: Reportage Sommet SOS Océan à Paris : des ONG alertent sur les graves conséquences du chalutage
Le sommet international SOS Océan se déroule dimanche et lundi au musée national de la Marine à Paris, avec des tables rondes à propos de la mer, des océans, et de l'environnement.
La Tour Eiffel, illuminée en bleu, aux couleurs de l'océan, dimanche 30 mars au soir. Paris accueille, dimanche et lundi, le sommet SOS Océan avec des décideurs politiques, des scientifiques et des personnalités publiques comme l'acteur américain Harrison Ford. Le président de la République Emmanuel Macron prononcera un discours lundi midi, à l'issue de cette réunion.
L'objectif est de préparer la Conférence des Nations Unies sur l'Océan, organisée en juin à Nice de 9 au 13 juin et les ONG en profitent pour alerter sur les menaces qui pèsent sur les mers du globe, à commencer par certaines techniques de pêche, comme le chalutage.
Si la déforestation de l'Amazonie est souvent évoquée, c'est beaucoup moins le cas de la déforestation sous-marine. Et pour cause : les grands fonds marins renferment des trésors bien souvent invisibles, souligne Raphaël Seguin, chargé de recherche sur la pêche industrielle à l'ONG Bloom. "Les fonds marins sont recouverts d'écosystèmes qui sont aussi des forêts, décrit-il. Elles ne sont pas composées de végétaux, mais d'animaux, de coraux, de gorgones, d'éponges, qui sont des animaux proches des méduses. Ces forêts animales marines qui recouvrent les fonds marins sont aussi un refuge pour le vivant, un pilier pour les écosystèmes marins, un lieu de ponte, de reproduction, d'alimentation..."
Ces écosystèmes sont pourtant ravagés par les chaluts de fonds : des filets en forme d'entonnoir, lestés, pour ramasser coquillages, crustacés et poissons tapis dans ces forêts sous-marines. "Après, il ne reste plus rien. Un désert de sable, de vase, désertique...", se désole Raphaël Seguin.
Des alternatives existent
Plus de 670 000 km2 sont chalutés chaque année, l'équivalent de la surface de la France, la Suisse et la Belgique réunies. Pourtant, il existe bien des alternatives à cette technique de pêche, comme le rappelle Didier Gascuel, professeur d'Écologie marine à L'institut Agro de Rennes : "On a montré que sur les 20 premières espèces les plus pêchées au chalut de fonds, 17 sont déjà capturées de manière tout à fait significative par des modes de pêche alternatifs. Il est possible de pêcher les mêmes espèces, les mêmes volumes, sans augmenter la pression de pêche sur la bande côtière, en utilisant des engins de pêche beaucoup moins néfastes pour l'environnement."
"C'est bien la démonstration qu'il est possible de faire autrement."
Didier Gascuel, professeur d'Écologie marine à L'institut Agro de Rennesfranceinfo
Parmi ces techniques moins invasives, il existe les arts dormants, jargon pour qualifier les lignes, les filets, les casiers. "La pêche est aujourd'hui gravement en crise, reprend Didier Gascuel. Pour des raisons économiques, mais plus fondamentalement, en raison du mauvais état de la ressource. Tant qu'on ne restaurera pas des écosystèmes sains et productifs, tant qu'on ne reviendra pas à des ressources plus abondantes, la pêche ne pourra pas sortir de la crise. La pêche la plus rentable qu'on puisse imaginer, c'est celle qui se fait dans des situations où les ressources et les écosystèmes sont en bonne santé."
Récemment la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a seulement évoqué une politique de protection "au cas par cas". Les ONG comme Bloom appellent donc Emmanuel Macron à interdire immédiatement tout chalutage dans l'ensemble des aires marines protégées.
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