"Je ne trouve pas que ce soit le crime parfait" : au procès de Frédéric Péchier, la défense de l'anesthésiste démonte les accusations d'empoisonnement
Randall Schwerdorffer, l'avocat principal de l'accusé jugé pour 30 empoisonnements dont 12 mortels dans deux cliniques de Besançon, a dénoncé le travail du directeur d'enquête, mercredi soir.
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La défense commence à avancer ses pions. Au troisième jour du procès de Frédéric Péchier, jugé pour 30 empoisonnements, dont 12 mortels, sur des patients de deux cliniques de Besançon (Doubs), les avocats de l'anesthésiste ont œuvré pour semer le doute sur l'impartialité des investigations menées pendant huit ans. C'est le médiatique pénaliste Randall Schwerdorffer qui s'est attelé à la tâche, mercredi 10 septembre, lors de l'audition du directeur d'enquête, entendu par la cour d'assises.
"A partir de quand considérez-vous Frédéric Péchier comme la cible, le coupable potentiel ?", demande l'avocat, assis depuis les bancs de la défense. Olivier Verguet, chef de la brigade criminelle de la police judiciaire, cite de mémoire une réunion de gradés de la police bisontine, le 23 janvier 2017, soit quatre jours après le début de l'enquête. "On fait le lien entre différents dossiers [sept arrêts cardiaques suspects à l'époque] et on va s'apercevoir que Frédéric Péchier apparaît de façon récurrente." "Travaillez-vous sur un autre suspect ? Si oui, qui est-il ?", insiste l'avocat sans jamais hausser le ton. La défense a sa petite idée. "Je vois où vous voulez en venir", anticipe l'enquêteur alors que son interlocuteur lui fait remarquer qu'un autre anesthésiste était présent, comme Frédéric Péchier, 26 fois sur les 27 cas d'"événements indésirables graves" survenus à la clinique Saint-Vincent. "On dispose d'un faisceau d'indices sur le docteur Péchier, pas sur le docteur S.", entendu la semaine prochaine au procès, soutient l'enquêteur.
"Dans cette enquête, on instruit à charge et on cache les éléments à décharge."
Randall Schwerdorffer, avocat de Frédéric Péchierdevant la cour d'assises
Qu'à cela ne tienne, l'avocat de l'accusé dévoile une autre partie de son jeu, le mobile. Selon l'accusation, les patients n'étaient que les "victimes collatérales" de conflits entre Frédéric Péchier et ses collègues. "Pour tuer des gens, il faut des raisons, surtout pour un serial killer. Dites, au commissariat, vous vous entendez tous bien ?", ironise Randall Schwerdorffer sans se départir de son calme. Et d'ajouter : "Les tensions, elles existent partout, ici au palais de justice, même au Carrefour de Besançon. Je trouve très futile ce qui se passe dans cette clinique, et je trouve étonnant ce mobile." "Des empoisonnements, il n'y en a pas eu à Carrefour !", rétorque, agacé, le directeur d'enquête.
"Je vous parle de preuves"
L'avocat revient à la charge : "Pourquoi, au bout de quinze jours, c'est votre suspect ? J'insiste." Reprenant plusieurs points de ce dossier titanesque, sous l'œil courroucé de la présidente, Randall Schwerdorffer tente de démonter, brique par brique, les éléments retenus contre son client. Sa célérité à intervenir pour la réanimation des patients ? "Pour tous les cas, il est appelé", assure-t-il. Quant à la thèse selon laquelle seul un anesthésiste pouvait être l'empoisonneur, l'avocat répond par une question : "Pouvez-vous nous rappeler la quantité de potassium utilisée dans le cas de Sandra Simard [une patiente victime le 11 janvier 2017] ?" "Cent fois la dose attendue", rappelle Olivier Verguet. La réplique fuse : "On parle du crime parfait, mais je ne trouve pas que ce soit si parfait de mettre une telle quantité."
Randall Schwerdorffer ne dévie pas de sa ligne : "Qu'avez-vous fait à décharge ? C'est une obligation légale…" "Quand on a des éléments qui convergent vers un suspect…", répète l'enquêteur. "Avez-vous géolocalisé d'autres personnes ?", rebondit l'avocat. "Non, sinon, c'est infini, il y a des moments où il faut faire des choix", justifie le policier. "Pourquoi ne pas avoir exploité toutes les caméras de la clinique ?", poursuit celui qui s'est illustré dans les affaires Jonathann Daval et Narumi Kurosaki. "Les vidéos ont été visionnées", argue le policier. "La justice-fiction, on peut tous la faire. Moi, je vous parle de preuves", tance la défense. "C'est agaçant cette histoire de preuves", s'irrite le témoin à la barre, essayant de ramener la cour vers la vision d'ensemble, "ce faisceau d'indices qui ramènent tous au docteur Péchier". Le pénaliste clôt la partie pour cette fois-ci : "J'espère qu'on ne peut pas encore condamner quelqu'un sans preuve."
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