"DSK a tapé sur mon épaule pour me demander mes dessins du procès"
Elisabeth de Pourquery, qui réalise les croquis d'audience au procès du Carlton pour France Télévisions, raconte comment elle a vécu les deux semaines de débats.
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Ils sont quatre. Depuis le début du procès de l’affaire dite du Carlton, lundi 2 février, plusieurs dessinateurs croquent les protagonistes des débats, des prévenus aux parties civiles en passant par les avocats. Parmi eux, Elisabeth de Pourquery, qui réalise des croquis d’audience à l'aquarelle publiés sur francetv info. Elle nous raconte comment elle a perçu les deux semaines de débats.
Francetv info : Quel regard avez-vous pu poser sur ce procès depuis les bancs des dessinateurs ?
Elisabeth de Pourquery : C’est une place très privilégiée car nous sommes physiquement très proches de la barre et des prévenus. Et nous sommes très bien considérés par le tribunal, contrairement aux autres médias. Le dessin d’audience est une tradition typiquement française, la loi interdisant que les débats soient photographiés ou filmés. Le procureur, le président du tribunal, les avocats et les prévenus sont venus me serrer la main.
Quel regard portent les prévenus sur vos dessins ?
L’entrepreneur David Roquet, par exemple, était très inquiet. Il est venu vérifier son portrait pour savoir s'il était mis en valeur. Dodo la Saumure, lui, était complètement indifférent. Quant à DSK, il a tapé sur mon épaule pour me demander mes dessins. J'étais stupéfaite, je ne m'attendais pas à cela. Il voulait un petit souvenir du procès. Il m'a dit : "Vous m'en mettez de côté un ou deux signés".
Qu’avez-vous perçu de l’attitude de Dominique Strauss-Kahn à l’audience ?
Parfois, c’est un vrai gamin. Il envoie des SMS pendant l’audience, ou il tripote sa montre. Au bout d’un moment, surtout quand les débats durent aussi longtemps, les prévenus oublient votre présence, et vous pouvez croquer les gestes révélateurs. De ce que j’ai vu des images retransmises du procès de New York [à la suite de la plainte de Nafissatou Diallo], où DSK était filmé, il a, ici, beaucoup moins de gestes de nervosité. On sent qu'il y va tranquille, qu'il est plus à l'aise. On l'a vu sourire, et même rire.
Est-il "difficile" à dessiner ?
Au bout de deux semaines, il y a des personnages qu’on mémorise très facilement. Comme David Roquet. Il n'a pas de cheveux, c'est assez facile. DSK est beaucoup plus difficile à croquer. Tout le monde connaît ses gros sourcils, mais il a des gestes bien à lui, des expressions particulières, des paupières qui tombent. On dirait un monsieur de la IIIe République. Il faut camper cette expression-là, et il ne faut pas oublier son air coquin.
Les dessins d’audience peuvent parfois verser dans la caricature…
On n’est pas là pour retranscrire une image exacte de la réalité. C'est à cette condition que le dessinateur est accepté à l'audience. Il doit conserver son libre-arbitre d'artiste et d'auteur. Et surtout, cela va très vite, les sujets bougent tout le temps, ici une main, là une jambe. Il faut choisir un prisme, comme une caméra subjective. Je me suis retrouvée à côté de Coco, la dessinatrice de Charlie Hebdo. Elle a représenté David Roquet le pantalon baissé, en slip, avec des poils qui dépassaient. Là, on est vraiment dans l'interprétation !
Les anciennes prostituées étaient très soucieuses de préserver leur anonymat. Ont-elles craint d’être reconnues sur vos dessins ?
Non, car le dessin est beaucoup moins intrusif qu’une caméra ou un appareil photo. Lundi matin [jour des plaidoiries des parties civiles], elles sont venues me voir. Elles voulaient un dessin en souvenir. Je les ai peintes l’une à côté de l’autre, car elles ont partagé l'épreuve ensemble. Je les ai représentées comme à l'audience, Jade un peu plus protectrice avec M. C'est une trace de leur passage à la barre, et c’est important pour elles, pour se reconstruire. Le fait que je sois une femme a peut-être aidé. La profession de dessinateur d’audience est encore très masculine.
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