Euro 2025 : l’ode à la résilience d’Ann-Katrin Berger, devenue gardienne de l’Allemagne sur le tard après avoir vaincu deux cancers

Vivement critiquée en poules pour son jeu au pied risqué, la portière de 34 ans a livré une prestation remarquable pour éliminer l'équipe de France aux tirs au but. Mercredi, elle est cette fois attendue au tournant contre les championnes du monde espagnoles en demi-finales.

Article rédigé par Gabriel Joly
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
La gardienne allemande Ann-Katrin Berger lors de la séance de tirs au but contre la France en quarts de finale de l'Euro à Bâle, le 19 juillet 2025. (FRANK HOERMANN / SVEN SIMON / AFP)
La gardienne allemande Ann-Katrin Berger lors de la séance de tirs au but contre la France en quarts de finale de l'Euro à Bâle, le 19 juillet 2025. (FRANK HOERMANN / SVEN SIMON / AFP)

Le public tricolore ne risque pas de l’oublier de sitôt. Depuis son incroyable quart de finale contre les Bleues, la gardienne Ann-Katrin Berger est devenue le symbole de cette Allemagne increvable, qui défie l’Espagne dans le dernier carré de l’Euro, mercredi 23 juillet à Zurich. Avec neuf arrêts, dont un plongeon titanesque en reculant qui restera l’image du tournoi, la "MVP" du match a tout simplement écœuré l’équipe de France. Lui instillant le doute malgré une supériorité numérique jusqu’à provoquer son élimination au bout de la nuit bâloise (1-1, 6-5 t.a.b.).

"Je ne pense pas avoir vu un tel arrêt dans le football féminin, a dit Ena Mahmutovic, sa remplaçante, face à la presse lundi, à propos du fameux sauvetage sur une déviation hasardeuse de la capitaine Janina Minge. Je suis fière de pouvoir travailler avec elle, elle est très détendue et travailler avec elle tous les jours est un honneur incroyable. Elle a déjà vécu tellement de choses dans sa carrière, sur le terrain et en dehors." Contre les protégées de Laurent Bonadei, la portière de 1m80 a renversé l’opinion publique outre-Rhin, après avoir été sous le feu des critiques.

En cause, sa prestation complètement ratée face à la Suède lors de la "finale" pour la première place du groupe C (1-4). Ann-Katrin Berger s'était rendue coupable d'une relance manquée, qui avait conduit sa défenseure Carlotta Wamser à une main synonyme de carton rouge et de pénalty. Le tout, au détour d'une rencontre ponctuée de grossières erreurs de la native de Göppingen, jugée beaucoup trop passive sur les trois autres réalisations scandinaves. Réputée très joueuse au pied - trop, selon son sélectionneur Christian Wück -, elle a d'ailleurs souvent tendance à tenter de dribbler les attaquantes adverses. Les restes de son adolescence, qui l'a vue tester tous les postes avant d'enfiler les gants. 

"Pour moi, il a toujours été important d’être une gardienne de but qui participe au jeu et qui n’est pas seulement collée à sa ligne. Le calme vient avec une certaine confiance, en soi et celle de mes coéquipières", a expliqué "AKB" jeudi à l'UEFA, alors qu'elle a opté pour cette position à 16 ans. Elle s'estimait "trop paresseuse" pour courir sur le terrain selon ses mots auprès de la Süddeutsche Zeitung.

Le bronze olympique décroché après deux cancers

A l'image de son Euro, revenir de loin n’a jamais effrayé la joueuse du Gotham FC, désignée meilleure gardienne du championnat américain l'an dernier. En novembre 2017, celle qui gardait alors les cages de Birmingham - après deux saisons sur le banc au PSG - s’est vue diagnostiquer un cancer de la thyroïde, qu’elle a vaincu une première fois, avant une récidive en août 2022. Enfin débarrassée de la maladie, elle en a gardé un tatouage pour recouvrir ses cicatrices derrière l'oreille : "Tout ce que nous avons, c’est maintenant". Forte de ce mantra, Ann-Katrin Berger a ensuite changé de statut.

Appelée pour la première fois en 2018, elle avait attendu deux années de plus pour effectuer de tardifs débuts internationaux. Mais ce n'est qu'à 33 ans, qu'elle est enfin devenue la numéro 1 de sa sélection, juste avant les derniers Jeux olympiques. L’occasion de s’illustrer dans un exercice qu’elle adore : les pénalties. Car elle n'en était pas à son coup d'essai, lorsqu'elle a repoussé les tirs au but des malheureuses Amel Majri et Alice Sombath, samedi.

Les gourdes d'Ann-Katrin Berger avec des antisèches sur chaque joueuse française en vue de la séance de tirs au but lors du quart de finale de l'Euro, le 19 juillet 2025 à Bâle. (SEBASTIAN CHRISTOPH GOLLNOW / AFP)
Les gourdes d'Ann-Katrin Berger avec des antisèches sur chaque joueuse française en vue de la séance de tirs au but lors du quart de finale de l'Euro, le 19 juillet 2025 à Bâle. (SEBASTIAN CHRISTOPH GOLLNOW / AFP)

Après avoir signé un exploit avec Chelsea en sortant l’OL dès les quarts de finale de la Ligue des champions 2023 à l’issue d’une séance maîtrisée (1-0 et 1-2, 4-3 t.a.b.), elle s’est chargée d’en faire de même contre les Canadiennes l’été dernier, sauvant deux tentatives avant d'inscrire la sienne pour qualifier l'Allemagne (0-0, 4-2 t.a.b.). Et ce, pour ensuite stopper un pénalty de la double Ballon d’or espagnole Alexia Putellas au bout du match pour la troisième place (1-0), quelques jours plus tard.

La médaillée de bronze de Paris 2024 connaît donc la recette face aux championnes du monde, avant le duel du dernier carré. Sur la route d’un doublé Mondial-Euro qu’on lui prédit, la Roja devra percer le mur Ann-Katrin Berger, qui espère de son côté retrouver sa compagne, l'Anglaise Jess Carter, dimanche lors de la finale.

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