Evasion de Mohamed Amra : "Cet hommage va être difficile, mais c'est important pour qu'on ne les oublie pas", confie Dominique Garcia, le père d'un des agents pénitentiaires tués

Un hommage national sera rendu mercredi à Fabrice Moello et Arnaud Garcia à la prison de Caen, en présence d’Emmanuel Macron. Ces deux agents pénitentiaires ont été tués il y a un an, lors de l’évasion de Mohamed Amra au péage d’Incarville (Eure).

Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Dominique Garcia, père d'Arnaud Garcia, un des deux agents pénitentiaires tué par un commando armé lors de l'évasion de Mohamed Amra. (MATHILDE LEMAIRE / RADIO FRANCE)
Dominique Garcia, père d'Arnaud Garcia, un des deux agents pénitentiaires tué par un commando armé lors de l'évasion de Mohamed Amra. (MATHILDE LEMAIRE / RADIO FRANCE)

Dominique Garcia n'a pas oublié une minute de ce 14 mai 2024. Il y a d'abord eu l'inquiétude à l'annonce de l'attaque d'un véhicule de l'administration pénitentiaire au péage d'Incarville (Eure). Puis le sexagénaire se souvient des terribles images du fourgon pris en sandwich par les deux voitures du commando qui ont commencé à tourner en boucle sur les télévisions.

Il garde en mémoire ensuite le coup de fil du ministre de la Justice d'alors, Eric Dupond-Moretti, lui annonçant, la voix blanche, le décès de son fils. Pour le moment de recueillement, l'hommage par Emmanuel Macron à la maison d'arrêt de Caen mercredi, Dominique Garcia ancien gendarme sera aux côtés de la famille de l'autre fonctionnaire décédé, Fabrice Moello, mais aussi des collègues de son fils qui ont survécu à l'attaque. Il y avait eu trois blessés. Tous ont tissé des liens au cours de cette année.

"Ça va être un hommage très difficile, mais c'est surtout très important pour faire perdurer la mémoire de Fabrice et de mon fils Arnaud. On est satisfaits que le président et le gouvernement marquent cette date douloureuse de leur présence. Le drame qui est arrivé aura au moins permis de faire connaître l'excellent et difficile travail des agents pénitentiaires. Avant cela, on les voyait seulement comme des agents qui étaient un peu comme les nains de Fort Boyard, juste des porteurs de clefs, des ouvreurs de portes. Ça n'est pas cela du tout. Ils sont la troisième force armée de notre pays, a fortiori ceux qui s'occupent des transferts en fourgon vers les tribunaux", commente Dominique Garcia.

Pas une journée sans penser à son fils

Lorsque son fils unique Arnaud est tombé sous les balles du commando il y a un an, cela faisait à peine quelques jours qu'avec sa compagne Marie, il avait annoncé qu'ils attendaient un heureux évènement. L'enfant né en novembre, six mois après l'attaque, ne connaîtra pas son père. C'est une petite fille de six mois. "Elle est encore un bébé, mais on lui racontera très tôt qui était son papa et la mission qu'il remplissait quand il a été froidement abattu, explique Dominique Garcia. Ma belle-fille, Marie, est encore très marquée. Il lui est difficile de donner une interview, mais elle sera évidemment présente à la cérémonie d'hommage avec ma petite-fille", ajoute l'ancien gendarme qui dit ne pas passer une journée sans penser à son fils, sans voir sa petite-fille. Il a suivi au plus près possible la longue traque des membres du commando pendant neuf mois.

"J'ai toujours été confiant. Je savais que les enquêteurs finiraient par arrêter les responsables. Ça a pris du temps, mais ils ont fait du bon travail."

Dominique Garcia, père d'Arnaud

à franceinfo

Lorsque le 6 mai dernier, sur franceinfo, l'avocat de Mohamed Amra, Benoît David, a expliqué que son client depuis sa cellule de prison de Condé-sur-Sarthe regrettait aujourd'hui la mort de deux agents pénitentiaires au cours de son évasion. Dominique Garcia n'a pas pu l'entendre. "Je ne le crois pas du tout, tranche-t-il. Cet avocat construit la défense de son client, je le comprends. Il veut minimiser sa peine, c'est son travail, mais la complicité de Mohamed Amra dans ce dossier est pleine et entière. Quand on a organisé une logistique avec des kalachnikovs, du personnel, des véhicules volés destinés à être brûlés ensuite, on assume. Les mercenaires qu'il a dû employer, ils ne venaient pas faire de la dentelle, ils étaient bien déterminés à le faire extraire du fourgon par tous les moyens, quel que soit le prix", rappelle Dominique Garcia.

"Ils ont tué Fabrice et mon fils alors qu'ils n'avaient pas encore tiré. Ils n'ont eu aucune chance de s'en sortir. La vie humaine ne concerne pas ces narcotrafiquants", ajoute le père endeuillé qui entend suivre de près l'instruction avec son avocat. Il espère un procès d'ici deux ou trois ans.

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