Météo au Nouvel An : "Ce 31 décembre pourrait devenir la journée la plus douce jamais enregistrée pour cette date-là", avertit un spécialiste

La dernière journée de l'année résumera bien le reste de 2022. "Cette Saint-Sylvestre devrait être la plus douce jamais observée à l'échelle du pays [les archives débutant en 1947] pour clôturer de façon symbolique une année 2022 exceptionnellement douce" , a averti Météo France, jeudi 29 décembre sur son site internet.

>> Météo : pourquoi la fin d'année est si douce en France (et pourquoi ce n'est pas une bonne nouvelle)

Météo France prévoit notamment que l'excédent thermique à l'échelle nationale "pourrait flirter avec les 8 degrés sur la journée du 31 décembre 2022, une anomalie (...) parmi les plus importantes jamais enregistrées, tous mois confondus". A quoi doit-on s'attendre précisément sur l'ensemble du territoire ? Combien de temps cet épisode va-t-il durer, et comment l'expliquer ? Franceinfo a interrogé Patrick Galois, prévisionniste pour Météo France. 

Franceinfo : A quelles températures doit-on s'attendre ce week-end sur l'ensemble du pays ? 

Patrick Galois : Les températures vont commencer à augmenter à partir de vendredi, jusqu'à atteindre les 15 degrés samedi matin très tôt à Paris, ce qui est énorme pour une fin de nuit. Ce type de températures est habituellement atteint fin juin, en moyenne. Puis, dans la journée, ce samedi 31 décembre dépassera, à une semaine d'intervalle, le pic de températures atteint le 23 décembre, d'au moins 0,5 degré. Concrètement, nous allons dépasser de plus de 8 degrés la moyenne climatologique calculée sur 30 ans, au niveau national, pour cette journée de la Saint-Sylvestre.  

Dans certaines régions, cette anomalie de température sera plus élevée. En Auvergne, dans la région de Clermont-Ferrand, on sera à 12 degrés au-dessus de la normale.

"Des records de température pourront être atteints localement, dans de nombreuses régions."

Patrick Galois, prévisionniste à Météo France

à franceinfo

C'est le cas du Nord-Pas-de-Calais, où les températures pourraient dépasser les 16 degrés ce week-end, notamment à Lille, selon nos prévisions. A titre de comparaison, le record actuel du département pour tout le mois de décembre se situe autour de 15,9 degrés. 

Le 1er janvier, l'anomalie se situera plutôt autour de 7 degrés. La semaine prochaine, les températures vont ensuite rebasculer sur une douceur plus standard, toujours au-dessus des normales, mais d'environ 3-4 degrés, ce qui est plus habituel. Autre élément notable : cette douceur va également se propager vers l'Europe de l'Est et jusqu'en Russie dès ce week-end, avec des anomalies qui dépasseront les 10 degrés. 

En quoi ces températures sont-elles exceptionnelles ? 

Ce 31 décembre pourrait devenir la journée la plus douce jamais enregistrée pour cette date-là depuis le début des relevés, il y a 75 ans. Ainsi, si les prévisions de températures sont exactes, nous battrons le précédent record de 2017 de trois degrés pour la seule journée du 31. D ans tous les cas, la journée figurera parmi les trois ou quatre journées les plus douces jamais observées en décembre, la plus douce restant celle du 16 décembre 1989. 

"La journée de la Saint-Sylvestre fera partie des journées les plus anormalement douces, tous mois confondus, ce qui montre bien que cette anomalie (8 degrés) est rarement atteinte."

Patrick Galois, prévisionniste à Météo France

à franceinfo

Ce caractère exceptionnel sera renforcé par les rayons de soleil qui domineront sur une bonne partie du pays le 31 décembre. Hormis la Manche et la Méditerranée, qui connaîtront un temps plutôt humide samedi, tout le territoire se trouvera sous un ciel ensoleillé, ce qui soulignera encore davantage le côté atypique des températures anormalement douces. 

Comment expliquer des températures aussi douces à cette période de l'année ? 

Cela s'explique naturellement par le basculement des masses d'air atmosphériques dans un flux océanique venant de l'Atlantique. Cela signifie que nous observons une nouvelle pulsation d'air très doux venant des régions subtropicales de l'Atlantique. Réchauffée par le Gulf Stream [courant océanique chaud qui se dirige du golfe du Mexique vers les rivages septentrionaux de l'Europe], cette masse d'air n'a pas le temps de se rafraichir avant d'arriver en France et en Europe. 

En outre, cette arrivée de masse d'air, qui n'est pas inédite en soi, est conjuguée à la tendance globale du réchauffement climatique de la planète, ce qui équivaut à un climat de plus en plus chaud. C'est la raison pour laquelle nous avons, à situation égale, des températures plus élevées qu'il y a 30  ans.