Pour "s'adapter aux nouveaux usages", le journal "Le Monde" lance son robot conversationnel dopé à l'intelligence artificielle

Le nouveau robot conversationnel du "Monde", basé sur la technologie de Perplexity AI, s'appuie sur les informations publiées par le quotidien.

Article rédigé par franceinfo
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La conférence de presse de la rédaction du Monde, le 13 mars 2023. (JOEL SAGET / AFP)
La conférence de presse de la rédaction du Monde, le 13 mars 2023. (JOEL SAGET / AFP)

Obtenir en quelques secondes des réponses sourcées et actualisées avec les infos du journal Le Monde. C'est ce que propose le nouveau robot conversationnel dopé à l'intelligence artificielle lancé mercredi 14 mai par le quotidien sur son site et son application, a appris France Inter auprès du groupe. Il s'appuie sur le modèle de langage de l’entreprise américaine Perplexity AI, avec laquelle le groupe a signé un accord, et se basera seulement sur les articles du quotidien.

Cet outil doit permettre aux utilisateurs de poser directement leurs questions sur l'actualité, sans avoir besoin de passer par des mots-clés comme dans une recherche classique, tout en restant dans l’environnement du Monde. "Ça ressemble beaucoup à une IA classique comme ChatGPT, la grosse différence, c'est que cette IA est liée à nos articles et uniquement à nos articles", détaille Charles Duenas, directeur Data & CRM du groupe Le Monde, qui a géré la mise en œuvre de ce robot conversationnel. "L'idée est de faire en sorte que Le Monde réponde, avec ses articles, aux questions des utilisateurs."

"On essaye de s'adapter aux nouveaux usages", défend Louis Dreyfus, le président du directoire du groupe. "Ce n'est pas 'à la place de', mais pour décupler nos capacités de réponses", détaille-t-il, précisant que ce nouveau module ne remplacera jamais les "lives" d’actualité sur le site du journal, dans lequel les internautes peuvent poser des questions aux spécialistes de la rédaction.

Une nouvelle source de revenus

"Quand on regarde la trajectoire économique du Monde, on s’aperçoit que les revenus qui viennent soit de nos lecteurs, soit de ce type d’accord, deviennent prépondérants et garantissent notre indépendance", ajoute-t-il. L’objectif du Monde est aujourd’hui de maintenir le nombre record de 661 000 abonnés au journal du soir, premier portefeuille d’abonnés de la presse quotidienne française, et de renforcer le modèle économique du journal. Cette nouvelle source de revenus est "très importante pour Le Monde qui s'autofinance depuis une dizaine d'années", précise encore Louis Dreyfus.

Les accords internes, conclus entre la direction et les syndicats, prévoient également une redistribution aux journalistes des revenus générés par ces accords et l’utilisation des contenus dans des moteurs d’intelligence artificielle, selon le principe des droits voisins. "A titre individuel, les journalistes ont un complément de revenu annuel grâce à ces accords", détaille Louis Dreyfus.

Une première en France

Le journal avait par ailleurs signé un premier partenariat avec ChatGPT, il y a un an, dont le montant est aussi tenu secret. Il autorise la société américaine à s’appuyer sur le corpus du journal pour s’entraîner, établir et fiabiliser les réponses de son outil ChatGPT.

A ce jour, Le Monde est le seul acteur de la presse française à avoir signé de tels accords avec des sociétés d’intelligence artificielle, suscitant au passage l’agacement de ses concurrents. "C’est ma mission d’essayer de capitaliser sur notre réussite", répond Louis Dreyfus. "On considère qu’on est pionniers, mais qu’on n’a pas vocation à être une exception, donc j’encourage mes confrères à signer des accords sans quoi ils se privent de développements intéressants pour notre audience et notre modèle économique", ajoute-t-il, précisant qu’aucun des partenariats signés par Le Monde n’est exclusif.

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