Une plainte collective va être déposée dans le Haut-Rhin pour dépassement du taux de PFAS dans l'eau du robinet

Plus de 400 personnes se joignent à la démarche de l'avocat André Chamy, pour attaquer Saint-Louis Agglomération et Veolia, le gestionnaire du réseau d'eau potable. Depuis début mai, onze communes du département sont soumises à des restrictions sur leur consommation d'eau du robinet.

Article rédigé par franceinfo, avec ICI Alsace
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Une personne utilise un robinet d'eau. Image d'illustration. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)
Une personne utilise un robinet d'eau. Image d'illustration. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Une plainte collective va être déposée lundi à l'encontre de Saint-Louis Agglomération dans le Haut-Rhin et Veolia pour dépassement du taux de PFAS dans l'eau du robinet, révèle jeudi 31 juillet ICI Alsace (ex-France Bleu). Plus de 400 personnes se rangent derrière André Chamy, avocat au barreau de Mulhouse, pour attaquer en justice la collectivité et le gestionnaire du réseau d'eau potable. Depuis le 5 mai dernier, onze communes du Haut-Rhin regroupant 60 000 habitants sont soumises à des restrictions de la préfecture sur leur consommation d'eau du robinet

Dans les tuyaux, les PFAS, polluants éternels, dépassaient jusqu'à quatre fois les normes en vigueur fixées à 0,1 microgramme par litre. Parmi les documents qui appuient cette action en justice, une lettre de l’Agence régionale de santé envoyée au président de Saint-Louis Agglomération dès 2023 pour l’alerter sur le dépassement des taux de PFAS à Saint-Louis, Hésingue et Bartenheim, selon les informations d'ICI Alsace. "0,3 microgramme par litre, 0,2, 0,14 microgramme", ce sont les "résultats des analyses répétées" et pourtant "rien n'a été fait, aucune information", dénonce André Chamy. "Ça se passe entre l'ARS et Saint-Louis Agglomération, et aucune solution n'a été proposée" aux habitants lésés.  
 
En janvier 2024, un premier courrier de Saint-Louis Agglomération et de Veolia est adressé aux habitants pour les prévenir que les concentrations de PFAS dépassent les normes, sans pour autant leur préciser qu’elles sont parfois quatre fois supérieures au seuil réglementaire et là encore, aucune restriction n’est prononcée, ni de traitement curatif. "Des mesures correctrices, il n'y en a pas eu", tance l'avocat.

La plainte dénonce un manque de transparence

Selon André Chamy, si Saint-Louis Agglomération a enfin lancé des opérations de traitement des eaux cet été, cela s’est fait sous la pression de la préfecture, qui a pris un arrêté en mai dernier. "Sans l'intervention du préfet, rien n'aurait été fait", s'agace l'avocat des plaignants. "On aurait traîné encore pendant des mois, c'est ce que je trouve criminel à l'égard de la population, on l'a empoisonnée", estime l'avocat.  
 
Pour lui, il faut "rechercher les responsables de cette situation, les traduire devant le tribunal compétent pour qu'ils soient sanctionnés", lâche-t-il. André Chamy demande à Veolia de rembourser cette eau qui était contaminée aux PFAS. La plainte dénonce un manque criant de transparence envers le grand public, car c'est depuis 2023 que les autorités sanitaires alertent sur la présence de ces polluants éternels dans l'eau du robinet. 

Veolia assure avoir "alerté la collectivité"

Contactée, la multinationale Veolia a souhaité souligner jeudi à ICI Alsace et à l'agence Radio France qu'elle "a été à l'initiative sur la recherche des PFAS dès 2023 en engageant des campagnes d’analyses à grande échelle sur tout le territoire français, soit deux ans avant que les ARS n’intègrent ces paramètres dans les contrôles sanitaires réglementaires". Veolia assure avoir travaillé de manière "concertée et synchronisée avec l'ARS et la collectivité" dans la "recherche en préfiguration" de PFAS depuis 2023.
 
"Début novembre 2023, suite à la première restitution de la campagne de recherche des PFAS, nous avons directement alerté la collectivité sur le dépassement des normes de qualité en vigueur et œuvré pour proposer à la collectivité et aux autorités compétentes des solutions concrètes de traitement adaptées pour un retour à la conformité réglementaire", certifie l'entreprise qui a publié jeudi des résultats en hausse au titre du premier semestre 2025, avec un bénéfice net de 0,9% au premier semestre, à 657 millions d'euros. 
 
Le groupe Veolia affirme qu'il a "actuellement trois unités mobiles de traitement des PFAS installées sur place afin de garantir un accès sûr à l’eau potable à la population sensible de Saint-Louis Agglomération". Ce traitement des PFAS "permettra de rétablir la conformité de l'eau avant la fin de l'année 2025, conformément aux exigences préfectorales", assure la multinationale, qui souligne que ce n'est que la "première étape d'un plan d'actions global qui prévoit ensuite la mise en service d'installations permanentes de traitement". Contactée, Saint-Louis Agglomération ne veut pas commenter pour le moment ce dépôt de plainte. 

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