: Info franceinfo Une fillette obtient son bac à 9 ans : un organisme de formation contesté revendique ce record de précocité

Un record de France. Une fillette de 9 ans, née en octobre 2015, a décroché son baccalauréat, spécialité mathématiques et physique chimie, a indiqué jeudi le ministère de l'Education nationale à franceinfo. Elle détrône donc le plus jeune bachelier qui avait 11 ans et 11 mois, en 1989. Si le ministère confirme ce record de précocité, il ne donne pas de détails sur le profil de la jeune bachelière.

Selon les informations de franceinfo, elle a passé les épreuves en tant que candidate libre à Paris et obtenu son diplôme sans mention, aux rattrapages. Un organisme de formation, ISO SET, assure avoir accompagné cet enfant. Selon cet organisme, la famille de la fillette ne souhaite pas s’exprimer. Il renvoie vers une femme présentée comme sa marraine. Celle-ci affirme que la jeune bachelière, d'un quotient intellectuel normal (QI), est née en France, est nationalité grenadienne et suit sa scolarité à Dubaï.

"Gagner des années" avec des "études accélérées"

L'organisme a révélé ce record de précocité afin de promouvoir sa méthode. L'objectif d'ISO SET, qui propose à l'origine des formations en informatique destinées aux entreprises, est de permettre grâce à un accompagnement scolaire très personnalisé, "de gagner des années" avec des "études accélérées".

"Pour obtenir ce résultat, la bachelière de 9 ans a suivi la méthode Aleph élaborée par ISO SET. Il s’agit de la même méthode qu’a suivie Hugo Sbai, qui a obtenu son bac à 12 ans en 2012, ainsi que deux autres étudiants qui ont obtenu leur bac à 12 et 14 ans en 2021. Cette méthode a également permis de battre d’autres records : master à 14 ans et doctorat à 17 ans", peut-on lire sur le site de la structure.

Pourtant, "le but de l'éducation, le but de la pédagogie, ce n'est surtout pas d'aller plus vite", fustige Sébastien Ponnou, psychanalyste et professeur en sciences de l'éducation à l'université Paris 8. "Au contraire, c'est cultiver le rapport au savoir, le désir de savoir de l'enfant, les expérimentations... Et tout ça prend du temps", ajoute-t-il.
 
La formation dispensée par l'organisme se veut gratuite car "expérimentale", selon Hugo Sbai, l'un de ses promoteurs, qui a lui-même obtenu le baccalauréat à 12 ans en 2012. "C'est juste qu'il y a des notions qui sont abordées plus vite et des choses qui sont répétées moins souvent", résume-t-il auprès de franceinfo. Il estime par exemple que la notion de nombres négatifs peut être abordée dès l'âge de "7 ans", alors que, classiquement, celle-ci est étudiée en classe de sixième ou cinquième.

"Arnaque pédagogique"

"Quand je lis le site internet, c'est une arnaque pédagogique", cingle Sébastien Ponnou. "C'est un projet d'investissement pour réussir à attirer des crédits, peut-être même des crédits publics, sur une méthode qui n'a pas fait ses preuves et qui ne peut pas se passer du système ordinaire pour valider ces formations. Et on sent bien que l'intérêt de l'enfant passe au deuxième plan", estime le professeur en sciences de l'éducation.

À ce propos, ISO SET, à travers la voix d'Hugo Sbai, défend un mécénat. Il explique que des investisseurs ont "mis beaucoup d'argent", que c’est "un pari". La méthode de cet organisme, décrite également comme la méthode "Aleph", promue par ISO SET, est appliquée notamment pour le programme Village de l’emploi, un centre de formation. La marque "Village de l’emploi", déposée auprès de l’INPI, appartient à ISO SET SA. Ce programme a été critiqué dans le passé : certains anciens étudiants ont dénoncé des formations bâclées. Des accusations réfutées par le centre de formation.