Reportage "Les petites feuilles ont recommencé à pousser" : à Mayotte, la biodiversité reprend ses droits après avoir été ravagée par le cyclone Chido

Un mois après le passage de Chido, le paysage a retrouvé des couleurs à Mayotte mais la nature reste en état de choc.

Article rédigé par Béatrice Dugué
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La nature reprend ses droits autour du lac de Karihani, à Mayotte, janvier 2025. (BEATRICE DUGUE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
La nature reprend ses droits autour du lac de Karihani, à Mayotte, janvier 2025. (BEATRICE DUGUE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

À Mayotte, la rentrée des enseignants ne se fera pas avant la semaine prochaine au plus tôt, le temps que les communes puissent remettre les écoles en ordre. Elles ont servi de lieux d’hébergement pendant le cyclone puis la tempête du week-end dernier. La vie tente, malgré tout, de reprendre un court à peu près normal. Les bouchons sont revenus, les déblaiements de déchets se poursuivent.

Si, depuis un mois, le paysage a reverdi, la nature est quand même en état de choc. Les grandes chauves-souris (les roussettes) ne peuvent plus se cacher dans les arbres, les makis (les petits lémuriens locaux) ont été déboussolés et les oiseaux cherchent les graines. L'avenir de l'île dépend de la résilience de la végétation.

Un "paysage de cimetière d'arbres"

Le lac Karahani, près de Combani, est un havre de paix pour les oiseaux, seule réserve naturelle d’eau douce de l’île. Un site foudroyé par Chido. Les arbres à cannelle, les tulipiers, les cocotiers sont tombés, se souvient Anisse Ahamada du Gepomay, le groupe d’étude et de protection des oiseaux de Mayotte : "Les arbres se sont empilés les uns sur les autres et voilà, ça a fait ce paysage de cimetière d'arbres. C'est un choc, on n'y croit pas, ça change totalement le paysage."

La nature reprend ses droits autour du lac Karihani à Mayotte, janvier 2025. (BEATRICE DUGUE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
La nature reprend ses droits autour du lac Karihani à Mayotte, janvier 2025. (BEATRICE DUGUE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Même désarroi pour Daniel Nassur, en découvrant l’arrière mangrove de la baie de Bouéni, il y a un mois : "On était dans une forêt verdoyante, avec des espèces d'oiseaux qu'on entendait, une grande diversité… On arrive sur place et tout est dévasté, tout est au sol. C'est le silence complet, il n'y a plus rien." Emilien Dautrey, le directeur du Gepomay, a bien cru que la nature n’allait pas s’en remettre : "On se demandait comment la vie allait reprendre là-dedans. Et puis d'un coup, il y a une semaine et demie, deux semaines, les petites feuilles ont recommencé à pousser et ça a été exponentiel."

Éviter que les zones défrichées par Chido ne soient cultivées

En fait, comme les humains, la végétation avait besoin de digérer le choc : "On a des arbres tombés à la renverse, qui ont quand même des racines plantées dans le sol et qui repartent." Les arbres devraient donc pouvoir refaire des fruits et des fleurs, ce qui est capital pour nourrir les oiseaux et la petite faune locale.

Les espèces indigènes - c’est-à-dire Mahoraises - ont besoin de plus de temps pour repartir. Il faut absolument les protéger, dit Emilien Dautrey, et éviter que ces zones défrichées par Chido, ne soient cultivées : "Là, si on met de l'agriculture à la place de forêts, ce sont des sécheresses assurées tous les ans. On va droit dans le mur au niveau des ressources en eau et de tous les autres services écosystémiques." Car la forêt et la mangrove sont les climatiseurs de Mayotte et le refuge des oiseaux et des petits mammifères.

À Mayotte, la biodiversité reprend ses droits après avoir été ravagée par le cyclone Chido. Reportage de Béatrice Dugué

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