Crash dans les Alpes : comment un des pilotes a-t-il pu rester bloqué hors du cockpit ?
Le commandant de bord du vol de la Germanwings a quitté le cockpit, laissant le copilote aux commandes, a indiqué le procureur de Marseille, jeudi. Malgré ses appels, le commandant n'a jamais pu revenir à l'intérieur. Explications.
Au moment où l'avion a commencé à descendre, il n'y avait que le copilote dans le poste de pilotage de l'Airbus A320 de la Germanwings. Le commandant de bord avait quitté le cockpit et a été dans l'impossibilité d'y retourner pendant la descente de l'appareil, a révélé le procureur de la République de Marseille, Brice Robin, jeudi 26 mars.
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Le magistrat s'appuyait sur l'analyse de la boîte noire retrouvée sur les lieux du crash et étudiée par le Bureau d'enquête et d'analyses (BEA). "On entend plusieurs appels du commandant de bord demandant l'accès à la cabine du pilotage. Il a tapé sur la porte", détaille Brice Robin. Pourtant, le pilote est resté bloqué hors du cockpit. Comment cette situation est-elle possible ?
Depuis le 11-Septembre, le cockpit est verrouillé
Après les attentats du 11-Septembre 2001, la protection du cockpit des avions de ligne a été renforcée. Le poste de pilotage est verrouillé automatiquement de l'intérieur. Toutefois, les pilotes disposent d'un code dont ils peuvent se servir pour déverrouiller la porte s'ils se trouvent à l'extérieur de la cabine, a précisé le PDG de Lufthansa, Carsten Spohr. Ce code peut par exemple être utilisé au cas où le pilote resté à l'intérieur ferait un malaise lors de l'absence de son collègue. A ce moment-là, "la porte va s'ouvrir pendant un court laps de temps". Mais en cas d'urgence extrême, le pilote a également la possibilité de s'enfermer complètement dans le cockpit en actionnant le bouton "lock", ce qui rend inefficace le code.
"Ce qu'on sait très certainement, c'est que l'ouverture électronique de la porte n'a pas fonctionné", a expliqué Carsten Spohr. "Au moment où le commandant de bord a essayé de rentrer, soit il ne connaissait pas le code, soit le commandant a tapé le code mais le copilote a verrouillé le code." C'est la seconde option qui est privilégiée. Dans cette vidéo d'Airbus, datée de 2002, on peut voir les différents cas de figure liés à cette procédure de verrouillage de la porte, en actionnant le bouton "lock".
"Ce système de verrouillage a été pensé pour éviter que des pirates ne puissent entrer pour prendre le contrôle de l'avion, comme pendant les attentats du 11-Septembre 2001", expliquait en 2014 Bernard Chabbert, journaliste d'Europe 1, spécialiste de l'aéronautique, interrogé par L'Obs. "En revanche, un pirate qui est parvenu à pénétrer [dans le cockpit] se retrouve en huis clos. Et c'est évidemment beaucoup plus simple pour un membre de l'équipage", disait-il après le détournement d'un vol de la compagnie Ethiopian Airlines, reliant Addis-Abeba à Rome, par son propre copilote.
Un acte délibéré dans le cas du crash des Alpes ?
"On peut tout à fait, de l'intérieur du poste, fermer la porte, de manière à ce que même un membre d'équipage qui a des codes ne puisse pas rentrer dans le poste", confirme Jean Serrat, ancien commandant de bord, à France 2.
Quelles hypothèses peut-on établir dans le cas du crash dans les Alpes ? "Il s'agit d'une mise en descente [de l'avion] délibérée, il s'agit d'une action humaine, estime l'ancien pilote. Ce n'est pas quelqu'un qui est tombé dans les pommes. (...) Il ne peut pas tomber sur le manche. On est sur un A320, le mini-manche est sur le côté", poursuit Jean Serrat.
La thèse du malaise ne tient pas, selon Guillaume Schmid, copilote chez Air France. Contacté par francetv info, il explique qu'"en cas d'incapacité d'un des pilotes, il existe une procédure d'urgence. Le code est composé, une sonnerie stridente retentit et au bout de 30 secondes, s'il n'y a pas de réponse, la porte se déverrouille. Sauf en cas de blocage délibéré de l'ouverture de la porte."
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