Alertes au tsunami : ce que l'on sait de la situation en Polynésie française et dans le reste du Pacifique après le puissant séisme en Russie
Proche de l'épicentre, la ville russe de Severo-Kourilsk a été balayée par les vagues. Du Japon à la Colombie, plusieurs pays ont émis des ordres d'évacuation face au risque de raz de marée. Une alerte tsunami a par ailleurs été déclenchée en Polynésie française.
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Après le tremblement de terre, la crainte de vagues destructrices. Le puissant séisme de magnitude 8,8 survenu mercredi 30 juillet dans la péninsule du Kamtchatka (côte Pacifique russe) vers 11h25 (1h25 du matin à Paris) a provoqué la panique dans les îles Kouriles, où un raz de marée a durement frappé le port russe de Severo-Kourilsk.
L'évènement a aussi déclenché une série d'alertes au tsunami dans plusieurs pays, du littoral japonais jusqu'à la Colombie, en passant par la côte ouest américaine et de nombreuses îles du Pacifique – y compris en Polynésie française. A certains endroits, les autorités locales ont même craint des vagues pouvant atteindre jusqu'à quatre mètres.
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Franceinfo fait le point sur les dégâts et les ordres d'évacuation dans ces différents pays de la zone pacifique.
Des bâtiments inondés et plusieurs blessés près de l'épicentre
Ce port russe comptant un peu plus de 2 000 habitants a été submergé par au moins "quatre vagues du tsunami", selon le maire du district des îles Kouriles du Nord, Alexandre Ovsiannikov. Le raz de marée a pénétré jusqu'à 200 mètres de profondeur dans les terres, emportant des bateaux, des conteneurs, et ravageant notamment une usine de transformation de fruits de mer. Un tsunami d'une hauteur supérieure à trois mètres a été signalé dans le sud de la péninsule du Kamtchatka, toute proche, au niveau de la station météorologique de Vodopadnaya, a déclaré sur le réseau VK le ministre régional des Situations d'urgence.
En début de matinée, l'agence officielle russe Tass a fait état de plusieurs blessés, sans préciser le lieu où les victimes se trouvaient. Les autorités locales ont plus tard assuré que tous les habitants avaient été évacués vers "une zone sécurisée". "Dans beaucoup d'appartements, des meubles sont tombés, la vaisselle s'est cassée", a raconté au journal officiel russe Rossiïskaïa Gazeta un habitant de Severo-Kourilsk. L'alerte au tsunami a finalement été levée vers 13 heures (heure de Paris).
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Selon les sismologues, ce séisme est le plus important jamais enregistré dans la région depuis celui de 1952, également déclencheur de tsunamis qui avaient déjà dévasté le port de Severo-Kourilsk.
La centrale de Fukushima et des zones côtières évacuées au Japon
Les autorités japonaises ont rapidement émis une alerte au tsunami concernant les côtes nord et est de l'archipel, qui donnent sur le Pacifique, jusqu'au sud d'Osaka, ainsi que les petites îles périphériques. Sur la chaîne de télévision publique NHK, une édition spéciale a été déclenchée pour rappeler les consignes à suivre. "Evacuez immédiatement pour sauver vos vies", a notamment répété un présentateur à l'antenne. "Des tsunamis frapperont à répétition. Ne vous aventurez pas en mer et ne vous approchez pas des côtes tant que l'alerte n'est pas levée", a prévenu de son côté l'agence météorologique japonaise.
Les employés de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, dans le nord du Japon, détruite par un puissant séisme et un tsunami en mars 2011, ont également été évacués, a fait savoir Tepco, l'opérateur du site. "Aucune anomalie n'a été observée", a assuré un porte-parole du groupe concernant cette centrale située au bord de l'océan Pacifique.
Une alerte pour des vagues géantes en Polynésie française
Une alerte tsunami a aussi été déclenchée en Polynésie française, a rapporté Polynésie La 1ère mercredi matin. Sur l'archipel du Pacifique Sud, une cellule de crise a été ouverte pour préparer l'arrivée d'une onde océanique estimée entre 1,10 et 4 mètres de hauteur aux alentours d'une heure du matin, heure locale. Les îles Marquises, "en particulier Ua Huka, Nuku Hiva et Hiva Oa", étaient notamment concernées, ont précisé les autorités sur leur site.
"Les maires ont activé leurs plans communaux de sauvegarde", a déclaré Xavier Marotel, secrétaire général du haut-commissariat en Polynésie française. La gendarmerie a procédé à des opérations de mise à l'abri, et l'alerte a aussi été donnée par des SMS envoyés sur tous les téléphones portables de la zone, ainsi que par l'activation de sirènes. Les habitants de l'archipel ont reçu l'ordre de "ne pas s'approcher des côtes, ne pas s'approcher des rivières et rester chez soi", a expliqué Xavier Marotel. Les navires de la zone devaient stationner à des endroits comptant "plus de 1 000 mètres de fond ou en sécurité à terre", a-t-il précisé.
"Les autres îles des Marquises seront affectées par des hauteurs comprises entre 0,60 et 0,90 mètre. Les autres archipels de la Polynésie française devraient être concernés par une hauteur d'eau inférieure à 30 cm qui ne nécessite pas une évacuation ou une mise à l'abri". Mais la prudence "est toutefois recommandée", insiste le haut-commissariat, appelant à "s'éloigner des rivages et des rivières".
Des bouchons importants lors des évacuations à Hawaï
La situation était également tendue mercredi sur l'archipel américain d'Hawaï, où une alerte au tsunami a également été lancée. "Les gens ne doivent pas rester près du littoral ou risquer leur vie juste pour voir à quoi ressemble un tsunami, a averti le gouverneur de l'Etat, Josh Green. Ce n'est pas une vague ordinaire. Si vous êtes frappé par un tsunami, il vous tuera." A l'appel des autorités, des milliers de personnes ont évacué en voiture, causant de longues files d'attente, sur l'île d'Honolulu notamment.
Interviewé par la chaîne locale Khon2, le directeur du département des transports d'Hawaï, Ed Sniffen, a décrit des "autoroutes bondées", appelant les automobilistes à "être patients". L'alerte a ensuite été rétrogradée au niveau d'"appel à la vigilance" par le centre d'alerte des tsunamis dans le Pacifique. Cette décision signifie que le tsunami ne constitue plus une menace majeure pour les populations côtières, mais que celles-ci doivent tout de même rester prudentes.
Vigilance accrue sur la façade ouest du continent américain
Les Etats-Unis ont également émis une série d'alertes de différents niveaux le long de la côte ouest, de l'Alaska à la Californie. Comme l'a rapporté la chaîne CBS, le service météorologique américain (NWS) a activé le plus haut niveau d'alerte pour une partie de la côte nord californienne, jusqu'à la frontière avec l'Orgegon. Les autorités ont aussi déclaré que les vagues générées par le tsunami pourraient affluer sur la Californie pendant une dizaine d'heures. "La première vague n'est pas forcément la plus grosse", a prévenu l'antenne du NWS à Los Angeles, dans un guide pratique publié sur X.
Plus au sud, plusieurs pays dont le Mexique, l'Equateur, la Colombie et le Pérou ont aussi déclenché une alerte au tsunami. Plusieurs zones côtières ont été visées par un ordre d'évacuation, comme dans les provinces colombiennes de Choco et de Nariño, détaille le journal El Tiempo. Le trafic maritime a par ailleurs été restreint sur ce littoral. Les ports de l'archipel des Galapagos ont également été évacués par mesure de précaution.
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