Présidentielle : "L'électorat est très volatil" à treize jours du scrutin, estime le directeur général de la Fondation Jean Jaurès
Selon Gilles Finchelstein, directeur général de la Fondation Jean Jaurès, le sentiment que les "jeux sont faits" pour cette élection présidentielle pourrait être un important facteur de démobilisation.
Gilles Finchelstein, directeur général de la Fondation Jean Jaurès, estime ce lundi matin sur franceinfo que le record d'abstention au premier tour d'une élection présidentielle, qui avait été atteint le 21 avril 2002, "peut être" battu le 10 avril prochain, car "l'électorat est très volatil" à treize jours du scrutin.
franceinfo : Jamais l'électorat n'a été si volatil ?
Gilles Finchelstein : l'électorat est très volatil, c'est-à-dire que la mobilité électorale, les électeurs qui sont susceptibles de changer d'avis au cours de la campagne, est absolument considérable. Dans les deux derniers mois, plus de la moitié des Français ont changé au moins une fois d'avis : soit ils sont passés d'un candidat à un autre, soit ils ont décidé d'aller voter puis de s'abstenir.
Le taux de participation est une des grandes inconnues de ce scrutin, à moins de 13 jours du premier tour. Aujourd'hui, quand on demande aux Français ceux qui sont certains d'aller voter, c'est à peine deux tiers d'entre eux, alors que normalement, une campagne présidentielle c'est 80% de participation.
Le fait qu'on soit en crise, entre le Covid, le pouvoir d'achat et l'Ukraine, pousse-t-il moins les Français à aller voter ?
Je ne sais pas s'il y a un lien. Quand on demande aux Français les raisons pour laquelle ils ne veulent pas aller voter, on voit un sentiment d'inutilité de la politique, de défiance et de distance vis-à-vis de la politique. La situation en Ukraine est évoquée, également la faiblesse des propositions.
Il y a un troisième phénomène qui est sans doute propre à cette élection, c'est le sentiment que les jeux sont faits, qu'il n'y a pas de suspense, qu'Emmanuel Macron va être réélu. C'est ce que pensent plus de 70% des Français. C'est évidemment un facteur potentiel de démobilisation.
Est-ce lié au sentiment que les candidats ne s'adressent pas aux électeurs, en tout cas aux classes populaires ?
L'électorat le plus important, ce sont les plus modestes. Logiquement, les candidats devraient leur parler, et s'ils voulaient peser, il faudrait qu'ils aillent voter. Malgré tout, vous avez aujourd'hui les deux tiers des Français qui disent être certains d'aller voter, il y en aura peut-être davantage au soir du premier tour. On est en-dessous d'une participation électorale normale pour une élection présidentielle, il faut dire que le contexte n'est pas normal, mais on est quand même très au-dessus de toutes les élections depuis 2017.
"Depuis les législatives de 2017 jusqu'aux dernières élections régionales, il n'y a pas eu une élection pour laquelle la moitié des Français se sont mobilisés."
Gilles Finchelsteinà franceinfo
Le 21 avril 2022, il y avait eu 28% d'abstention au premier tour de l'élection présidentielle : ce record risque-t-il d'être battu ?
Ce n'est pas encore certain, mais il peut l'être. Tout cela va dépendre d'une chose assez simple : est-ce que les Français vont avoir le sentiment qu'il y a un enjeu ? Le vote, même à l'élection présidentielle, pour une partie des Français, n'est plus automatique. Pour se déplacer, il faut qu'il y ait un enjeu. Cet enjeu peut être électoral, la question de savoir qui va être en finale. Est-ce que l'issue même du scrutin paraît comme un enjeu ? Est-ce que dans les choix qu'il y a à trancher, il y a des enjeux qui se dessinent ? C'est la question qui va être posée dans les 13 jours qui viennent.
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