Attaque raciste à Beaune : ce que l'on sait deux semaines après la fusillade
Le parquet de Dijon a retenu le caractère racial dans l'agression d'un groupe de jeunes à Beaune (Côte-d'Or), après l'arrestation de deux suspects. Deux hommes avaient été blessés gravement par des tirs de fusil de chasse.
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C'est habituellement "une ville très calme", selon son maire, Alain Suguenot. À Beaune (Côte-d'Or), sept personnes ont été blessées par des tirs de fusil de chasse, dans la nuit du dimanche 29 au lundi 30 juillet, dont deux gravement. Très vite, les victimes et leurs familles, ainsi que plusieurs témoins, ont dénoncé le caractère raciste de l'attaque, et réclamé que cette mention soit retenue dans la procédure.
Après l'arrestation de deux suspects par la police, vendredi 10 août, le parquet a annoncé que les auteurs présumés de la fusillade étaient soupçonnés de "tentative d'assassinat, violences aggravées par (...) notamment la circonstance que les faits ont été commis en raison de l'appartenance à une soi-disant race, religion ou ethnie, réelle ou supposée, injures publiques à caractère racial, menaces de mort à caractère racial". Ils ont été mis en examen et écroués, dimanche 12 août. Deux semaines après les faits, franceinfo fait le point sur ce que l'on sait.
Que s'est-il passé ?
Il est environ 2 heures du matin, le lundi 30 juillet, lorsqu'une quinzaine de jeunes habitants du quartier Saint-Jacques, dans le sud de Beaune, près de Dijon, discutent et regardent la télévision en bas des immeubles. Soudain, une Clio rouge pénètre sur la pelouse et se gare sous un panier de basket, relatent des témoins à La Croix. "Vous faites quoi, là ?", lance un jeune aux occupants de la voiture. "On est chez nous ici, bande de bougnoules", aurait répondu le conducteur, selon Walid, un jeune témoin interrogé par le quotidien.
Le pire, c'était les propos. Comme quoi on était des bougnoules et qu'on n'avait rien à faire dans ce pays et qu'ils allaient revenir calibrés [avec une arme].
Un témoinà France 3 Bourgogne-Franche-Comté
Le ton monte très vite, jusqu'à un début de bagarre à travers les vitres du véhicule, rapporte Mediapart, qui a interrogé des témoins. La Clio fonce alors "délibérément sur un groupe de quatre individus", poursuit le parquet dans un communiqué. Les jeunes évitent le choc de justesse. "A un mètre près, ils m'écrasaient", estime Walid dans les colonnes de La Croix.
Heureusement qu'il y a le banc qui m'a sauvé. Honnêtement, sans ce banc-là, je pense que c'était fini pour moi. La voiture, j'ai vu à leurs regards qu'ils avaient une haine envers nous.
Un témoinà France 3 Bourgogne-Franche-Comté
La Clio repart. A 4h20, relate le procureur de la république de Dijon, "les deux auteurs" reviennent "à bord d'une Mercedes classe B", et font feu avec "une arme longue". Ils tirent à quatre reprises, selon France 3 Bourgogne-Franche-Comté. Aucune insulte ni menace n'est alors proférée par les occupants du véhicule, selon le parquet de Dijon.
Qui sont les blessés ?
Les tirs de fusil blessent sept jeunes hommes. Ils sont "âgés de 16 à 20 ans", précise le parquet. Deux sont touchés plus gravement, sans que leur pronostic vital ne soit engagé. L'un d'eux, William, est allongé au sol, lorsque sa soeur, Cheyla, approche des lieux, rapporte la jeune femme à La Croix. On peut aperçevoir du sang dans l'herbe.
William a reçu 18 plombs dans les poumons et 36 dans les intestins. "Ça faisait comme du gruyère. Plein de petits trous dont s’écoulait le sang", raconte l'un de ses amis à Mediapart. Rubgyman, il a depuis quitté l'hôpital mais "sa carrière sportive est compromise", selon le quotidien. Vendredi, lors de l'arrestation des deux suspects, Yassin, également blessé dans l'attaque , était quant à lui toujours hospitalisé au CHU de Dijon, d'après le site d'informations locales Infos Dijon. Touché "au poumon, au foie, aux reins" selon son père, "le jeune homme a été opéré mais a connu des complications", selon Mediapart.
Comment la police a-t-elle réussi à retrouver les suspects ?
L'enquête a été confiée au commissariat de Beaune et à la police judiciaire de Dijon. Prélèvements sur place, exploitation des bandes de vidéosurveillance, surveillance téléphonique... Entre les faits et l'arrestation des deux suspects dix jours plus tard, jusqu'à une "quarantaine de policiers et une vingtaine de gendarmes" ont été mobilisés, selon le procureur de la République de Dijon.
Des efforts qui ont porté leurs fruits, puisque les deux auteurs présumés ont été identifiés quelques jours après le début de l'enquête. Difficiles à arrêter car "très mobiles", sans téléphone portable, ils ont finalement été localisés dans le sud de la France vendredi.
Le premier individu a été arrêté par la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) à Saint-Andiol (Bouches-du-Rhône), près d'Avignon, tandis que le second suspect est parvenu à s'échapper en voiture "en fonçant délibérément" sur les policiers, selon le procureur de Dijon. L'homme s'est réfugié dans la forêt attenante avant d'être finalement arrêté en fin d'après midi, toujours à Saint-Andiol. Les deux hommes ont alors été placés en garde à vue à Avignon samedi pour "tentative d'assassinat et violences aggravées", avant d'être transférés à Dijon dimanche. Le deuxième suspect, qui a pris la fuite lors de son arrestation, a également été placé gardé à vue pour "tentative d'homicide volontaire sur personne dépositaire de la force publique".
Qui sont les deux hommes arrêtés ?
Peu d'informations ont pour le moment filtré sur les deux hommes interpellés vendredi. Selon France Bleu Bourgogne, ils ne connaissaient pas les victimes. Agés d'une trentaine d'années, les deux hommes – prénommés Loïc et Jean-Philippe – sont domiciliés en Côte-d'Or, selon Le Bien public et Le Parisien. Contrairement à une information relayée dans un premier temps, les deux suspects n'étaient pas issus de la communauté des gens du voyage. Sans emploi, ils étaient déjà bien connus des services de police pour violences, vols, et vols avec arme pour l'un d'entre eux. Les suites de l'enquête permettront sans doute d'en savoir un peu plus sur leur profil et leur parcours.
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