Dans le cortège parisien, une France qui fait bloc
La mobilisation citoyenne contre le terrorisme et en hommage aux victimes a battu tous les records dans la capitale. Francetv info était dans le défilé.
Un rassemblement "sans précédent" à Paris, rendant le comptage "impossible", aux dires de la préfecture de police. Une marée humaine a envahi les rues de la capitale, dimanche 11 janvier, pour rendre hommage aux victimes des attentats des derniers jours en France et dire "non" au terrorisme.
A 16 heures, alors que la tête du cortège arrive place de la Nation, la place de la République, elle, est encore totalement congestionnée. Certaines personnes piétinent ici depuis trois heures, attendant que le défilé se mette enfin en branle.
Mais qu'importe : malgré quelques bousculades, la foule tient bon, les yeux braqués sur le monument à la Marianne qui trône au centre de la place, investie par des dizaines de jeunes. Ils brandissent des drapeaux français et du monde entier, des pancartes, hurlent des slogans que la place reprend en chœur, lancent des Marseillaise…
"Je suis Charlie", lit-on partout, sur des cartons, des feuilles de papier, des badges, des autocollants. Beaucoup aussi pensent aux autres victimes. Widmaer et Mariana sont venus avec leurs deux enfants, de 6 et 3 ans. Tous les quatre portent un brassard différent : "Je suis Charlie", "Je suis police", "Je suis Hypercacher". "Je suis innocent", arbore le père de famille. "Je suis noir comme Coulibaly, et je ne veux pas que les Noirs, ou d'autres, soient stigmatisés à cause de cette affaire", explique-t-il.
Comme lui, Sadek et Mustapha ont tenu à se rendre à cette marche républicaine. "Pour dire que l'islam, ce n'est pas le terrorisme. L'islam, c'est la paix, c'est le partage", dit Sadek, qui se trouvait dans une agence Pôle emploi tout près des locaux de Charlie Hebdo au moment de l'attaque de mercredi. Il a gardé dans son appareil photo le cliché d'un impact de balle sur la façade.
Un peu plus loin dans le cortège, la responsable d'une association de Franco-Algériens laïques défile avec la mention : "Musulmans indignés". "Oui, il y a des intégristes, mais nous n'avons rien à voir avec eux. Comme la plupart des musulmans de France, on vit notre religion dans la sphère privée", dit-elle. "Cet amalgame, vous l'avez laissé s'installer. Il fallait parler plus tôt et plus fort", lance une femme, deux rangées derrière. Fatiha, mère de trois enfants, explique que sa famille, qui a émigré d'Algérie en 1960, est "un exemple d'intégration réussie". Elle tient un discours très dur contre les représentants du culte musulman. "Ils s'indignent, ils condamnent, mais juste après, il y a toujours un 'mais'. Cela ne devrait plus exister. On ne peut pas tout excuser", dit-elle.
La foule, massive, avance lentement. Le temps d'observer les façades des immeubles, où flottent de nombreux drapeaux français. Depuis leurs fenêtres, les habitants applaudissent. A la vue d'un car de CRS ou d'un tireur d'élite cagoulé sur un échafaudage ou sur un toit, la foule communie en scandant : "Merci la police !"
"Cette mobilisation est extraordinaire. C'est un moment historique", commente Nadia. "J'ai 67 ans, et un gouvernement qui appelle à la manifestation, je n'avais jamais vu ça !" Y a-t-il un risque de récupération de la part du pouvoir, des partis politiques, voire de la cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement venus manifester ? "Je ne pense pas, dit François. Pour moi, c'est avant tout une révolte d'individus qui expriment leur ras-le-bol de tous ces dogmes qui nous gouvernent, comme les religions." "Viktor Orban [le Premier ministre hongrois critiqué pour ses atteintes aux droits de l'homme] dans le cortège, c'est quand même choquant", lance une jeune fille.
A deux pas de là, Maxim et Antoine tiennent un drapeau français sur lequel ils ont écrit : "La France est Charlie". "Ce drapeau, il représente bien davantage qu'une nation, il incarne les valeurs des Lumières, la liberté de penser, la liberté de la presse. Il faut montrer que, quoi que fassent les terroristes, cela échouera", explique Maxim, étudiant en droit. "Moi, j'ai pas peur des kalachnikovs, lance Florence, qui tient des pancartes avec des citations de Voltaire. Ce dont j'ai peur, c'est que cette mobilisation incroyable retombe, que la société s'endorme à nouveau."
A seulement quelques rues du cortège, le siège de Charlie Hebdo ressemble à un lieu sacré. Des dizaines de personnes se recueillent devant des montagnes de fleurs et de bougies. Seuls les hélicoptères des services de sécurité viennent troubler le silence.
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