Le nombre de "narchomicides" a baissé de 60% à Marseille en 2024

Le narcobanditisme a entraîné la mort de 24 personnes en 2024 à Marseille et ses alentours, soit deux fois moins que le triste record de 2023.

Article rédigé par franceinfo
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Le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, et le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Pierre-Édouard Colliex, en conférence de presse, le 21 janvier 2025. (GILLES BADER / MAXPPP)
Le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, et le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Pierre-Édouard Colliex, en conférence de presse, le 21 janvier 2025. (GILLES BADER / MAXPPP)

Les assassinats liés au trafic de drogue ont diminué de moitié dans la région marseillaise. Les règlements de compte ont fait 24 morts, dont 20 à Marseille, en 2024, contre 49 en 2023, une année tristement record. Cela s’explique par la fin d’une guerre sanglante entre deux clans du narcotrafic marseillais, la DZ mafia a pris le dessus sur le clan Yoda, mais aussi par l’action des autorités policières et judiciaires Le procureur de Marseille et le préfet de police des Bouches-du-Rhône ont présenté leur bilan lors d’une conférence de presse, mardi 21 janvier, et évoqué une mobilisation "considérable" contre le narcobanditisme.

Le clan de la DZ mafia a gagné la guerre sanglante qui l’opposait au clan Yoda. Cela a mécaniquement fait baisser la spirale meurtrière à Marseille. Mais la baisse des règlements de compte est aussi liée à la lutte acharnée des enquêteurs et des magistrats contre le narcotrafic. "On a mis beaucoup de moyens sur l'interpellation, a précisé le procureur de Marseille, Nicolas Bessone, mécaniquement cela va faire baisser la pression, il y a eu un certain nombre de règlements de comptes qui ont été déjoués." Le procureur a ajouté : "Nous avions constaté qu'un certain nombre d'assassinats a été commandité depuis la prison et on a regroupé un certain nombre de criminels, notamment au quartier d'isolement des Baumettes, avec un régime pénitentiaire très suivi. Et là aussi, mécaniquement, on a senti la baisse des règlements de comptes."

Un trafic de drogue moins visible mais toujours présent

Le nombre de points de deal a diminué de moitié en trois ans à Marseille. Il n’en reste que 84 toujours actifs dans la ville, précise le préfet de police des Bouches-du-Rhône. Pierre-Édouard Colliex défend la stratégie du pilonnage pour asphyxier ces points de deal, avec la multiplication des opérations "place nette XXL", lancée en grande pompe par Emmanuel Macron lors d’un déplacement à la cité de la Castellane, dans les quartiers nord de Marseille, en mars dernier.

Mais si le trafic de drogue est moins présent en bas des tours, il n’a pas pour autant disparu, il se déporte. Le préfet de police dit lutter notamment contre les livraisons de drogues, il y a eu près de 180 interpellations pour du "ubershit" en 2024. Un autre chiffre prouve la mobilisation des autorités : au total, plus de 2 000 personnes ont été mises en examen par les juges marseillais l’année dernière pour des affaires liées au trafic de stupéfiants l'année dernière, dont 200 pour des "narchomicides".

Les autorités alertent sur le profil des trafiquants de drogue

De plus en plus de femmes sont impliquées dans les trafics, alors qu'elles étaient autrefois cantonnées au rôle de "nourrices", pour stocker la drogue, l’argent ou les armes. Elles grimpent désormais dans la hiérarchie, gèrent la logistique. Et il y a aussi de plus en plus de mineurs. La moitié de la délinquance des mineurs à Marseille est liée au narcobanditisme, explique le procureur Nicolas Bessone. En 2024, plus de 500 adolescents ont été poursuivis pour du trafic de stupéfiants. Ces "petites mains", ces "jobbeurs" viennent de toute la France, attirés par l’argent facile, ce que le magistrat qualifie de "narcotourisme".

Marseille est vue comme un eldorado, mais la réalité est beaucoup plus sombre, prévient le procureur. Une fois dans les réseaux de trafics de stupéfiants, ces jeunes se retrouvent souvent sous le coup de dettes fictives, victimes de tortures, de séquestrations. Il y a des cas de traite d’êtres humains, alerte Nicolas Bessone. Enfin, plus inquiétant encore, de très jeunes adolescents ne sont plus seulement embauchés pour guetter ou pour vendre la drogue, mais pour tuer. Pour la première fois en France, le tribunal pour enfants de Marseille s’apprête à juger un adolescent de 15 ans pour l’assassinat de Socayna. Cette étudiante a été victime d’une balle perdue de Kalachnikov alors qu’elle se trouvait dans sa chambre. Un chauffeur VTC a également été abattu froidement par un adolescent d'à peine 14 ans.

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