s'est ouverte et j'ai entendu dire : 'On l'a retrouvée !' Je n'ai pas pu m'empêcher de penser qu'il y avait une petite chance que tu sois encore en vie et j'ai tout de suite répondu : 'En vie ?' On m'a dit 'non' et j'ai basculé une nouvelle fois dans le cauchemar."
A plusieurs reprises, elle s'adresse à l'accusé, sans le regarder. "Vous pourriez être un homme sincère et courageux et assumer tous vos actes. Mais vous avez déçu vos amis en refusant de dire la vérité", lance-t-elle, citant un à un les proches qui ont tenté de le faire craquer : "Nazim, Fabien, Coralie, Anouchka..." "Où est votre courage ?" interroge-t-elle d'une voix grave dans une salle totalement silencieuse.
"Je veux savoir s'il a violé ma sœur"
Sa lecture terminée, elle prend de court la présidente, Valérie Blain. "Est-ce que ce serait possible que Nordahl Lelandais réponde à mes questions ?" La présidente hésite, mais l'ancien maître-chien semble disposé à répondre. Colleen de Araujo s'adresse directement à lui avec aplomb. Sa question fuse : "Je veux savoir s'il a violé ma sœur et pourquoi, pendant des mois, il n'a pas dit où était Maëlys."
"Non, je n'ai pas violé votre sœur", répond l'intéressé, qui précise d'une voix blanche : "Ça a été très compliqué d'expliquer ce que j'ai fait." Comme à son habitude, le trentenaire botte en touche. Mais la jeune fille n'en reste pas là : "Vous n'avez pas dit toute la vérité, on ne sera pas dans le jugement. Vous avez des gens qui vous aiment. Dites au moins la vérité. Ayez un minimum d'empathie !"
"Vos mensonges, on en a marre, ce n'est plus possible. Ayez ce courage et cette dignité, comme moi j'ai de vous parler en ce moment."
Colleen de Araujo, la sœur de Maëlysdevant les assises de l'Isère
"Je m'expliquerai", répond simplement Nordahl Lelandais. "Vous pouvez parler maintenant", renchérit la présidente, qui vole au secours de l'adolescente. "On vous demande juste des réponses, vous avez brisé notre vie, aidez-nous !" implore Colleen de Araujo. "La vérité, j'ai essayé de l'expliquer à plusieurs reprises, personne ne m'a cru", souffle l'intéressé. La présidente interrompt cet interrogatoire inattendu. "Il n'a pas de réponse à apporter, c'est dommage."
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