: Info franceinfo Enlèvements, homicides, trafic de drogues... Une note de la police révèle l’étendue des activités criminelles de la "Black Manjak Family"

Une note confidentielle du Service d'information, de renseignement et d'analyse stratégique sur la criminalité organisée (Sirasco) de la police judiciaire, datée du 13 juin dernier, a confirmé le caractère "criminel" de la "Black Manjak Family", organisation de "plusieurs dizaines de membres" impliquée dans l'évasion meurtrière du narcotrafiquant Mohamed Amra en 2024 et proche du rappeur Koba LaD, a appris mardi 8 juillet franceinfo de source proche du dossier. 

Selon cette note de la police, la totalité des membres et des organisateurs de l'évasion meurtrière de Mohamed Amra, au péage d'Incarville dans l'Eure, le 14 mai 2024, appartenait à cette Black Manjak Family, organisation "dont l'activité originelle est le trafic de stupéfiants", mais qui "s'est diversifiée investissant particulièrement le champ des actions violentes".

La "Black Manjak Family contrôle un certain nombre de points de deal"

À l'origine, la "Black Manjak Family", ou "BMF", en référence directe du peuple Manjak vivant principalement en Guinée-Bissau, est un label de musique "qui semble s'être constitué au sein de la cité de la Madeleine à Evreux", selon cette note de la police judiciaire. "Outre l'implantation historique de la 'BMF' à Evreux, l'organisation s'est développée en région parisienne [...] dans les Yvelines, puis en Seine-et-Marne".

Pointant des "activités criminelles" de la "BMF", la note policière cite tour à tour des "enlèvements-séquestrations", "des homicides volontaires et tentatives", des "faits de proxénétisme" et du "trafic de stupéfiants". "La 'BMF' contrôle un certain nombre de points de deal dans ses différents secteurs d'implantation. Elle organise également des importations de résine de cannabis en provenance d'Espagne", assure la note policière. 

"Mohamed Amra entretenait de longue date des liens étroits avec différents membres de la 'BMF'. Ils se sont rencontrés dans le quartier de la Madeleine à Evreux", avance la police. "Pour autant, Mohamed Amra ne semble pas être un membre à part entière de la 'BMF'" mais "apparaît plutôt comme un associé de l'organisation dans le trafic de stupéfiants". 

"Koba La D fait figure de porte-étendard"

La police judiciaire pointe également la proximité de la BFM avec le rappeur à succès Koba La D, incarcéré depuis novembre 2022 pour plusieurs affaires. "Le label 'BMF' permet à l'organisation criminelle d'utiliser le rap comme vecteur d'influence. Koba LaD fait figure de porte-étendard, ses chansons y faisant référence et ses membres apparaissant dans ses clips", écrit la police judiciaire. "La réalisation des derniers clips de Koba LaD en compagnie de la 'BMF' dans des territoires identifiés comme des points de deal situés hors de leur zone de chalandise habituelle (Normandie, Ile-de-France) laisse présumer des liens avec des organisations criminelles qui y sont implantées", ajoute-t-elle.

"Les membres de la 'BMF' se montrent particulièrement prudents : changeant sans cesse de véhicules, ils font de même avec leurs téléphones mobiles qu'ils n'utilisent qu'en data, via des applications chiffrant leurs communications", poursuit la note, évoquant "un soutien logistique d'une très large communauté de prête-noms". Ainsi, les membres de la "Black Manjak Family" s'abritent derrière des sociétés de restauration ou de location de véhicules localisées dans l'Eure, la Seine-Maritime et tout l'Ouest parisien.