Après le procès des viols de Mazan, quelles sont les trois autres affaires dans lesquelles plane l'ombre de Dominique Pelicot ?

Condamné en décembre à 20 ans de réclusion criminelle, l'ex-mari de Gisèle Pelicot doit être interrogé jeudi au pôle "cold cases" du tribunal judiciaire de Nanterre sur deux autres dossiers. Les enquêteurs le soupçonnent également dans une troisième affaire.

Article rédigé par franceinfo
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Dominique Pelicot, dans le box des accusés de la cour criminelle du Vaucluse, à Avignon, le 19 novembre 2024. (ELISABETH DE POURQUERY / FRANCE TELEVISIONS)
Dominique Pelicot, dans le box des accusés de la cour criminelle du Vaucluse, à Avignon, le 19 novembre 2024. (ELISABETH DE POURQUERY / FRANCE TELEVISIONS)

Dominique Pelicot n'en a pas fini avec la justice. Après sa condamnation, mi-décembre, à vingt ans de réclusion dans le procès des viols de Mazan, une peine pour laquelle il n'a pas fait appel, l'ex-mari de Gisèle Pelicot est convoqué jeudi 30 janvier au pôle "cold cases" du tribunal judiciaire de Nanterre (Hauts-de-Seine). Il doit être interrogé sur deux affaires criminelles anciennes non élucidées dans lesquelles il est mis en examen. Il a déjà été entendu dans ces dossiers par la juge d'instruction, la dernière fois en octobre 2023. Il conteste jusqu'à maintenant son implication. Mais les enquêteurs s'intéressent également au septuagénaire pour une troisième agression de femme, en 2004, comme le révèle jeudi la cellule investigation de Radio France.

Le viol et le meurtre de Sophie Narme, 23 ans, en 1991

La première affaire dans laquelle Dominique Pelicot est soupçonné remonte au 4 décembre 1991. Ce jour-là, aux alentours de 10 heures, l'agente immobilière Sophie Narme, 23 ans, a rendez-vous avec un client, qui se fait appeler monsieur Duboste, pour lui faire visiter un appartement, rue Manin, dans le 19arrondissement de Paris. Elle ne donne plus de nouvelles de la journée. Vers 21h30, son employeur, alerté par les parents inquiets de la jeune femme, se rend sur les lieux. La jeune femme gît face contre terre, sur le ventre. L'homme qui a commis les faits "l'a entravée puis endormie à l'éther", "a déchiré son soutien-gorge, l'a violée avant de l'étrangler avec la ceinture de sa jupe", a précisé à franceinfo l'avocate de sa famille, Florence Rault. Pendant des années, l'enquête s'enlise. Jusqu'à ce que le pôle "cold cases", dédié aux crimes sériels ou non élucidés, soit saisi de l'affaire. La juge d'instruction fait en effet un lien avec un autre crime, commis en 1999. 

Une tentative de viol en 1999 sur "Marion", 19 ans

Le 11 mai 1999, Marion (le prénom a été modifié), une jeune femme âgée de 19 ans, est victime d'une tentative de viol avec arme commise à Villeparisis (Seine-et-Marne) alors qu'elle fait, elle aussi, visiter un appartement. "Un homme est entré dans l'agence immobilière et s'est directement adressé à elle, en lui disant qu'il était à la recherche d'un appartement de façon urgente. Il était avenant et présentable : Marion ne s'est pas méfiée", expliquait à franceinfo Florence Rault, également avocate de Marion. Pendant la visite d'un logement, l'homme "l'attaque par-derrière et appuie un tampon d'éther sur sa bouche", rapporte l'avocate. "Elle se débat, il la jette au milieu de la pièce. C'est très violent." Malgré la "lame sous son cou" et "l'effet de l'éther", sa cliente parvient "à saisir les parties intimes" de l'agresseur, qui la relâche sous la douleur. Elle s'échappe dans un placard, qu'elle arrive à fermer à clé. Elle y reste quatre heures et finit par en ressortir. Il n'y a plus personne. 

Le rapprochement avec le viol et le meurtre de Sophie Narme s'est fait "compte tenu notamment du mode opératoire des agressions et du contexte des faits, tous deux commis dans le cadre d'une visite d'appartement, les deux victimes étant toutes deux agents immobiliers", précise à franceinfo le parquet de Nanterre. Les deux dossiers mentionnent la présence de petites cordelettes et une manière similaire de dévêtir les victimes. 

L'agression d'une femme de 60 ans à Chelles en 2004

Dominique Pelicot intéresse aussi les enquêteurs pour une autre affaire : l'agression d'une femme à Chelles (Seine-et-Marne) en 2004, comme l'a révélé la cellule investigation de Radio France jeudi. Cette année-là, cette femme reçoit dans son agence immobilière, là encore, un client venu se renseigner pour un appartement. Au bout d'un moment, l'homme l'agresse en sortant un couteau qu'il place sur son cou, avant de lui mettre un morceau de tissu devant la bouche en lui demandant de respirer, selon les premiers éléments récoltés par la brigade criminelle, consultés par la cellule investigation de Radio France.

La victime de 60 ans est sauvée par un passant, qui voit la scène et frappe à la vitre de l'agence, faisant fuir l'agresseur. Dans son témoignage, la femme a fait une description physique qui ne correspond pas forcément à Dominique Pelicot. Sauf que des "similitudes importantes" ont été pointées par un logiciel de la police avec la tentative de viol de Marion. Dominique Pelicot ne sera toutefois pas entendu jeudi sur cette troisième affaire, n'étant pas formellement mis en cause à ce stade. 

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