Cèpes, morilles… Une carte des coins à champignons élaborée par un géologue ariégeois divise les cueilleurs
C'est l'un des secrets les mieux gardés par les cueilleurs : où sont les meilleurs coins à champignons ? Cèpes, girolles ou encore morilles... En Ariège, un passionné a décidé de révéler grâce à une carte ses endroits secrets. Une initiative qui divise.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Sur les hauteurs de l'Ariège, la chasse aux cèpes s'annonce un peu plus facile que d'habitude cet automne. "On a un joli petit nid de cèpes de Bordeaux", constate Philémon Juvany. Des champignons frais que notre guide géologue n'a pas tout à fait trouvés par hasard. La zone est répertoriée comme favorable aux cèpes sur cette carte du département qu'il a mise au point. "En fait, plus la couleur marron va être élevée, plus on augmente nos chances de tomber sur des coins", explique-t-il.
La carte n'indique pas précisément où se trouve chaque champignon, mais offre jusqu'à 500 mètres de précision. "Je l'ai réalisée en croisant les données de sol, donc les données géologiques, que j'ai superposées aux essences d'arbres qui étaient favorables au cèpe, au taux d'humidité moyen lissé sur l'année et à l'exposition, donc qui comprend l'altitude et l'orientation", détaille Philémon Juvany.
Cette Arriégeois d'origine offrait ses cartes assez proches au départ avant de les mettre en vente sur Internet pour une soixantaine d'euros. Cartographier les coins à champignons, une petite révolution qui divise toutefois les amateurs sur ce marché du Mas-d'Azil (Ariège). "Chacun trouve ses coins, et bien sûr, c'est quelque chose qu'on transmet uniquement aux personnes qui sont très proches. Donc l'idée qu'il existe des cartes, je ne pense pas que ça fasse trop plaisir", estime une habitante.
Mais un autre se montre plus optimiste : "Pourquoi pas, ça permettrait aux gens de se promener un peu dans les forêts". Une femme ajoute néanmoins : "Non, ce n'est pas une bonne idée parce qu'on ne va pas être tranquille chez nous, au milieu des bois".
"Ce n'est pas la guerre"
Qu'en pensent les ramasseurs dans les bois, justement ? Faute de cèpes, un retraité est à la recherche d'un champignon orange savoureux. Pour venir ici, il a l'accord du propriétaire. La forêt est privée, comme bien souvent. Répertorier les coins à champignons serait donc une mauvaise idée, d'après lui : "Cet endroit, il appartient à quelqu'un. Quelqu'un paie des impôts. Alors, je me vois mal en train de dire : 'Oui, vous pouvez cartographier, c'est pas chez moi'", fait-il valoir.
À condition de respecter les règles, un professionnel, lui, a décidé d'utiliser ces cartes qu'il voit comme un outil pour démocratiser la cueillette. "Il y a des champignons pour tout le monde. Je pars de ce principe. Seulement 20 % des champignons en pleine nature sont ramassés. Le reste est voué à pourrir. Et, sincèrement, même si je perds un coin parce que j'ai du monde qui y va, c'est pas grave. Je retrouverai des champignons. Ce n'est pas la guerre, pour moi", réagit-il.
Des champignons à la portée de tous, à condition toutefois de les cueillir en quantité raisonnable et d'être sûr de bien les reconnaître.
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