: Reportage "Se précipiter, c'est ajouter du chaos au chaos" : après le passage du cyclone Chido à Mayotte, la Croix-Rouge échafaude son plan d'aide depuis La Réunion
Trente tonnes de matériel sont prêtes à partir à Mayotte. Mais leur acheminement est compliqué par des difficultés logistiques, alors que l'aéroport et le port tournent au ralenti.
Les colis sont prêts. Dans le hangar flambant neuf de la Croix-Rouge à La Réunion, trente tonnes de matériel d'urgence sont soigneusement emballées et étiquetées. Leur destination ? Mayotte. À plus de 1 400 kilomètres de là, le cyclone Chido a ravagé l'archipel et les besoins humanitaires sont colossaux. "Seules quelques palettes sont déjà parties", glisse Martin Marin, coordinateur logistique de l'ONG, lundi 16 décembre, deux jours après la catastrophe. Avec son monte-charge, il sillonne les allées afin de préparer de nouvelles cargaisons. Le temps presse.
Sous les films plastiques et dans les sacs blancs marqués d'une croix rouge, des milliers de bâches, de couvertures, d'outils de reconstruction, de bornes de recharge solaires et de jerricans pliables sont empaquetés. Un peu plus loin, deux autres lots sont également prêts : un pour le traitement de l'eau, dont Mayotte manquait déjà cruellement avant la catastrophe ; et un autre pour construire un hôpital modulaire, afin d'épauler le centre hospitalier de Mamoudzou, en partie inondé.
"Il y a une grosse complexité logistique"
"Tout cela partira dans les prochains jours", espère Christian Pailler, le chef de délégation régionale. Mais impossible de connaître la date exacte. "Il y a une grosse complexité logistique", explique le responsable local de la Croix-Rouge. L'accès à Mayotte est particulièrement difficile depuis le passage du cyclone, qui a sérieusement endommagé l'aéroport et le port. Quarante-huit heures après la catastrophe, seuls quelques avions de l'armée et de la Sécurité civile ont pu se poser sur le tarmac. "Nous avons envoyé un quart du lot de matériel pour le moment", évalue Christian Pailler. D'autres convois aériens et maritimes, plus nombreux, sont prévus dans les prochains jours.
Une latence qui n'a rien d'extraordinaire après une catastrophe de cette ampleur. "On a souvent l'impression que l'on tarde à intervenir, mais c'est un temps nécessaire pour une meilleure distribution aux populations", explique Christian Pailler. "Se précipiter, c'est ajouter du chaos au chaos." Les communications sont désormais difficiles et le soutien matériel ne doit pas déstabiliser les moyens humains locaux. "On est en lien avec les équipes sur place afin qu'elles aient les capacités de tout récupérer", complète Martin Marin.
"Il faut préparer le terrain pour pouvoir accueillir le matériel, et les équipes pour pouvoir le distribuer."
Christian Pailler, chef de délégation régionale de la Croix-Rougeà franceinfo
Pour le moment, aucune collecte d'habits ou de nourriture n'a été organisée par la Croix-Rouge locale, malgré les demandes des habitants de La Réunion et de l'Hexagone. Un appel aux dons a par contre été lancé sur le site de l'ONG. La priorité doit être donnée au matériel d'urgence, afin de répondre aux besoins vitaux des Mahorais.
Une aide régionale renforcée
Les équipes de Croix-Rouge de La Réunion sont prêtes à accélérer la cadence dès que le feu vert sera donné, en lien avec les transporteurs publics et privés. "Dès que le hub logistique sera opérationnel, on sera en capacité de fournir davantage de matériel", assure Christian Pailler. Dans leur hangar de 900 m2 à La Réunion, les équipes de la Croix-Rouge ont de quoi répondre aux besoins prioritaires de 25 000 personnes.
Une lueur d'espoir face à l'ampleur de la catastrophe : les bâtiments de la Plateforme d’intervention régionale océan Indien (Piroi) ont été inaugurés il y a quelques jours seulement, à la fin du mois de novembre. Des moyens renforcés, et une capacité de stockage doublée, qui tombent à pic. "La saison [des cyclones] commence fort", glisse Solène Devin, chargée de communication. D'autant plus que la Croix-Rouge française ne vient pas uniquement en aide au 101e département français. Des lots de matériel doivent également partir à Madagascar, aux Comores et au Mozambique, eux aussi touchés par le cyclone Chido.
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