Loup : Emmanuel Macron affirme "des choses totalement mensongères", accuse France Nature Environnement

En déplacement dans l'Aveyron, le président de la République a affirmé : "On ne va pas laisser le loup se développer et qu’il aille dans des massifs où il est en compétition avec des activités qui sont les nôtres".

Article rédigé par franceinfo
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Un loup dans le parc Alpha de Saint Martin Vésubie le 31 août 2023 (FREDERIC DIDES / HANS LUCAS)
Un loup dans le parc Alpha de Saint Martin Vésubie le 31 août 2023 (FREDERIC DIDES / HANS LUCAS)

Emmanuel Macron "fait un exercice de populisme d’un niveau rare en affirmant des choses totalement mensongères", a réagi vendredi 4 juillet sur franceinfo Jean-David Abel, pilote du réseau biodiversité chez France Nature Environnement, après que le chef de l’État a déclaré vouloir empêcher l’implantation du loup"où il y a du pastoralisme", quitte à en abattre davantage. En marge d’un déplacement dans l’Aveyron, Emmanuel Macron a affirmé : "On ne va pas laisser le loup se développer et qu’il aille dans des massifs où il est en compétition avec des activités qui sont les nôtres".

Jean-David Abel a exprimé son "incrédulité" face à ces propos. "C’est une sortie de route complète, a-t-il estimé. C’est un dossier qui n’est pas simple, qui n’appelle aucune solution simpliste". Le représentant de France Nature Environnement déplore que le président "fasse fi du fait que le loup est déjà installé depuis 25 à 30 ans dans des territoires où il y a du pastoralisme depuis des siècles". Selon lui, Emmanuel Macron "fait un exercice de populisme d’un niveau rare, en affirmant des choses totalement mensongères".

Une confusion entre vautour, loup et ours

Jean-David Abel réfute également l’idée que le loup aurait été réintroduit, rappelant le cadre juridique international. "Il le sait parfaitement et évidemment ses équipes le savent parfaitement aussi, y compris que le déclassement du loup s’accompagne de l’exigence de la garantie du maintien de l’espèce en bon état de conservation", a-t-il souligné.

Il accuse le président de "reprendre des fakes aujourd’hui sur le loup qui serait la cause des incendies" et de "mélanger les vautours aux prédateurs que sont l’ours et le loup". Les propos du président sont de nature à apporter de la confusion, selon lui. "C’est vraiment quelque chose d’un niveau rare qui n’aide aucunement ni les éleveurs, ni les services de l’État qui gèrent le dossier au quotidien. C’est plus qu’étonnant. C’est vraiment navrant", a-t-il ajouté. 

"Les interlocuteurs du président eux-mêmes ne semblaient pas croire ce qu’il disait, on était dans un numéro de communication qui était vraiment perché très loin au-dessus du réel".

Jean-David Abel, pilote du réseau biodiversité chez France nature environnement

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En 2024, la France a recensé 4 176 attaques de loups sur des troupeaux, causant 11 224 victimes, selon le bilan officiel de la préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Si les attaques diminuent dans les Alpes (-4,9%), elles augmentent dans les territoires nouvellement colonisés par l’espèce.

Jean-David Abel affirme enfin que "ces dernières années, il n’y a absolument pas eu une augmentation des attaques. Il y a eu effectivement une augmentation de la répartition géographique de l’espèce. Mais les attaques, ça fait plusieurs années qu’au niveau national, elles baissent". Dans l’arc alpin, où est concentré 80 à 90% de l’espèce en France, "les attaques baissent continûment depuis toutes ces dernières années", a-t-il assuré. Le nombre de loups présents en France en 2024 est estimé à 1 013, selon la préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

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