Les insectes peuvent-ils remplacer la viande ?

Cette idée, défendue par la FAO, entend répondre à plusieurs défis : l’augmentation de la population mondiale, la nécessité d’assurer à chacun un apport suffisant en protéines et un impact environnemental réduit pour l'alimentation humaine.

Article rédigé par Pauline Vallée
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Cette idée, défendue par la FAO, entend répondre à plusieurs défis : l’augmentation de la population mondiale, la nécessité d’assurer à chacun un apport suffisant en protéines et un impact environnemental réduit pour l'alimentation humaine. (Laura Geiger et Paulin Viguier)
Cette idée, défendue par la FAO, entend répondre à plusieurs défis : l’augmentation de la population mondiale, la nécessité d’assurer à chacun un apport suffisant en protéines et un impact environnemental réduit pour l'alimentation humaine. (Laura Geiger et Paulin Viguier)

Cet article a été publié une première fois en 2023 par le média Nowu, spécialisé en écologie.

La production de viande a un fort impact environnemental. L'élevage représente chaque année 12% des émissions mondiales de gaz à effet de serre selon un récent rapport de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture). Toujours selon l'organisation, la demande en produit d'origine animale devrait augmenter de 20% d'ici 2050 face à la croissance de la population mondiale.

Une alternative moins carbonée à la viande

Les insectes sont une alternative à la viande pour assurer les besoins humains en protéines, mais aussi en vitamines et des minéraux, tout en émettant moins de gaz à effet de serre. Tout dépend cependant de l’insecte en question et de la manière dont il est produit et consommé (cru ou séché, transformé ou non…).

"L'augmentation de la part des protéines dérivées d'insectes a le potentiel de réduire les émissions de gaz à effet de serre autrement associées à la production animale", reconnaît le GIEC dans un rapport spécial publié en 2019. En précisant néanmoins qu'"aucune étude à ce jour n'a quantifié un tel potentiel".

En d'autres termes, si remplacer la viande par des insectes n’est pas la solution pour réduire l’impact carbone de notre alimentation, elle peut "aider à la transition vers des régimes alimentaires plus sains et durables" selon le GIEC.

L'élevage d'insectes est également intéressant pour économiser de l'eau et de l'espace. Produire un kilo de protéines de vers de farine nécessite 23 litres d'eau et 18 m2, contre 112 litres d'eau et 201 m2 pour un kilo de protéines de bœuf selon la FAO

10% des insectes menacés d'extinction

Aujourd'hui, la quasi-totalité des insectes consommés sont récoltés directement dans la nature. Une hausse de leur consommation peut entraîner une "surexploitation des insectes", et "menacer la biodiversité et la stabilité de l'écosystème" alerte la FAO, qui propose de développer l’élevage d’insectes. Environ 10% des espèces d'insectes sont menacées d’extinction selon l'IPBES.

Les élevages d'insectes vont de la petite ferme à de grandes structures qui produisent des milliers de tonnes par an. Ce système fonctionne pour certaines espèces, où les individus peuvent cohabiter dans de petits espaces, mais pas pour d’autres. L'évolution vers un modèle d'élevage intensif pose aussi question en matière de bien-être animal.

2 milliards de personnes déjà consommatrices d'insectes

La FAO estimait en 2013 le nombre de consommateurs d'insectes à 2 milliards de personnes dans le monde, principalement situées en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud. 2100 espèces d'insectes sont consommées.

Cette perspective coince auprès du public occidental. Une étude de 2020 menée sur des enfants suédois montre que, dès le plus jeune âge, les participants ne considèrent pas les insectes comme de la nourriture. Plusieurs études suggèrent de pallier cette méfiance en servant les insectes réduits en poudre et intégrés dans des plats familiers.

Manger des insectes pose question au niveau d'hygiène, les spécimens pouvant être porteurs de bactéries, de virus, de parasites, et/ou être contaminées par des pesticides ou des métaux lourds. Ils peuvent aussi provoquer des réactions allergiques.

Quels insectes sont approuvés par la Commission européenne ?

Au sein de l’Union Européenne, la commercialisation des insectes en tant que nourriture doit être approuvée par la Commission Européenne.

En janvier 2023, la Commission européenne a autorisé la commercialisation d'une quatrième espèce d'insecte, le petit vers de farine, en tant qu'aliment. Il rejoint la liste composée du grillon comestible, la larve du ténébrion meunier et le criquet migrateur. La Commission a également reconnu en tant qu'aliment la poudre de grillon domestique, et a autorisé sa commercialisation.

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