Attaque à Paris : "L'assaillant a très clairement berné un certain nombre d'autorités et surtout les services de renseignement", estime le président du Centre d’analyse du terrorisme
"Il a purgé sa peine et il a récidivé hier soir : l'enjeu pour les années et les mois à venir c'est véritablement le fichier des sortants de prison", estime Jean-Charles Brisard, président du Centre d’analyse du terrorisme.
"L'assaillant a très clairement berné un certain nombre d'autorités, les enquêteurs et surtout les services de renseignement", a estimé sur franceinfo Jean-Charles Brisard, président du Centre d’analyse du terrorisme, après l'attaque au couteau et au marteau samedi 2 décembre dans la soirée à Paris près de la tour Eiffel. L'auteur de cette attaque était connu des services de justice et avait déjà eu un projet d'attaque dans le quartier de La Défense en 2016.
franceinfo : Que pensez-vous de cette attaque ?
Jean-Charles Brisard : C'est le premier attentat abouti, en France, qui est commis par un individu sortant, c'est-à-dire condamné pour des faits de terrorisme. Il avait été condamné en 2018 pour association de malfaiteurs terroriste, notamment pour un projet de départ en Syrie et puis pour un projet d'action violente sur le territoire national, à la Défense. Il a purgé sa peine et il a récidivé hier soir. Cela veut dire que l'enjeu pour les années et les mois à venir c'est véritablement le fichier des sortants de prison.
Que faut-il faire pour limiter les attentats ?
On sait qu'il y a plusieurs centaines d'individus qui sont sortis ces dernières années et qui sont suivis sur le plan judiciaire et administratif. Il est crucial que ces individus soient suivis dans la perspective d'évènements comme les Jeux olympiques l'année prochaine. L'auteur de l'attentat d'Arras en octobre était un individu fiché S. Donc, cela pose le problème du suivi de ces individus. Ces trois dernières années, 90% des auteurs d'attentats étaient inconnus des services.
La place de cet homme était-elle en prison ou en hôpital psychiatrique ?
Les troubles psychiatriques dont on parle doivent être récents parce qu'à l'époque où nous avions suivi son procès en 2018, le rapport de l'expert psychologue et le rapport de l'expert psychiatre ne démontraient pas de troubles psychologiques ou psychiatriques. Ils notaient une naïveté de sa part, un caractère influençable. Il avait été influencé par un jihadiste présent sur zone en Syrie, c'est lui qui l'avait incité à se convertir fin 2015, c'est lui qui l'a incité à venir en Syrie, mais il a renoncé et c'est encore lui qui l'a incité à passer à l'acte dans son projet d'attentat.
Comment expliquez-vous que les autorités ne se soient pas méfiées ?
Ce qu'on observait déjà en 2018, c'est une grande capacité de dissimulation. C'est quelqu'un qui a été consommateur d'un grand nombre de vidéos de propagande, qui voulait rejoindre l'Etat islamique en Syrie. Il a prétendu aux enquêteurs en juillet 2016, au moment de son interpellation, qu'il s'était autodéradicalisé. Mais cela ne résistait pas à l'analyse parce que c'était contredit par l'exploitation de ses supports informatiques et par sa fréquentation assidue et constante d'un certain nombre d'acteurs endogènes de la menace terroriste, dont l'assassin de Samuel Paty.
Il a donc joué un double jeu ?
Il a très clairement berné un certain nombre d'autorités, les enquêteurs et surtout les services de renseignement. Après l'attentat de Samuel Paty, c'est lui qui s'est présenté dans un commissariat pour dire qu'il était en contact avec l'assassin. Il a fait croire qu'il avait renoncé à la religion, qu'il était dans le droit chemin, alors qu'il n'en était rien.
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