Les fleuves européens envahis par les microplastiques : "On a été très surpris" par l'ampleur des résultats, explique une scientifique du projet Tara Océan
Pour les scientifiques, la seule façon de lutter contre la pollution aux microplastiques, "c'est de réduire la production de plastique".
/2023/07/07/64a7df4c5fe71_placeholder-36b69ec8.png)
/2025/04/07/000-9q26pn-67f3a97ecb37e794991821.jpg)
"On a été très surpris" par l'ampleur des résultats, explique, sur franceinfo, lundi 7 avril, Alexandra Ter Halle, directrice de recherche au CNRS au Laboratoire "interactions moléculaires et réactivité chimique et photochimique", membre scientifique de l’équipage de Tara Océan, navire financé par une fondation pour étudier scientifiquement les océans. En 2019, l'expédition a réalisé des prélèvements dans neuf grands fleuves européens : la Loire , la Seine, la Garonne, le Rhin, le Rhône ainsi que le Tibre en Italie, l'Elbe en Europe Centrale, la Tamise en Angleterre et l'Ebre en Espagne. L'analyse des 2 700 échantillons prélevés témoigne de la présence alarmante de microplastiques dans tous ces grands fleuves, en surface et en profondeur.
"On a en moyenne 35 fois plus de petits microplastiques que de grands microplastiques, ceux qui sont encore visibles à l'œil. Parfois, on a jusqu'à 1 000 fois plus de cette pollution invisible que de pollution visible", explique la scientifique. Cette pollution massive et silencieuse provient de l'usure du plastique : "Dès la fabrication de l'objet, dès son usage, il va s'éroder en surface et générer ces particules invisibles."
Des milliers de substances toxiques
Il est difficile de lutter contre cette pollution. "On ne peut pas imaginer filtrer l'eau parce qu'ils sont microscopiques. Ils sont diffus dans tout l'environnement. La principale façon de lutter contre cette pollution, c'est de réduire la production de plastique", avance la directrice de recherche au CNRS. Mais on n'en prend pas le chemin. La production de plastique ne cesse de croître. "Ces quinze dernières années, la production a été multipliée par deux. En quinze ans, on est passé de 200 millions à 400 millions de tonnes de plastique produit chaque année" dans le monde, explique Alexandra Ter Halle.
Les conséquences sur la santé humaine ne sont pas encore totalement documentées scientifiquement : "Ce n'est pas qu'un matériau inerte, il contient des additifs. Il y a plus de 16 000 substances chimiques qui sont associées aux plastiques" dont "3 000 substances qui sont classées comme toxiques", précise-t-elle. "Il n'y a pas de consensus" scientifique, mais "il y a quand même de fortes suspicions", sur une nocivité potentielle, souligne Alexandra Ter Halle.
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter