"Loi anti-casseurs" : pour un député LREM, "on est dans une situation d'urgence, mais ce n'est pas pour ça qu'on doit dépasser des lignes rouges"
Jean-François Cesarini, député LREM du Vaucluse, a expliqué, jeudi sur franceinfo, pourquoi il a voté contre la "loi anti-casseurs".
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La "loi anti-casseurs" est examinée à l'Assemblée nationale. Les députés ont adopté, mercredi 30 janvier, l'article 2 malgré l'opposition d'une partie de la majorité qui prévoient que les préfets pourront prononcer des interdictions de manifester à l'encontre d'individus représentant "une menace d'une particulière gravité pour l'ordre public". Jean-François Cesarini a voté contre cet article. Le député LREM du Vaucluse, invité jeudi de franceinfo, y voit "une atteinte aux prérogatives même de la justice".
franceinfo : Pourquoi avez-vous voté contre cet article 2 ?
Jean-François Cesarini : Parce que nous considérons que la séparation des pouvoirs dans ce pays est importante. Ce ne doit pas être les préfets qui rendent la justice. Aujourd'hui, les magistrats ont tout à fait la possibilité d'interdire des manifestants qui ont déjà commis des actes. Parce que c'est bien le problème de cet article. On dit que les préfets peuvent interdire des manifestants qui ont déjà fait quelque chose. Mais s'ils ont déjà fait quelque chose, il faut les poursuivre, les condamner. Malgré le fait que la loi pose des vraies avancées - à la fois sur le dispositif "casseur-payeur", sur le fait de faciliter aussi les déclarations des manifestations, sur le fait d'agrandir les sanctions par rapport aux armes par destination, etc. - mais là [avec cet article 2] il y a une ligne rouge qu'il ne faut pas franchir.
Est-ce que vous y voyez une atteinte au droit de manifester ?
Oui mais surtout une atteinte aux prérogatives même de la justice. La justice rend la justice et les préfets exécutent les décisions de justice. Encore une fois, il ne faut pas mélanger ces pouvoirs-là. Aujourd'hui, c'est aux juges de dire si ces manifestants-là sont dangereux, ce n'est pas aux préfets de le faire de manière unilatérale. [Les amendements qui ont été proposés pour encadrer cette mesure] ont été rejetés. Il y avait des amendements pour retirer l'article lui-même. Mais au-delà de l'amendement, c'est une question de principe. Il y a une séparation des pouvoirs et ce n'est pas aux préfets de rendre la justice, c'est aux juges. Bien sûr il y a des sanctions supplémentaires pour plein d'autres choses, cette loi est importante et on la votera dans son ensemble, mais cet article-là va trop loin.
Est-ce que vous y voyez une loi de circonstance face aux "gilets jaunes" - en tout cas sur cet article 2 - qui s'attaque aux libertés fondamentales comme le dit le Parti communiste français ?
On ne peut peut-être pas aller jusque-là mais on voit bien que c'est une loi qui doit répondre à ce qui se passe tous les samedis dans notre pays. Les commerçants notamment attendent ça parce qu'ils sont en face de ces casseurs, tout comme nos concitoyens. Donc bien sûr que c'est une loi qui doit répondre à ça. Bien évidemment qu'on est dans une situation d'urgence, délicate et compliquée. Mais ce n'est pas pour ça qu'on doit dépasser des lignes rouges.
Est-ce que ça vous gêne que la droite vote et applaudisse ce texte ?
J'ai aussi entendu qu'ils disaient que c'était de l'eau tiède, qu'on l'avait trop changée, etc. Quoi qu'on fasse, on aura une droite qui dira qu'on est laxistes et on aura une extrême gauche qui dira qu'on est liberticides. Ils tiendront toujours les mêmes lignes et c'est pour ça que nous ne devons pas céder et trouver un équilibre - dans l'ensemble de la loi on l'a plutôt trouvé. Mais cet article-là, il ne fallait pas le voter. Dans cette majorité, on est de droite et de gauche. Notre force c'est notre diversité, on a le droit aussi de s'exprimer. C'est peut-être une autre manière d'être député aujourd'hui, de pas avoir le choix simplement entre être un godillot ou un frondeur. C'est comme pour les préfets et les juges, il y a une séparation des pouvoirs. Eh bien, c'est pareil entre l'exécutif et le législatif. Et encore heureux qu'on soit libres de pouvoir voter en conscience contre ou pour, tout en ayant une cohérence par rapport à cette loi pour laquelle on votera positivement.
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