Grand débat : "Dans la tradition française, la démocratie participative c'est au pire 'cause toujours', au mieux une écoute sélective"
Invité à réagir au "grand débat" censé calmer la gronde des "gilets jaunes", Yves Sintomer, professeur de science politique à l'université Paris VIII, regrette mercredi sur franceinfo que la démocratie participative ne se résume souvent, en France, qu'au pire un "cause toujours", au mieux une "écoute sélective".
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"Dans la tradition française, souvent, la démocratie participative c'est dans le pire des cas 'cause toujours', et dans le meilleur une écoute sélective", a regretté Yves Sintomer, professeur de science politique à l'université Paris VIII, mercredi 9 janvier sur franceinfo, invité à réagir sur l'organisation d'un grand débat national censé calmer la colère des "gilets jaunes". Pour cet universitaire, auteur également de Petite histoire de l'expérimentation démocratique aux éditions de la Découverte, "on peut avoir les plus grandes suspicions".
franceinfo : Le débat national ne divise-t-il pas finalement plus qu'il ne réunit ?
Yves Sintomer : Dans la tradition française, la démocratie participative c'est au pire "cause toujours", et au mieux une écoute sélective. On fait discuter et il y a une synthèse relativement arbitraire du résultat de la discussion. On n'a absolument aucune garantie qu'il en aille autrement cette fois ci.
L'exécutif a eu du mal à définir les cadres de ce débat. Faut-il des garde-fous ?
On voit bien que c'est quelque chose de totalement improvisé, que le gouvernement n'avait absolument pas envisagé auparavant. Les modes de consultation qui avaient été proposés, par exemple sur la relance de l'Europe par le président Macron, ça a été un flop. Quand on ouvre le débat comme ça sans le faire de façon sérieuse au niveau méthodologique, ça ne peut aboutir qu'à ça. L'obstacle va être dur à franchir pour le gouvernement.
Le Premier ministre avait proposé que les citoyens soient tirés au sort. C'est une bonne idée ?
C'est une bonne idée, mais tout dépend de comment on le fait. (…) Les Irlandais ont adopté il y a quelques mois la légalisation de l'avortement par référendum, et l'amendement constitutionnel avait été proposé par une assemblée citoyenne tirée au sort (…) Si on pense à quelque chose comme ça, alors oui c'est une bonne idée : tirer au sort autant de citoyens qu'il y a de parlementaires. Donnons-leur les moyens pendant trois mois en les rémunérant, en leur donnant de l'information en les faisant accompagner. Donnons-leur la possibilité de faire un amendement pour transformer à la fois notre système politique et notre système fiscal, et faisons-le approuver ou désapprouver par référendum par les citoyens. Là on aurait quelque chose de sérieux.
Le débat de 2009 sur l'identité nationale avait cafouillé. Risque-t-on d'avoir la même chose ?
Si on organise en dépit du bon sens, on risque d'avoir quelque chose qui sera complètement à côté de la plaque, décrédibilisé. En même temps en 2009, le débat sur l'identité nationale qui avait été organisé était totalement instrumental, depuis le début, demandé par un président de la République [Nicolas Sarkozy] en quête de relégitimation. Là le contexte est différent : on a eu une vaste demande, extrêmement populaire, de transformer notre société à la fois économiquement et politiquement. On peut espérer que cette pression-là soit prise au sérieux.
Y-a-t-il une chance de réconcilier le peuple français avec le pouvoir ?
C'est le troisième président qui, un an et demi après son arrivée au pouvoir, se retrouve au plus bas dans l'opinion. Je crois qu'on a un problème structurel : le président et sa majorité se sont fait élire sur l'idée qu'ils représentaient quelque chose qui allait permettre une rénovation du système politique. Jusque-là, rien n'a été véritablement fait : on a vu vieillir à toute vitesse à la fois le président, son organisation et sa majorité. Sans réforme structurelle, on n'y arrivera pas.
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