Incendie meurtrier dans l'Aude : pourquoi l'enquête s'oriente vers la piste criminelle
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Les enquêteurs cherchent à déterminer l'origine du feu qui a parcouru près de 17 000 hectares dans le massif des Corbières. Ils ont exclu toute cause naturelle et envisagent désormais l'hypothèse d'un départ de feu intentionnel.
Quatre jours après que les flammes ont été maîtrisées, l'enquête se poursuit sur l'origine du feu historique qui a parcouru près de 17 000 hectares dans le massif des Corbières (Aude). "Toute cause naturelle" à l'origine de cet incendie qui a fait un mort et 24 blessés, dont deux graves, est "exclue", a annoncé mercredi 13 août le procureur de Montpellier.
Il est à présent établi que le sinistre a une origine humaine et "pourrait avoir une cause criminelle résultant d'un acte volontaire", a-t-il ajouté. "Toutefois, cette première expertise demande nécessairement à être confirmée par des investigations complémentaires nombreuses, dont la durée peut s'avérer importante", a-t-il prévenu. Plusieurs éléments ont orienté les enquêteurs vers cette piste, plutôt que vers l'hypothèse d'une origine accidentelle.
La piste du mégot semble moins probable
L'enquête sur l'incendie a été ouverte dès le 6 août, alors que le feu était encore actif, par les services de gendarmerie de l'Aude et de la section de recherche de Montpellier. Après avoir été confiée au parquet de Carcassonne, elle est désormais gérée par le pôle régional de l'environnement du parquet de Montpellier.
Le feu a démarré peu avant 16 heures, le 5 août, de la commune de Ribaute, à une quarantaine de kilomètres à équidistance entre Narbonne et Carcassonne. Il s'est déclaré le long de la route départementale RD212, qui relie les villages de Lagrasse et Ribaute. Ce jour-là, Météo-France avait placé l'Aude en rouge pour risque "très élevé" d'incendies.
Au début de l'enquête, un mégot jeté par un automobiliste sur cette route passante faisait partie des hypothèses retenues par les enquêteurs, comme l'évoquait le maire de Ribaute, Alain Coste, dans un reportage de France 2, le 6 août, alors qu'un appel à témoins venait d'être lancé. Mais la piste du mégot semble désormais moins probable. "Le feu est bien parti une dizaine de mètres au-dessus de la route, à aucun moment un jet de mégot ne peut avoir déclenché cet incendie", a déclaré le maire de Ribaute à France 2, le 8 août.
Des analyses du sol et de végétaux attendues
Une vidéo filmée par une habitante a permis d'identifier plus précisément le point de départ des flammes, à savoir un talus en surplomb de la route, dans un virage. Un tunnel désaffecté, situé au-dessus de la route, est également passé au crible par les enquêteurs. Selon le maire de la commune, il aurait pu permettre à une personne de se dissimuler avant le départ du feu.
Pour confirmer ce scénario criminel, des prélèvements de sol et de végétaux calcinés ont été effectués dans ce secteur. Ils sont analysés en laboratoire par l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie, à la recherche d'éventuels produits accélérants, comme des hydrocarbures ou des solvants. Des chiens spécialisés dans la détection de traces chimiques sont également intervenus pour compléter les investigations.
Un point continue d'occuper les enquêteurs : l'absence de véhicule suspect repéré dans le secteur au moment du départ du feu, selon les premiers éléments recueillis auprès des habitants interrogés. "Pour qu'une personne accède" au lieu d'où est parti le feu, "elle a forcément garé un véhicule", a estimé Alain Coste auprès de France 2, mardi. Le maire de Ribaute reste convaincu qu'il s'agit d'"un acte volontaire". Les investigations vont se poursuivre pour établir l'origine exacte de l'incendie. Au regard de l'ampleur du sinistre, deux juges d'instruction ont été saisis.
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