Reportage "Ça veut dire qu'on doit avoir un avis construit" : les jeunes divisés sur le vote à 16 ans

À l'initiative de l'Unicef, 33 maires de grandes villes de France se prononcent pour le vote à 16 ans dans une tribune, mais tous les adolescents ne sont pas d'accord.

Article rédigé par franceinfo - Romain Dézèque
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Des élèves du lycée Jean-Mermoz, à Saint-Louis, dans le Haut-Rhin (image d'illustration). (VINCENT VOEGTLIN / MAXPPP)
Des élèves du lycée Jean-Mermoz, à Saint-Louis, dans le Haut-Rhin (image d'illustration). (VINCENT VOEGTLIN / MAXPPP)

Le sujet revient quasiment avant chaque échéance électorale : abaisser le droit de vote à 16 ans. C'est ce que proposent 33 maires de grandes villes de France dans une tribune à l'initiative de l'Unicef France, publiée, jeudi 17 avril, sur le site de Ouest-France. "Ils ont des avis, alors accordons-leur une voix !" écrivent les signataires. Ce changement pourrait concerner 1,6 million de jeunes Français pour les élections municipales de 2026.

"Moi je ne m'y connais pas trop, mais c'est vrai qu'il y en a certains qui sont intéressés. Je trouve que c'est une bonne idée, ça leur donne plus de droits, plus de liberté", reconnaît Elias. Pour Maya, "ça va permettre aux jeunes de plus s'y intéresser". "Avec les réseaux sociaux, c'est plus facile d'avoir accès à ce genre de choses", ajoute l'adolescente.

"Si on a assez de maturité et qu'on comprend la chose, oui, on peut voter à 16 ans."

Elias

à franceinfo

La maturité, c'est justement le nœud du problème pour Simon. "Même moi qui ai 17 ans, je ne pense pas avoir cerné tous les enjeux, tous les contextes, admet-il. Quand on a une voix, ça veut dire qu'on doit avoir un vrai avis, un avis construit. Et je ne pense pas qu'on puisse avoir un vrai avis construit à 16 ans juste en regardant deux ou trois vidéos TikTok", poursuit-il.

Elie, lui, voit un autre souci : "À 16 ans, on est quand même énormément sous l'influence des idées de nos parents." L'adolescent estime que lui peut voter car il s'intéresse "beaucoup à la politique" et qu'il a "des idées différentes de celles de [ses] parents". Mais, selon lui, "il y en a aussi énormément qui ne sont pas prêts et qui vont peut-être voter, mais en fait si ça se trouve, ce sera juste un vote de leurs parents qui comptera double".

"Leur donner les moyens de choisir"

Abaisser l'âge du droit de vote serait une réponse aux niveaux d'abstention préoccupants chez les jeunes, selon les signataires de la tribune. "En Autriche, ça se fait maintenant depuis une dizaine d'années. Quand ça s'est fait, ça a doublé l'intérêt des jeunes pour la politique", souligne le maire écologiste de Grenoble Eric Piolle. "Leur donner les moyens de choisir, à un moment où ils ont encore des cours d'instruction civique, où ils sont plus politisés, intéressés par la politique, mais parfois pas intéressés par le jeu politique, je crois que ça serait utile", affirme l'élu.

Et cela correspondrait également à des besoins, selon le maire socialiste de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol. "Les jeunes sont directement concernés par toute une série de politiques publiques. Concrètement, comment je trouve un stage, à quelle heure passe le bus, quel est le prix du ticket, est-ce que je peux sortir le soir avec des amis en sécurité... Vous savez la formule : 'si vous ne vous occupez pas de politique, la politique s'occupe de vous'", explique l'élu normand.

"Ils peuvent être acteurs de la vie démocratique et c'est aussi à eux de s'emparer de notre fonctionnement démocratique."

Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen

à franceinfo

Le maire de Rouen balaie l'argument électoraliste. "Beaucoup de jeunes votent aujourd'hui à l'extrême droite, quand ils votent", rappelle l'élu. Le sujet a déjà fait l'objet de plusieurs propositions de loi ces dernières années, sans succès pour le moment. 

Vote à 16 ans ? Le reportage de Romain Dézèque

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