: Entretien Euro 2025 : pour Griedge Mbock, capitaine des Bleues, il faut "faire en sorte que le groupe soit la véritable star de cette équipe de France"
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Qualifiées en quart de finale de l'Euro féminin de football après avoir battu les Pays-Bas, les Bleues affrontent l'Allemagne, le 19 juillet à Bâle, en Suisse. Une rencontre où l'on verra peut-être enfin jouer la nouvelle capitaine, Griedge Mbock. Entretien avec la défenseure du PSG.
Elle est la nouvelle patronne des Bleues. La défenseure du Paris Saint-Germain Griedge Mbock a été désignée par le sélectionneur, Laurent Bonadei, nouvelle capitaine de l’équipe de France en l’absence de Wendie Renard, non sélectionnée pour participer à l’Euro féminin. Large sourire, voix douce, la Bretonne fait partie, à 30 ans, des doyennes de l’équipe. Une récompense aussi pour une joueuse résiliente, qui a connu deux graves blessures dans sa carrière, une au tendon d’Achille en 2020 et une autre au genou droit en 2022.
Elle n'a pas encore joué une seule minute dans la compétition, mais la voici désormais porte-étendard d’une équipe qui espère atteindre enfin les sommets européens en terre helvète. Absente lors de la phase de poules à cause d’un mollet récalcitrant, Griedge Mbock a repris les entraînements collectifs. La Parisienne s’est montrée rassurante quant à son état de forme et ses chances de participation pour le quart de finale contre l’Allemagne, le samedi 19 juillet. Avant le début de la compétition, la joueuse du Paris Saint-Germain s’est assise devant le micro de franceinfo pour évoquer sa conception du capitanat, mais aussi le rôle primordial qu’a joué la préparation mentale pour la mener là où elle est désormais.
franceinfo : Comment avez-vous appris votre nomination en tant que capitaine de l’équipe de France ?
Griedge Mbock : Je l’ai appris en même temps que tout le monde, on était en veille de match, dans le vestiaire, à Nancy avant d’affronter la Suisse. Le coach l’a annoncé devant le groupe, ça a été un moment rempli d’émotion. Personnellement, j’en avais presque les larmes aux yeux (émue). C’était un moment important, qui comptait pour moi, et de voir aussi les filles qui étaient heureuses pour moi, c’était encore plus émouvant. Et avoir aussi la confiance du coach Laurent Bonadei, c’est quelque chose de fort et de beau.
Avez-vous pensé aux moments difficiles de votre carrière [deux saisons blanches pour cause de blessures] ?
Forcément, on regarde d’où l’on vient, et on se dit que revenir en équipe de France, retrouver le groupe, et puis avoir la chance d’être capitaine, honnêtement, c’est un honneur. Je remercie encore le coach, c’est une grande marque de confiance qu’il m’a faite et je lui en serai reconnaissante très longtemps. J’ai repensé à tout ce que j’ai pu traverser dans ma carrière. Il y avait le doc' juste à côté de moi, [Vincent Détaille, médecin de l’équipe de France féminine], il était présent aux moments de mes blessures.
On se disait qu’il y a trois ans, j’étais sur un terrain à Sedan, je m’étais luxé le genou et j’étais en pleurs, on s’est remémorés ces moments-là et on s’est dit quel chemin parcouru depuis… Être capitaine, c’est encore plus une fierté pour moi.
Comment fait-on pour succéder à Wendie Renard, qui a été votre capitaine durant quasiment toute votre carrière, que ce soit en Bleues ou à l’Olympique lyonnais ?
C’est un gros challenge, succéder à Wendie et tout ce qu’elle représente. Elle a été une capitaine emblématique de l’équipe de France, de Lyon, c’est un honneur. Maintenant, j'essaye de rester moi, de garder ma personnalité, je ne sais pas faire autrement de toute façon (sourire). Je suis bien entourée par les vice-capitaines (Grace Geyoro, Sandie Toletti et Sakina Karchaoui), je sens la confiance du groupe, que ce soit des joueuses ou du staff en général. C’est grâce à eux aussi que j’arrive à m’exprimer pleinement et à être à l’aise au sein de ce groupe, et j’espère qu’elles pourront en faire de même. J’ai l’envie que chacune trouve sa place dans le collectif, soit libérée et donne le meilleur de soi-même, sur et en dehors du terrain.
Comment avez-vous digéré les non-sélections de Wendie Renard, Eugenie Le Sommer ou Kenza Dali ?
À elles trois, c’est plus de 400 sélections, c’est énorme en termes d’expérience. Il a fallu s’adapter, on a un groupe qui est intelligent et qui a su combler ce manque d’expérience. On a des filles de très gros potentiel et une cohésion qui est bonne, ça aide. Il faut maintenant continuer à travailler, sur les automatismes, sur cette cohésion, et faire en sorte que le groupe soit la véritable star de cette équipe de France. Et à partir du moment où le groupe va briller, ça va faire ressortir les qualités individuelles de chacune. Et c’est comme ça qu’on arrivera, je l’espère, à aller loin dans les compétitions.
Cela vous met un peu plus de pression ?
Pas spécialement. En termes de jeu, j’ai l’habitude de jouer avec Maëlle (Lakrar), Alice (Sombath) que j’ai côtoyée en club à l’OL, Thiniba (Samoura) qui est avec moi actuellement au PSG. Honnêtement, c’est facile de jouer avec elles, car elles sont à l’écoute, intelligentes, elles ont envie, cela facilite les choses. Derrière, il y a Pauline aussi (Peyraud Magnin, le gardienne), qui est la plus ancienne maintenant (rires). Elle parle beaucoup, elle a beaucoup de sélections.
"On a une défense assez expérimentée, que ce soit au niveau européen, au club ou en équipe de France, avec pas mal de matches au compteur. Et le manque d’expérience, on essaye de le combler par cette envie, cette fougue. Avec l’aide du staff, on essaye de respecter le projet de jeu qui a été mis en place."
Griedge Mbock, capitaine des Bleuesà franceinfo
C’est quoi être une bonne capitaine ?
(Rires) C’est une bonne question ! (Elle réfléchit). Ma notion du capitanat, en tout cas celui que je voudrais être, c’est celui qui fédère, celui qui arrive à donner confiance à chacune de ses coéquipières, qui arrive à les mettre à l’aise, qu’il y ait une alchimie dans le groupe. A la recherche aussi de bonnes énergies pour que le groupe vive bien et se trouve plus facilement sur le terrain. Être aussi un exemple sur et en dehors du terrain et essayer d’accompagner au mieux les jeunes, pour qu’elles soient dans les meilleures dispositions pour, un jour, prendre le relais.
Quel rôle a joué la préparation mentale quand vous vous êtes gravement blessé en 2020 et 2022 ?
Elle a été primordiale dans le sens où il y a eu des moments compliqués et ces personnes m’ont aidé à appréhender mes retours, à trouver un équilibre aussi. Quand on est un peu plus jeune, tout tourne autour du football. Et quand ça ne va pas, on voit tout en noir, elles m’ont aidé à trouver un équilibre dans ma vie de footballeuse, de femme. Cela m’a aidé à ouvrir les yeux. On parle souvent beaucoup des préparateurs physiques, pas assez des préparateurs mentaux, alors que c’est ce qui est le plus important, le mental dans le sport. C’est important de le mettre en avant en lumière.
Travailler dans ce domaine, c’est un objectif à la fin de votre carrière ?
J’aimerais, à terme, être psychologue du sport. Pour pouvoir accompagner les jeunes en devenir et ceux qui auront besoin de cette aide. Je trouve que c’est encore un peu tabou, surtout dans le foot, j’aimerais que ce soit plus normal d’en parler, que les athlètes puissent s’exprimer librement et puissent être accompagnées. Les lignes bougent : au niveau de l’équipe de France, la venue de Thomas Sammut a permis d’en parler un peu plus, mais ce serait bien dans certains clubs qu’il y ait un suivi plus approfondi et qui commence beaucoup plus tôt pour que le problème soit combattu et, surtout, anticipé.
Estimez-vous maintenant être "blindée" mentalement ?
Honnêtement, je pense que j’ai tout vécu (rires). Mais je relativise beaucoup, ces blessures, tout sportif peut en avoir. C’est éphémère, il y a des gens qui vivent des choses beaucoup plus dures et qui ont besoin d’accompagnement. Il y a toujours plus grave dans la vie, on est quand même chanceux et chanceuses de pouvoir faire ce métier, il faut en profiter.
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