"On nous présente comme si on était des escrocs" : les chauffeurs de taxi, déçus des réunions avec les ministres, entendent poursuivre leur mouvement

Leurs représentants ont été reçus mardi par les ministres concernés, sans permettre d'avancée majeure.

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des chauffeurs de taxi bloquent le boulevard Raspail proche du ministère de la Transition écologique, le 22 mai 2025. (CHRISTOPHE PETIT TESSON / EPA)
Des chauffeurs de taxi bloquent le boulevard Raspail proche du ministère de la Transition écologique, le 22 mai 2025. (CHRISTOPHE PETIT TESSON / EPA)

La mobilisation des taxis continue. Mardi 27 mai, les représentants des cinq fédérations de chauffeurs de taxi ont participé à deux réunions, la première avec le ministre en charge des transports sur la question des VTC, puis, la seconde, avec ceux de la Santé et des Comptes publics sur la question du tarif des transports sanitaires.

Au sortir de cette dernière rencontre, il n'y a pas vraiment eu d'annonce sinon un rendez-vous pour une autre réunion, le 11 juin prochain. Les ministres ont répété la nécessité d'harmoniser les tarifs des transports des malades pour faire des économies alors que le coût du transport sanitaire a été évalué à 6,7 milliards pour la CPAM en 2024, les taxis en représentant la moitié. Face aux peu d'avancées sur leurs revendications, à leur grand dam, les chauffeurs, qui font grève depuis dix jours, attendent une direction de la part de leurs représentants.

"On a parlé franco"

À l'issue de la réunion mardi soir, l'ambiance est électrique, sous les lampadaires du boulevard Raspail, en plein cœur de Paris, le point de ralliement des chauffeurs dans la capitale, à proximité du ministère de la Transition écologique, en charge des Transports. Mégaphone à la main les représentants de fédération des taxis ont du mal à se faire entendre : "On a parlé franco, on a parlé direct, on a parlé revendications. Après, en face, ils nous ont dit non, aujourd'hui, on ne fait aucune annonce."

Pendant leur compte rendu, l'impatience laisse place à la colère parmi les centaines de chauffeurs présents. "Je n'ai pas arrêté de travailler dix jours pour des réunions", s'énerve l'un d'entre eux.

"On est en face de deux ministres qui ne comprennent rien au travail que nous produisons. On ne parle qu'à des comptables, peut-être des gens qui sont des énarques, des gens qui sont hors sol."

Bernard Crebassa, de la Fédération des artisans taxis

à franceinfo

Bernard Crebassa ne donne toutefois pas de consigne claire pour la suite : "Rester mobilisés aujourd'hui, je ne suis pas certain que ça ait du sens, mais partir n'en n'aura pas non plus. Donc chacun doit être responsable de ce qu'il fait."

Déception et détermination

"On est tous déçus, soupire Karim, chauffeur de taxi dans les Hauts-de-Seine, non seulement de nos représentants, du pouvoir en place et de l'image qu'on nous donne." 

Quelques heures plus tôt, après la réunion, Amélie de Montchalin, la ministre chargé des Comptes publics l'a répété :  "Je ne veux pas que quiconque est taxi aujourd'hui ait l'impression qu'on le rend responsable de la dérive des comptes publics tout seul." Mais pour Karim, "on nous présente, là, aujourd'hui comme si on était des escrocs. Même si on doit faire des efforts pour économiser 300 millions d'euros, on ne peut pas perdre 60 % de notre chiffre d'affaires." Sa voiture reste stationnée boulevard Raspail.

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