"Baignade interdite" : autre conséquence de la canicule, les cyanobactéries prolifèrent dans les lieux de baignade en eau douce

C'est la double peine du changement climatique : alors que la France suffoque, plusieurs lieux de baignade en eau douce ont dû être fermés en raison de la prolifération de cyanobactéries dues à la montée des températures.

Article rédigé par franceinfo
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Des cyanobactéries dans un fleuve. Photo d'illustration. (MICHEL CLEMENTZ / MAXPPP)
Des cyanobactéries dans un fleuve. Photo d'illustration. (MICHEL CLEMENTZ / MAXPPP)

Aucun département en alerte rouge canicule jeudi 14 août mais encore 75 en vigilance orange et une nouvelle remontée des températures prévue dès vendredi, et le week-end. Parmi les nombreuses conséquences de cette chaleur, attisée par le réchauffement climatique : le développement des cyanobactéries toxiques dans les lieux baignade en eau douce. Les interdictions de baignades se multiplient.

Quand elles sont très nombreuses, ces cyanobactéries ressemblent à des algues, vertes, bleues, ou rouges mais ce sont bien des organismes microscopiques particulièrement à l'aise entre 25 et 30°C dans les lacs, les étangs ou les cours d'eaux qui stagnent. Ces bactéries prospèrent en ce moment avec les très fortes chaleurs.

Des dizaines de chiens morts chaque année

Il va falloir s'y faire car elles sont de plus en plus nombreuses avec le réchauffement climatique. "Chaque année, il y a des conditions qui permettent ce développement de cyanobactéries. Depuis les années 1980, on observe ces développements de plus en plus massifs du fait de l'augmentation aussi de la température des écosystèmes aquatiques", explique Cécile Bernard, chercheuse au Muséum national d’histoire naturelle.

Ces derniers jours, par précaution, il y a eu des interdictions de baignade au lac du Bourget en Savoie mais aussi en Ille-et-Vilaine, Mayenne, Aveyron, ou dans la Nièvre pour protéger les baigneurs de ces cyanobactéries. "Elles deviennent dangereuses quand elles produisent des toxines que l'on appelle des cyanotoxines et qui peuvent être neurotoxiques, donc avec des systèmes neurologiques ou hépatotoxiques qui ont des conséquences et des effets sur tout le système gastro-intestinal", explique Cécile Bernard.

Parmi les effets les plus courants : nausées, vomissements, étourdissements, irritations cutanées, douleurs au ventre et dans les cas les plus graves, la mort presque exclusivement des animaux. Quelques dizaines de chiens meurent chaque année en France en avalant ces amas de bactéries en formes d'algue. Un chien est d'ailleurs mort dimanche au lac du Bourget.

Des micro-organismes qui se nourrissent des rejets des activités humaines

En ce qui concerne l'homme c'est extrêmement rare : une étude en 2017 relève six morts dans le monde depuis les années 1960. Pour lutter contre cette prolifération, il faut priver ces bactéries d'alimentation. La chaleur les stimule mais ces micro-organismes se nourrissent aussi de rejets des activités humaines.

Dans ces rejets, il y a d'abord le phosphore qu'on retrouve dans les eaux usées. Il faut donc les filtrer encore plus efficacement, et il y a du mieux sur ce point. La France a interdit depuis 2007 le phosphore dans les lessives ce qui a permis de "diminuer significativement" les concentrations dans les lacs et les rivières de notre pays, souligne le Museum national d'histoire naturel.

Mais ces cyanobactéries se nourrissent aussi d'azote, très utilisé dans les engrais pour fertiliser les sols, et là le défi est de taille, il faut réduire l'usage de ces produits par l'agriculture et les progrès restent très limités.

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