"Nous approchons dangereusement des limites planétaires" : la dégradation des écosystèmes marins s'accélère, alerte le dernier rapport de Copernicus sur les océans

Article rédigé par franceinfo
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Une baleine près du port de Buenaventura, en Colombie, le 20 septembre 2025. (JOAQUIN SARMIENTO / AFP)
Une baleine près du port de Buenaventura, en Colombie, le 20 septembre 2025. (JOAQUIN SARMIENTO / AFP)

"Certaines zones marines riches en biodiversité s'acidifient plus vite que la moyenne mondiale, accentuant les menaces qui pèsent sur des espèces déjà en danger", écrivent notamment les scientifiques du service Mercator Ocean international.

Des mers tropicales aux pôles, en passant par le large, les océans vont de plus en plus mal. A l'occasion de la publication de son neuvième rapport sur l'état de l'océan, le service Copernicus Marine alerte, mardi 30 septembre, sur la rapidité de leur dégradation.

Une accélération a été observée et détaillée lors de l'année écoulée par les services de Mercator Ocean International, qui dressent tous les ans cet état de santé de l'océan, synthèse des connaissances de la communauté scientifique marine européenne. Pour la directrice du rapport, Karina von Schuckmann, l'étude "révèle des événements sans précédent, des tendances qui s'accélèrent et des impacts croissants sur les écosystèmes marins et les sociétés".

Ce nouveau rapport "confirme que nous nous approchons dangereusement des limites planétaires, a réagi le directeur général de l'organisation intergouvernementale, Pierre Bahurel. Chaque partie de l'océan est désormais affectée par la triple crise planétaire." A savoir la crise climatique, la crise de la biodiversité et la crise environnementale liées à la pollution marine, notamment par les matières plastiques. 

"Un déséquilibre dangereux du système terrestre" 

Parce qu'ils absorbent 90% de l'excès de chaleur généré par les émissions de gaz à effet de serre d'origine humaine, les océans jouent un rôle de régulateur du climat observé sur la terre ferme. "Depuis les années 1960, son réchauffement s'est accéléré, indiquant un déséquilibre dangereux du système terrestre lié au changement climatique", pointe le rapport, alors que les températures de surface ont atteint un nouveau record de 21°C au printemps 2024.

"Bien que la moyenne mondiale des températures de surface évolue lentement, de faibles variations en apparence peuvent pourtant bouleverser profondément les grands équilibres du système terrestre."

le service Copernicus Marine

dans son neuvième rapport sur l'état des océans

Le rapport souligne par ailleurs que des vagues de chaleur marine "d'une intensité et d'une persistance exceptionnelles ont touché une grande partie de l'océan en 2023 et 2024, dépassant de 0,25°C les précédents records", enregistrés en 2015 et 2016. "Certaines zones de l'Atlantique ont connu plus de 300 jours sur 365 en conditions de canicule marine en 2023", alerte encore Copernicus. 

Alors que les températures élevées favorisent l'acidification des océans, "certaines zones marines riches en biodiversité s'acidifient plus vite que la moyenne mondiale, accentuant les menaces qui pèsent sur des espèces déjà en danger." Au-dessus d'un certain seuil, l'acidité de l'eau de mer devient corrosive pour les squelettes et coquilles des coraux, moules, huîtres, etc. Par ailleurs, les déchets plastiques issus de tous les continents n'épargnent aucune zone. Ils contaminent désormais l'ensemble des bassins océaniques, continue le rapport. 

Alors que les dirigeants du monde entier ont échoué, en août, à produire un traité pour lutter ensemble contre la pollution plastique, la directrice de ce neuvième rapport sur l'état des océans, Karina von Schuckmann, rappelle que le document scientifique produit a justement vocation à nourrir les décisions que prendront les autorités européennes en matière de protection des mers. "Cette connaissance n'est pas seulement un signal d'alerte ; c'est une feuille de route pour rétablir l'équilibre entre l'humanité et l'océan." 

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