Les banques mondiales financent deux fois plus les énergies fossiles que la transition énergétique, selon une étude
Selon l'étude de l’ONG Reclaim Finance, consultée par France Inter, les plus grandes banques ont accordé 3 285 milliards de dollars aux énergies fossiles contre 1 368 pour les énergies soutenables, depuis 2021.
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Les banques mondiales financent deux fois plus les énergies fossiles que la transition énergétique, selon une étude publiée (en pdf), mardi 23 septembre, et consultée par France Inter. Huit ONG, qui scrutent depuis des années la manière dont les banques se désengagent du financement de l'extraction d'énergies fossiles, ont mené cette étude inédite, intitulée "Banking on Business as Usual".
Elles ont comparé pour la première fois à l’échelle mondiale les financements aux énergies fossiles et leurs alternatives soutenables, entre 2021 et 2024. "L'analyse montre que les 65 plus grandes banques, dont les quatre grandes banques françaises, ne sont pas sur la bonne voie pour financer la transition énergétique", écrit l’ONG Reclaim Finance.
3 285 milliards de dollars accordés aux énergies fossiles
Selon ce rapport, entre 2021 et 2024, les 65 plus grandes banques de la planète "ont accordé seulement 1 368 milliards de dollars aux énergies soutenables telles que l’éolien, le solaire, et les infrastructures permettant leur développement contre 3 285 milliards aux énergies fossiles", incluant le gaz naturel, via des prêts ou des produits financiers proposés à leurs clients.
Le ratio moyen est de 0,42 seulement, "cela veut dire que les banques ont alloué 42 centimes aux alternatives pour chaque dollar aux énergies fossiles", explique Rémi Hermant, chargé de campagne au sein de l'ONG Reclaim Finance. "C’est extrêmement préoccupant", ajoute-t-il. D’autant que "ce ratio est resté quasiment constant" au fil des années alors qu'il doit monter à 6 pour 1 à horizon 2030.
En effet, "selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), d’ici 2030, les investissements annuels dans les énergies fossiles doivent diminuer de 60 %, tandis que ceux dans les énergies alternatives doivent plus que doubler, pour atteindre un ratio de 6:1 (pour chaque dollar alloué aux énergies fossiles, 6 dollars doivent être alloués aux énergies alternatives)", rappelle Reclaim Finance.
Obliger les banques à publier ces chiffres
Sur les 65 établissements analysés par les ONG, la Banque postale et le Crédit Mutuel occupent les deux premières places du podium. Pour la première, le rapport fait état d'un ratio de 8,97:1, soit près de 9 dollars investis dans des projets "soutenables" pour chaque dollar finançant un projet d'énergie fossile. La seconde affiche un ratio de 6,92:1, selon ce rapport qui défend une méthodologie stricte, pouvant expliquer des écarts avec les données publiées par les banques elles-mêmes.
En bas du classement, on trouve les banques américaines et canadiennes, qui "ont accordé quatre fois plus de financements aux énergies fossiles qu’aux énergies soutenables". "Si les banques européennes ont le meilleur ratio (0,70:1), celui-ci reste bien en deçà de ce qui est nécessaire pour réussir la transition énergétique", relève Reclaim Finance. La Fédération bancaire française, contactée par France Inter, ne rejette ni l'importance du ratio ni l'objectif fixé, mais décrit un désengagement du fossile "progressif".
Pour l'analyste financière Andrea Hernandez, co-autrice du rapport, il faut aller vers une obligation de publication de ce chiffre. Cela avance, "ça commence à prendre de l’ampleur, on le voit avec les banques qui commencent elles-mêmes à publier leur ratio", souligne-t-elle. Elles sont quatre à le faire dans le monde.
Méthodologie : pour réaliser ce rapport, les ONG ont analysé les financements des 65 plus grandes banques mondiales aux entreprises impliquées dans l'extraction, le transport ou encore le stockage de combustibles fossiles et à celles liées à la production, au transport et à la distribution d'électricité via l'éolien, le solaire, l'énergie marine ou encore l'hydrogène vert mais aussi la fabrication ou la modernisation des équipements pour l'énergie durable.
Les ONG à l’origine de cette étude sont Reclaim Finance, Urgewald, Rainforest Action Network, Beyond Fossil Fuels, BankTrack, ShareAction, Stand.Earth, WWF.
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