Pourquoi n'utilise-t-on pas la fonte des glaciers pour alimenter les agriculteurs, lors des périodes de sécheresse ? OnVousRépond Climat
Les glaciers et les neiges des hautes montagnes sont une réserve d'eau de plusieurs milliards de mètres cubes : pourquoi donc ne pas les utiliser pour l'irrigation des cultures ? Hélas, ce n'est pas si simple nous répond Yves Tramblay, hydroclimatologue.
De plus en plus souvent, les agriculteurs souffrent de la sécheresse en été... ce qui ne manque pas d'ailleurs de créer des tensions autour de la ressource en eau. Or, l'été est aussi la période où les glaciers et les neiges des hautes montagnes subissent la fonte la plus abondante. Pourquoi donc ne pas utiliser cette eau pour l'irrigation ?
L'eau des glaciers, acheminée naturellement grâce aux fleuves
Ce n'est malheureusement pas si simple ! Certes, « en théorie c'est tout à fait possible », admet Yves Tramblay, hydroclimatologue à l'Institut de recherche pour le développement. Et non seulement c'est possible, mais d'une certaine manière c'est déjà le cas. « On a déjà deux massifs montagneux importants en France : les Alpes, qui fournissent l'eau qui notamment va s'écouler dans le Rhône via la fonte de la neige et des glaciers, et pareil dans les Pyrénées, qui alimentent de nombreux cours d'eau, notamment la Garonne. »
C'est donc bien, indirectement, l'eau des glaciers que nous utilisons lorsque nous pompons dans les fleuves, pour l'agriculture ou d'autres usages. Mais utiliser plus directement l'eau de fonte des glaciers supposerait d'installer des conduites depuis la montagne, ou bien d'acheminer cette eau aux agriculteurs par camions... ce qui serait hors de prix, complexe, émetteur de gaz à effet de serre (pour les camions), et aussi inutile, puisque les fleuves font déjà naturellement ce travail d'acheminement de l'eau vers les plaines.
On ne peut pas se baser uniquement sur cette ressource pour s'adapter au réchauffement climatique et à la plus grande fréquence des sécheresses.
Yves Tramblay, hydroclimatologue
Hélas, il faut aussi aborder un autre problème : du fait du réchauffement climatique, les glaciers et même la neige sont plutôt en voie de disparition en France comme dans le monde. Il ne s'agit donc pas d'une ressource sur laquelle nous pouvons compter. « On estime que depuis les années 1980, on perd chaque décennie 10 % de l'eau disponible de la fonte des neiges ou des glaciers », regrette Yves Tramblay.
« Ça veut dire que mécaniquement, on va avoir de moins en moins d'eau disponible via cette source-là. » Et qu'il faut donc chercher d'autres moyens de pallier la baisse de la ressource en eau. Une baisse que, malgré des périodes pluvieuses qui nous semblent parfois longues, on ne peut que constater année après année, qu'il s'agisse de la métropole ou bien même de régions d'outre-mer aux précipitations jadis abondantes...
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