Conseil de défense : la France "a pris conscience" de la crise énergétique "mais c'est un petit peu tard", souligne un expert énergie
Selon Nicolas Goldberg, pour gérer la crise énergétique, l'État doit avant tout être lui-même exemplaire. Il doit également baisser le bouclier tarifaire, augmenter les aides en les ciblant mieux, généraliser le télétravail et légiférer sur le poids des voitures.
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La France "a pris conscience" de la crise énergétique "mais c'est un petit peu tard", a regretté vendredi 2 septembre sur franceinfo Nicolas Goldberg, expert énergie chez Colombus Consulting et auteur d'une note pour le cercle de réflexion Terra Nova sur la sobriété énergétique. Emmanuel Macron a réuni vendredi un Conseil de défense sur la crise énergétique pour examiner les scénarios possibles afin d'éviter une pénurie de gaz et d'électricité cet hiver. Selon Nicolas Goldberg, "avant d'appeler tout le monde aux écogestes", il faudrait que l'État montre "l'exemple" en appliquant la loi. "Faire appliquer la loi, cela envoie déjà un bon signal", dit-il.
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franceinfo : Pensez-vous que nous avons pris conscience en France de l'ampleur de cette crise énergétique ?
Nicolas Goldberg : On en a pris conscience, mais c'est un petit peu tard. On commence à voir les conséquences du réchauffement climatique avec ce qui s'est passé cet été, mais c'est un peu tard. Les rapports du Giec datent des années 1990. Ils avaient bien annoncé tout cela. Le fait qu'on ne soit pas très large sur le réseau électrique cet hiver, ça ne date pas de cette année. Déjà, en 2020-2021, la ministre Barbara Pompili avait annoncé la possibilité d'avoir des coupures ciblées en électricité, s'il faisait très froid. On avait beaucoup de réacteurs nucléaires en maintenance pour les prolonger jusqu'à 50 ans. Depuis, la situation s'est dégradée, parce qu'il y a eu la guerre en Ukraine, mais on a trouvé des corrosions sur le parc nucléaire l'an dernier. Donc effectivement, on en prend conscience. C'est un petit peu tardif. J'ai le souvenir au premier trimestre d'un président qui nous disait qu'il n'y avait pas de risque de coupures cet hiver. Effectivement, comme le risque est imminent, on manque de marge de manœuvre.
Que faut-il faire immédiatement ?
Faites déjà appliquer la loi ! Dans la loi, il est déjà écrit qu'on ne doit pas chauffer les bâtiments publics et les bâtiments accueillant du public au-delà de 19° et les climatiser en dessous de 26°. Mine de rien, si vous faites ça, vous gagnez déjà l'équivalent de la production de deux réacteurs nucléaires sur l'année. C'est énorme ! On voit bien que faire appliquer la loi, cela envoie déjà un bon signal. Il y a aussi, plus récemment, l'interdiction des terrasses chauffées qui a été mise dans la loi. Même en avril, en pleine alerte Ecowatt, en alerte sécurité sur l'approvisionnement électrique, on a bien vu que ces terrasses étaient toujours allumées.
"Avant d'appeler tout le monde aux écogestes, il faut montrer l'exemple."
Nicolas Goldberg, expert énergieà franceinfo
Il faut appliquer la loi parce que les particuliers, les écogestes, ils les font à condition qu'on leur donne la possibilité de le faire et qu'on ait un État exemplaire et des entreprises qui respectent la loi.
Comment fait-on pour appliquer cette sobriété en préservant le niveau de vie des personnes les plus défavorisées ?
Les personnes les plus défavorisées font déjà ce qu'elles peuvent pour rester sobres et même se privent de certains services rendus par l'énergie pour maîtriser les factures. C'est inacceptable. Quand on met en place un bouclier tarifaire ou une remise carburant indifférenciée pour tout le monde, c'est surtout ceux qui consomment déjà beaucoup qui en profitent. Attention, il ne faut pas tuer le signal prix. Le bouclier tarifaire, c'était très bien quand c'était prévu pour être temporaire. On voit que c'est prévu pour durer. Il faut laisser les prix refléter vraiment le coût de l'énergie. Par contre, il faut augmenter les aides, augmenter les chèques énergie, mais en ciblant. D'ailleurs, ça tombe bien, les chèques énergie sont ciblés pour les premiers déciles. Il faut peut-être l'élargir un petit peu. En baissant le bouclier tarifaire, l'État fera des économies qu'il pourra utiliser pour soutenir la consommation et les consommations essentielles des premiers déciles.
Que doit annoncer l'État ?
L'État peut déjà annoncer une généralisation du télétravail. Il peut annoncer une meilleure gestion des températures de consigne dans les bâtiments. Il y a des mesures qu'on n'a pas mises en place parce qu'on les pensait socialement explosives. L'État peut très bien dire à ses agents : "vous ne dépassez pas 110 km/h sur les autoroutes". On peut très bien dire aussi : "N'achetez pas des véhicules au-delà d'un certain poids". C'est de la sobriété de long terme. On pourrait légiférer sur le poids des véhicules. Dans la loi française, il y a déjà un malus qui est très symbolique, mais qui pourrait être élargi pour être un peu plus que symbolique et donner une impulsion au niveau européen pour légiférer sur le poids des véhicules pour éviter les surconsommations de pétrole.
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