Se sont-elles assez remplies pendant l'hiver ? Les réserves seront-elles suffisantes pour passer l'été ? Les nappes phréatiques sont scrutées à chaque saison et font l'objet de plus en plus d'attention dans un monde qui se réchauffe du fait des activités humaines, en proie à une plus grande fréquence des évènements climatiques extrêmes. Deux tiers de l'eau potable consommée en France sont puisés dans ces grandes réserves d'eau douce. Pour suivre leur niveau, franceinfo reprend sur cette page les principaux indicateurs actualisés toutes les deux semaines par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), l'organisme public chargé de la surveillance des nappes d'eau souterraines en France.
La carte qui suit montre l'état des réserves actuelles. Cinq couleurs permettent de classer des grands ensembles qui recouvrent la majeure partie de l'Hexagone et de la Corse, à l'exception de certaines zones grises, principalement montagneuses, pour lesquelles on ne dispose pas de mesures.
Les niveaux des nappes dépendent en grande partie de la météo, avec ses effets directs (recharge ou assèchement) et indirects (hausse ou baisse des prélèvements dus aux activités humaines). La pluie est la grande inconnue. Elle constitue la principale source d'approvisionnement des réserves d'eau souterraines. Mais, en France, seuls 20 à 23% de l'eau qui tombe du ciel s'écoule en profondeur dans les sols. Le reste ruisselle jusqu'aux rivières, s'évapore dans l'air ou est absorbé par les végétaux. "Une même pluie n'aura pas le même impact selon son intensité, l'époque de l'année ou encore si les sols sont secs", rappelle Violaine Bault, ingénieure en hydrogéologie au BRGM. Les pluies qui tombent l'été ont donc généralement peu d'impact sur les recharges des nappes phréatiques, car l'eau rebondit sur des sols secs ou finit absorbée par les végétaux.
Certaines nappes phréatiques sont également moins réactives aux conditions météorologiques. Elles sont dites "inertielles" car plus lentes à se recharger et à se décharger. Ces aquifères moins sensibles se retrouvent dans le bassin parisien, dans celui de l'Artois-Picardie, ainsi qu'à l'Est, dans les couloirs de la Saône et du Rhône. Là, les nappes peuvent rester colorées en bleu malgré une période de sécheresse, ou en rouge et en orange après une période pluvieuse.
Pour parvenir à suivre les niveaux des nappes, le BRGM s'appuie sur un réseau de 447 points de surveillance répartis entre l'Hexagone et la Corse. Ces points ont été sélectionnés pour leur fiabilité ainsi que pour l'historique de leurs relevés qui permet de remonter de 15 ans jusqu'à plus de 100 ans en arrière. Il s'agit pour l'essentiel de piézomètres, c'est-à-dire de forages équipés de capteurs mesurant les niveaux des nappes. Une fois rassemblées, ces données permettent d'obtenir un aperçu de l'état global des réserves d'eau souterraines pour la France hexagonale. Le graphique qui suit montre l'évolution de cet indicateur global depuis un an.
La vie des nappes phréatiques est marquée dans l'année par deux grandes phases : la recharge et la vidange. En temps normal, la première commence en octobre et se termine en avril. Au cours de cette période, les nappes se remplissent à la faveur de l'automne et de l'hiver, deux saisons marquées par des pluies plus abondantes et par le ralentissement de l'activité des plantes. La deuxième phase, de vidange, est au contraire marquée par une baisse des niveaux des nappes. Elle s'étale normalement de mai à septembre.
Selon les saisons, des niveaux plus hauts ou plus bas que la moyenne peuvent donc indiquer que les nappes se sont rechargées plus ou moins suffisamment ou qu'elles se sont vidées de manière plus ou moins précoce. Et la tendance de ces dernières années montre plutôt un rétrécissement de la période de recharge. "D'un côté, les températures sont plus importantes en automne. La période de recharge commence de plus en plus tardivement. De l'autre côté, les printemps sont plus chauds, avec une végétation qui se réveille de plus en plus tôt", explique l'hydrogéologue Violaine Bault.
Rédaction : Mathieu Lehot-Couette
Conception et design : Léa Girardot
Développement : Valentin Pigeau
Relecture : Nicolas Buzdugan
Supervision éditoriale : Simon Gourmellet, Julie Rasplus
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