Qu'a dit Mohamed Merah aux négociateurs du Raid ?
Le jeune homme a dialogué pendant plusieurs heures avec les hommes du Raid et des renseignements. Thème par thème, voici ce qu'il faut retenir de ces échanges glaçants.
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Une voix calme, posée et droite. A 23 ans, Mohamed Merah a froidement assassiné sept personnes entre les 11 et 19 mars, à Montauban et Toulouse. Avant l'assaut des hommes du Raid, le jeune homme avait accepté d'engager un dialogue avec les policiers. Des extraits de ces conversations ont été diffusées dimanche 8 juillet par TF1, créant une vive polémique. Deux enquêtes ont été ouvertes et une plainte des familles de victimes doit être déposée.
Dans de nouveaux extraits mis en ligne par Le Monde (lien payant), la détermination et la froideur ressortent de ce dialogue. Voici ce qu'il faut en retenir.
Sur ses voyages. Merah raconte ses périples en Afghanistan et au Pakistan, où il assure avoir rencontré les hommes d'Al-Qaïda. "J'ai fait plusieurs pays afin de trouver les frères. Quand je les ai trouvés, c'est quand j'ai été au Pakistan. Je les ai pas trouvés avant tous les autres pays que j'avais faits, l'Afghanistan non plus", explique-t-il. Il décrit ensuite un camp d'entraînement avec "des Français, des Chinois, des Tadjiks, des Afghans, des Pakistanais, des Américains, des Allemands, des Espagnols". "Je suis pas un professionnel, j'ai reçu un petit entraînement (…) Il y a toute une organisation derrière tout ça", précise-t-il, en ajoutant agir seul en France. "Tu crois que je vais faire du tourisme au Pakistan et en Afghanistan? Qui t'as vu faire du tourisme dans ces pays-là ?", ironise-t-il dans sa discussion avec l'agent de la DCRI qui l'avait auditionné en novembre. Il lui dira aussi : "Quand tu m'as convoqué, quand j'étais dans vos bureaux, j'étais en contact avec eux, je les avais trouvés (…) Je crois que c'est une des plus grandes erreurs de ta carrière".
Ce qu'a dit l'agent des renseignements à Merah. Mohamed Merah a réclamé sa présence lors des négociations. Il s'agit de l'agent de la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) qui l'avait auditionné, en novembre 2011, pour s'expliquer sur ses voyages. Le Monde rapporte le discours ambivalent tenu par cet homme : "Derrière les mots destinés à mettre Merah en confiance, on sent poindre le désarroi du policier qui découvre l'ampleur de ce qui lui a échappé", écrit le quotidien. "On reprend la discussion qu'on a eue en novembre, et là, bon, sur de bonnes bases, avec un peu plus de sincérité, dit le policier à Merah. Parce que bon, tu m'as bien roulé dans la farine, hein, avoue-le. T'as été bon sur ce coup-là (…) On va se faire engueuler. (…) On savait pas grand-chose de toi."
Sur la médiatisation de ses crimes. Mohamed Merah revient également sur la médiatisation de ses crimes avec les médiateurs du Raid. Il explique avoir acheté "la meilleure" caméra, "full HD". "J'ai fait un excellent montage vidéo avec des versets, (…) on voit toutes les exécutions, lance-t-il. Elle va être mise sur le net. (…) Elle sera prise par les moudjahidines. Elle sera prise par certaines chaînes télé. (…) Je sais que quand elle va être vue, Inch'Allah, ça va mettre l'effroi (…) dans vos cœurs et ça va motiver d'autres frères".
Ses attentats. "Mon but dans ces attentats, c'était de tuer en priorité des militaires, parce que ces militaires-là sont engagés en Afghanistan, et tous leurs alliés, que ce soit de la police, de la gendarmerie, de la police nationale, de tout." Il explique aussi, toujours calmement, que l'école juive où il a tué quatre personnes était une cible improvisée. Pas un mot pour les victimes. Et il révèle qu'il avait prévu de continuer ses attentats s'il n'avait pas été identifié. "Je serais entré dans les commissariats, j'aurais abattu le policier qui est à l'accueil, j'aurais abattu des gens dans la rue, des gendarmes qui circulent en voiture, aux feux rouges, j'aurais mis des guet-apens. J'allais faire tout au hasard et sans aucune préparation."
Sur son look pour "tromper l'ennemi". Mohamed Merah justifie ses changements de coupe de cheveux (décoloration, crête rouge…) et son mode de vie. "Oui, je vais en boîte (…), je m'habillais d'une certaine façon, qui montre que j'ai pas le profil de quelqu'un qui fait partie d'Al-Qaïda (…) J'avais fait une vraie coupe fashion, j'avais fait la crête, les cheveux longs, en arrière, dégradé espagnol sur le côté, tribal. J'ai fait tout ça, j'avais fait blond. Ça fait partie de la ruse, tu vois".
Sur la mort. Lucide, Mohamed Merah dit aux négociateurs qui attendent sa reddition : "Il y avait deux issues qui s'offraient à moi : soit la prison avec la tête haute, soit la mort avec un grand sourire… Comme j'ai le choix, je préfère opter pour la dernière lutte". Et d'ajouter : "Je sais que vous risquez de m'abattre, c'est un risque que je prends. Donc voilà, sachez qu'en face de vous, vous avez un homme qui n'a pas peur de la mort. Moi, la mort, je l'aime comme vous vous aimez la vie".
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