Réforme des retraites : le gouvernement a acté sa suspension, Sébastien Lecornu promet un débat au Parlement sur le financement

Après plusieurs jours de tergiversations sur le véhicule législatif, l'option de la lettre rectificative au projet de loi de financement de la Sécurité sociale a finalement été entérinée.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le Premier ministre Sébastien Lecornu, le 23 octobre 2025 à Romainville (Seine-Saint-Denis). (THIBAUD MORITZ / AFP)
Le Premier ministre Sébastien Lecornu, le 23 octobre 2025 à Romainville (Seine-Saint-Denis). (THIBAUD MORITZ / AFP)

Une suspension et beaucoup de questions. Le gouvernement a acté, jeudi 23 octobre, la suspension de la réforme des retraites dans le projet de budget de la Sécurité sociale, mais le mode de financement de cette mesure, sous le feu des critiques, donnera bien lieu à un débat, promet Sébastien Lecornu. Après plusieurs jours de tergiversations sur le véhicule législatif, l'option de la lettre rectificative au projet de loi de financement de la Sécurité sociale a finalement été entérinée lors d'un Conseil des ministres spécial présidé, en visioconférence, par Emmanuel Macron depuis Bruxelles.

"Gage de clarté et de transparence, cette inscription dans le texte initial", réclamée par le RN et la gauche, "vise à garantir la tenue d'un débat parlementaire loyal et sincère", a souligné Matignon dans un communiqué, alors que l'examen du PLFSS débute lundi au Parlement. Le projet décale dans le temps l'application de la réforme Borne de 2023. Il suspend jusqu'à janvier 2028 la marche en avant vers les 64 ans, tout comme le relèvement du nombre de trimestres à cotiser pour partir à taux plein.

Cette suspension coûtera 100 millions d'euros en 2026 et 1,4 milliard d'euros en 2027, selon la lettre rectificative dévoilée mercredi par le quotidien économique Les Echos et dont l'AFP a obtenu copie. Pour financer la mesure, les complémentaires santé et les retraités seront mis à contribution, d'après le document.

Critiques sur le financement

La sous-indexation des pensions par rapport à l'inflation, initialement prévue à 0,4 point, sera augmentée de 0,5 point supplémentaire en 2027, ce qui pèsera sur le pouvoir d'achat des retraités. Le taux de contribution des organismes complémentaires (mutuelles, assurances de santé…) passera de 2,05% à 2,25% en 2026. Mais ces options, qui font controverse, ne constituent pas "la proposition définitive", a assuré jeudi Sébastien Lecornu en marge d'un déplacement à Romainville (Seine-Saint-Denis).

Alors que le gouvernement avait déjà décrété que les pensions de retraite et les prestations sociales seraient gelées en 2026 pour freiner la dérive des dépenses publiques, le tour de vis supplémentaire annoncé dans la lettre a suscité des critiques nourries. "Les plus modestes ne peuvent supporter une telle mesure", a réagi auprès de l'AFP Yvan Ricordeau, numéro 2 de la CFDT. "On fait payer une micro-suspension de la réforme aux retraités actuels et futurs", a déploré Denis Gravouil, secrétaire confédéral de la CGT.

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