Canicule précoce, incendies déjà en cours... Le début de l'été 2025 annonce-t-il une saison de tous les records ?
Selon Météo-France, le scénario d'un été plus chaud que la normale a 60% de risques de se produire dans l'Hexagone. Le premier épisode de canicule, qui a commencé fin juin, a vu tomber plusieurs records de températures.
L'été 2025 va-t-il inévitablement entrer dans les annales comme l'un des pires depuis le début des relevés ? Cette question brûlante se pose alors que la canicule du mois de juin, qui a pris fin vendredi 4 juillet, a été aussi longue que celle historique de 2003, et qu'une nouvelle vague de chaleur est attendue pour le week-end du 14-Juillet.
L'interrogation est d'autant plus présente que des incendies d'ampleur ont déjà frappé le pourtour méditerrannéen, et que Météo-France a placé lundi le Var, les Bouches-du-Rhône et l'Aude en rouge, le niveau le plus élevé de risque de feux de forêts. Sans oublier que des régions plus au nord ont également été la proie des flammes, avec notamment plus de 100 hectares touchés dans le Cher.
"L'état de sécheresse de la végétation est plutôt avancé par rapport aux autres années", a relevé fin juin le spécialiste des incendies de l'Office national des forêts, Christophe Chantepy, dans les colonnes du quotidien régional Ouest-France. Cette situation peut fournir "un combustible sec" et "un terreau idéal pour un incendie qui se propage", a-t-il mis en garde. Face à ces facteurs aggravants, tout le monde est dans les starting-blocks. "Aujourd'hui, clairement, on a des éléments très défavorables", a reconnu sur franceinfo le lieutenant-colonel Jean-Paul Bosland, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers, rappelant que neuf feux de forêt et de végétation sur dix sont d'origine humaine.
Un été probablement plus chaud que la normale
Cette situation risque-t-elle de durer tout l'été ? Dans son bulletin sur les tendances à trois mois (juillet, août et septembre) pour les températures, publié le 2 juillet, Météo-France estime que "le scénario [d'un été] plus chaud que la normale est le plus probable" (60% de risques avec des températures plus chaudes que les normales de saison, contre 30% pour un scénario conforme aux normales de saison et 10% pour celui plus froid que ces normales). Le même scénario culminait à 50% dans le bulletin pour juin, juillet, août. Impossible toutefois d'obtenir davantage de précisions : il s'agit de probabilités à "grande échelle", "très variables selon le lieu, la saison", explique l'organisme.
Une chose est certaine, la période écoulée depuis le 1er juin est déjà "historique" du côté des températures, relève La Chaîne Météo : "Il n'avait jamais fait aussi chaud en France pendant cette période, plus chaud qu'en 2003." Cet été est "0,7°C plus chaud que l'infernal été 2003 et 3,4°C au-dessus des normales" entre 1991 et 2020, relève sur le réseau social Bluesky le compte spécialisé MystereClimat.
Une vingtaine de départements déjà en situation de crise
Pour les précipitations, Météo-France estime également que le scénario tend vers un été plus sec que d'habitude (50% de risques, contre 30% pour celui conforme aux normes de saison et 20% pour l'hypothèse d'un été plus humide que les normales).
Et la situation des nappes phréatiques est déjà préoccupante. Selon les derniers relevés, 39% des nappes hexagonales présentent des niveaux en dessous des normales mensuelles (contre 17% en 2024). "Quarante-huit départements ont des restrictions d'eau et 18 départements sont en situation de crise", a déclaré la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, lundi, après un point de situation avec le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). "Tout ça, c'est l'impact du réchauffement climatique", a-t-elle lancé.
Les Ardennes, l'Aude, la Charente, la Dordogne, la Gironde, l'Indre ou encore l'Indre-et-Loire figurent parmi les départements déjà en "crise", c'est-à-dire ceux où des prélèvements en eau pour l'agriculture et certains usages domestiques ont été totalement ou partiellement interdits afin de donner la priorité à la santé, la sécurité, l'eau potable ou encore l'abreuvement des animaux. "Il faut faire en sorte que notre capital eau de ce début d'été soit conservé le plus longtemps possible jusqu'à ce que nous bénéficions de précipitations qui le rechargent", a déclaré Agnès Pannier-Runacher.
"On ne peut pas faire un bilan prédictif de l'été"
Si tout peut porter à croire que l'été 2025 sera critique, Météo-France invite cependant à ne pas tirer de conclusions hâtives. "Il n'y a pas de relation entre la canicule [de fin juin] et ce qui se passera tout au long de l'été. Il y a encore deux mois sur les trois mois que compte l'été météorologique", a pointé Matthieu Sorel, climatologue chez Météo-France, lors d'un point-presse le 1er juillet. "On ne peut pas faire un bilan prédictif de l'été. Ce que l'on peut dire, c'est que ce début d'été est extrêmement chaud mais qu'on ne peut pas présager de la suite de la saison", a-t-il insisté. Lauriane Batté, climatologue et spécialiste des tendances trimestrielles chez Météo-France, abonde dans ce sens.
"Ce n'est pas parce que nous avons eu un premier épisode caniculaire que l'on va nécessairement avoir une succession d'épisodes similaires tout au long de l'été."
Lauriane Batté, climatologue chez Météo-Franceà franceinfo
Quant aux éventuels multiples incendies qui pourraient marquer la saison, Lauriane Batté appelle à la prudence, soulignant l'implication de "mécanismes assez complexes". "Cela va dépendre à la fois de la température, de la situation d'humidité des sols et de l'état de la végétation", explique l'experte, mentionnant également le rôle important du vent. "A cette échéance, sur trois mois, nous ne pouvons pas nous prononcer sur ce type de phénomènes."
Pour enfoncer le clou sur la difficulté à anticiper le risque lié aux incendies, elle souligne que les tendances trimestrielles sont plus fiables pour les zones tropicales que pour les zones tempérées, qui sont soumises à des variabilités plus fortes. Elle met également en avant le fait que la fiabilité des tendances à trois mois est plus élevée pour les températures que pour les précipitations, alors que les pluies influent fortement sur les potentiels feux.
Depuis le XIXe siècle, la température moyenne de la Terre s'est réchauffée de 1,1°C. Les scientifiques ont établi avec certitude que cette hausse est due aux activités humaines, consommatrices d'énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz). Ce réchauffement, inédit par sa rapidité, menace l'avenir de nos sociétés et la biodiversité. Mais des solutions – énergies renouvelables, sobriété, diminution de la consommation de viande – existent. Découvrez nos réponses à vos questions sur la crise climatique.
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter