Sécheresse : les mesures d'économie d'eau "doivent commencer dès maintenant", alerte la directrice générale adjointe de l’agence de l’eau Adour-Garonne
Les sols français ont atteint un niveau de sécheresse similaire à un mois d'avril en raison du très faible niveau de précipitations depuis le début de la saison.
Les mesures d'économie d'eau "doivent commencer dès maintenant", alerte ce mardi sur franceinfo Aude Witten, directrice générale adjointe de l'agence de l'eau Adour-Garonne, l'une des six agences françaises chargées de la lutte contre la pollution et de la protection des milieux aquatiques. Il n'y a pas eu de pluie significative depuis 31 jours en France. "Il y a, malheureusement, une combinaison inédite de facteurs défavorables qui nous permettent de caractériser l'ampleur de cette sécheresse hivernale", ajoute-t-elle. Trois départements sont – les Pyrénées-Orientales, les Bouches-du-Rhône et l'Isère – sont concernés par des mesures de restrictions d'eau.
franceinfo : Parlez-nous de la situation dans votre secteur, est-ce que la sécheresse est là et bien installée ?
Aude Witten : Il y a, malheureusement, une combinaison inédite de facteurs défavorables qui nous permettent de caractériser l'ampleur de cette sécheresse hivernale. On observe d'abord un retard en termes de précipitations. En janvier, on avait bénéficié de pluies sur le centre et l'ouest du bassin mais il ne pleut plus depuis février. Par conséquent, certains secteurs du bassin sont particulièrement secs et en retard en termes de cumuls de précipitations.
"On observe aussi un faible enneigement, notamment en haute altitude, à partir de 1 000 m. Les nappes se rechargent mal. Certains secteurs sont particulièrement préoccupants."
Aude Witten, directrice générale adjointe de l'agence de l'eau Adour-Garonneà franceinfo
Par exemple, les nappes dans le secteur de Poitou-Charentes connaissent leurs minimales depuis les 30 dernières années. Tout cela se traduit sur les débits des cours d'eau. En janvier sur l'axe Garonne, on a observé des débits inférieurs de 40 à 80% au débit moyen. Notre amortisseur, en période de basses eaux, c'est la capacité à relâcher de l'eau dans les cours d'eau. Or, les réserves sont aussi dans une situation extrêmement préoccupante. Celle de Montbel en Ariège n'est remplie qu'à hauteur de 21%, alors que d'habitude, à cette période, elle le serait à hauteur de 70%.
Quelles sont les conséquences sur la biodiversité ?
Sur la biodiversité, bien évidemment, la baisse de l'hydraulique des cours d'eau n'est jamais une bonne nouvelle, même si aujourd'hui les débits objectifs d'étiage – c'est-à-dire ceux qu'on cherche à viser en été pour sécuriser les usages et les besoins du milieu – sont au rendez-vous. Mais on prépare cette campagne d'étiage 2023 qui n'est pas du tout dans la même situation qu'en 2022 puisque l'an dernier, l'enneigement était très bon et les réserves étaient pleines. Cela enjoint les acteurs du comité de bassin à réfléchir à la façon dont ils peuvent se préparer.
De nombreuses réunions de concertation se tiennent actuellement sous l'égide des préfets et sous l'égide du préfet coordonnateur de bassin, pour préparer avec les agriculteurs, avec les industriels, avec les collectivités les mesures qu'on peut mettre en place au regard de l'expérience de 2022 et de ce qu'on sait des risques pour 2023.
Quelles mesures peuvent être prises ?
Le comité de bassin a toute une stratégie de gestion quantitative pour trouver des marges de manœuvre, pour s'adapter au changement climatique. La logique de lâcher des volumes d'eau à partir des réserves hydroélectriques, c'est évidemment pour nous, dans ce bassin, une réponse majeure à la crise. On s'y prépare d'ores et déjà, avec les opérateurs électriques comme EDF qui a arrêté de turbiner l'eau pour pouvoir mieux passer en phase de remplissage des réserves.
Tout le monde peut faire quelque chose. Ça concerne tous les usages : les usages domestiques, les usages industriels ou les usages agricoles. On a un objectif d'économies de 10% des volumes et donc évidemment, ça commence dès maintenant. Donc, ces campagnes de sensibilisation – en disant que la situation est critique et qu'il faut dès maintenant faire attention – auront évidemment une importance majeure sur la capacité qu'on aura à jouer sur nos amortisseurs, pour que les prochains mois se passent au moins mal.
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