"Ils sont aussi coupables que lui puisqu'ils l'ont laissé agir" : au procès Le Scouarnec, les auditions très attendues de plusieurs responsables des instances hospitalières

Près de trois mois après son début à Vannes, la question des responsabilités est aujourd'hui au coeur du procès du chirurgien pédocriminel.

Article rédigé par Margaux Stive
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un dessin représentant l'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec, lors de son procès, le 5 mars 2025 à Vannes (Morbihan). (BENOIT PEYRUCQ / AFP)
Un dessin représentant l'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec, lors de son procès, le 5 mars 2025 à Vannes (Morbihan). (BENOIT PEYRUCQ / AFP)

Comment Joël Le Scouarnec a-t-il pu agresser des centaines d'enfants dans des hôpitaux pendant plus de 30 ans sans jamais être arrêté ? Même si l'ancien chirurgien est seul dans le box des accusés la question est au cœur des débats, qui se tiennent depuis le 24 février devant la cour criminelle du Morbihan, à Vannes.

Alors que l'audience entre dans ses dernières semaines, la cour doit entendre lundi 19 mai plusieurs responsables des instances hospitalières. Ils seront sept à défiler à la barre : de la directrice d'hôpital jusqu'aux hauts fonctionnaires du ministère de la Santé.

"On attend 1 500 victimes ? 10 000 victimes ?"

Leurs auditions sont attendues de pied ferme par les parties civiles car tous ont été informés dès 2006 d'une condamnation de Joël Le Scouarnec pour détention d'images pédopornographiques. Mais ils ont pourtant décidé de le laisser exercer. Un "déni coupable", estiment Mauricette et Roland Vinet, dont leur petit-fils Mathis s'est donné la mort après avoir été victime du chirurgien. "C'est comme les 3 singes : on se cache les yeux, on se bouche les oreilles et on ferme la bouche", dénonce-t-elle. "Tous auraient dû être mis au banc des accusés. Tous autant qu'ils sont ! Ils sont aussi coupables que lui puisqu'ils l'ont laissé agir", fustige pour sa part le grand-père.

La justice se penche sur une possible culpabilité : une enquête est en cours après plusieurs plaintes déposées par des associations. Mais en attendant, Manon, l'une des parties civiles, espère du changement. "Quand les professionnels passent à la barre et qu'on leur demande : est-ce qu'il y a eu des choses qui se sont passées dans vos établissements depuis l'explosion de l'affaire ? Personne n'a rien fait dans les hôpitaux qui ont reçu Joël Lescournec. On attend quoi ? 1 500 victimes ? 10 000 victimes ? 300, ça ne suffit pas apparemment. C'est cette prise de conscience qu'on attend", regrette-t-elle.

Avec un collectif de victimes, la jeune femme prendra la parole devant le palais de justice pour dénoncer une affaire qui est, selon elle, "un laboratoire à ciel ouvert des défaillances institutionnelles".

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.