: Reportage "Il y a un moment où l'on craque" : malgré les répercussions environnementales, la climatisation s’installe de plus en plus dans les foyers parisiens

Les ventilateurs ne suffisent plus. Vieux immeubles mal isolés, petits appartements sous les combles ou sous des toits en métal, certains Parisiens, comme Robin, suffoquent sous la chaleur. "J'ai une très petite surface, on est sur moins de 30 m², donc quand il fait chaud, à un moment on craque, explique-t-il. On n'en peut plus et on va vers la climatisation. On va au plus simple." La canicule frappe la France depuis le week-end et s'intensifie lundi 11 août. Douze départements du Sud-Ouest sont notamment en vigilance rouge. Si la capitale n'est pas concernée par la vigilance canicule, les températures vont monter au moins jusqu'à 34°C à Paris.

Avec le dérèglement climatique, la capitale est de plus en plus touchée par les fortes chaleurs et les parisiens investissent de plus en plus dans des systèmes de climatisation malgré les répercussions environnementales.

"J'avoue, je ne suis pas très fière, mais j'ai acheté une clim", reconnaît Laurence, qui essaye d'utiliser sa climatisation fixe le moins possible. "J'utilise d'abord les films qu'on peut mettre sur les baies vitrées pour arrêter UV et les ventilateurs. Mais quand il y a des journées à 40°C comme en juillet, j'avoue que la petite demi-heure pour rafraîchir l'appartement, ça sauve."

Une climatisation qui réchauffe la rue

Laurence et Robin ne sont pas les seuls à se laisser tenter. Selon l'Atelier parisien d'urbanisme, la climatisation se développe à Paris comme dans le reste de la France. L'Agence de la transition écologique estime qu'en 2050, 95% des logements en seront dotés. "Donc là, on est devant une grande surface qui a déployé la climatisation dans tout le magasin", explique Karine Bidart, présidente de l'Agence parisienne du climat. Elle se tient face à une immense grille d'évacuation de l'air. "On sent un vent chaud, décrit Karine Bidart. On prend au moins 6 ou 7°C à l'endroit où on se trouve."

Pour elle, la climatisation fait partie du problème. "On a estimé dans une ville comme Paris que si la climatisation se généralise, on aurait une augmentation de 1 à 2°C en période de canicule et les périodes de canicule se multiplient."  

La difficulté de mener à bien les projets de rénovation

La solution serait plutôt la rénovation des logements, mais selon Dan Lert, adjoint au plan climat à la mairie de Paris, l'exécution des travaux est souvent compliquée : "Un tiers des projets de rénovation énergétique des immeubles parisiens sont ou stoppés ou freinés par l'avis des architectes des Bâtiments de France." Beaucoup d'immeubles sont classés et ne peuvent pas être modifiés. Une situation anormale pour l'élu. "On doit pouvoir déplacer un peu le curseur entre la protection patrimoniale qui est nécessaire, y compris sur le territoire parisien, mais aussi l'enjeu de santé publique, de protection face aux fortes chaleurs", explique Dan Lert.

En attendant de trouver un compromis, la mairie de Paris cherche à refroidir la ville en multipliant les espaces verts, pour créer des îlots de fraîcheur.