Retraites : un think-tank d'orientation libérale attend des vœux d'Emmanuel Macron "un message ferme, notamment vis-à-vis des régimes spéciaux"
Laurent Pahpy, analyste à l'Institut de recherches économiques et fiscales (IREF), think-tank d'orientation libérale, a expliqué, mardi sur franceinfo, craindre que le gouvernement recule sur certains points de la réforme des retraites.
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Emmanuel Macron se prête au jeu mardi soir du traditionnel exercice des vœux de fin d'année. Cette prise de parole à 20 heures est très attendue, le chef de l'Etat pouvant saisir l'occasion pour défendre son projet de système de retraite universel, alors que la grève entre dans son 27e jour. Laurent Pahpy, analyste à l'Institut de recherches économiques et fiscales (IREF), think-tank d'orientation libérale, a expliqué à franceinfo, mardi 31 décembre, ses attentes pour ce discours.
franceinfo : Qu'attendez-vous de cette allocution ?
Laurent Pahpy : Au vu des premiers éléments du débat public et de la réponse du gouvernement vis-à-vis des grévistes, notamment avec un certain nombre de concessions faites récemment, j'attends peu de choses. Ce qu'il faudrait attendre, c'est un message courageux, un message ferme, notamment vis-à-vis des régimes spéciaux. J'ai bien peur qu'on ne l'ait pas et que le gouvernement plie et intègre, comme il l'a prévu et comme cela se profile dans les dernières négociations, un certain nombre de concessions considérables vis-à-vis des corporations qui aujourd'hui font grève.
Attendez-vous particulièrement la disparition des régimes spéciaux avec la réforme des retraites ?
Ce n'est pas forcément une mauvaise chose qu'il y ait plusieurs caisses de retraite différentes. L'élément qui peut être préoccupant, c'est de voir qu'un certain nombre de ces caisses, notamment celles qui ont un pouvoir de nuisance important, sont capables d'arracher dans ce système par répartition un certain nombre de subventions de la part du contribuable, pour avoir un régime bien plus bénéfique que le régime du privé, en général.
Dans un rapport que vous avez signé concernant la réforme des retraites, vous dites que le système par répartition ne fonctionne pas. Faut-il passer à autre chose ?
Il ne faut pas complètement l'oublier. Le système par répartition repose sur un transfert des travailleurs vers les retraités. Du fait du ratio démographique, ce transfert va forcément se dégrader. Le système à points ne va pas changer grand-chose sur la philosophie et le principe par répartition. Ce qui fait qu'on devra toujours soit baisser les pensions, ce qui sera politiquement difficile, soit augmenter les cotisations, ce qui va être très compliqué dans la mesure où on a déjà les cotisations les plus élevées du monde, soit retarder l'âge de départ à la retraite. Le débat sur l'âge pivot montre qu'on va devoir sans cesse retarder ces choses-là.
La réforme telle que la prépare l'exécutif vous inquiète-t-elle, notamment sur l'aspect du coût ?
Il y a le coût de la réforme qui risque d'être important. C'est un chiffre très difficile à estimer. Il sera certainement en milliards voire en dizaines de milliards. Il comprend le coût de plusieurs éléments : les minimums retraites, qui vont être augmentés, notamment pour les agriculteurs. On ne sait pas encore combien ils vont coûter. Le deuxième élément, c'est le maintien des régimes spéciaux dans un régime unique, qui n'est plus vraiment unique en réalité, avec des régimes spéciaux qui coûtent aujourd'hui à peu près 8 milliards d'euros par an. Cela fait environ 200 euros par ménage et par an. Le troisième élément, c'est la question des fonctionnaires. Les fonctionnaires fonctionnent très peu par répartition, on parle d'un financement par l'Etat, c'est un système beveridgien [William Beveridge, économiste britannique a pensé en 1942 un Etat-providence alimenté par l’impôt, moins généreux mais universel]. Là-dessus, il va nécessairement y avoir des revalorisations de salaires des fonctionnaires, pour qu'ils puissent cotiser plus. On a lu le chiffre de 10 milliards d'euros pour les professeurs. L'autre élément du coût de la réforme qui risque de coûter très cher, c'est le coût administratif. Le dernier élément, ce sont les réserves des caisses qui sont plus autonomes, par exemple la complémentaire Agirc-Arrco, qui détient 70 milliards d'euros. Ces réserves-là, ces caisses qui sont un peu fourmi, par rapport à d'autres qui sont plus cigale, c'est inquiétant car on ne sait pas ce qu'elles vont devenir.
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