Pétition de Philippe de Villiers : la députée Sophie Taillé-Polian et le collectif Sleeping Giants saisissent l'Arcom au sujet du traitement fait par CNews

Avec plus d'un million et demi de signatures revendiquées, mais invérifiables, cette pétition appelant à un référendum sur l'immigration suscite la prudence dans la classe politique.

Article rédigé par Noémie Lair, Antoine Deiana
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le site qui héberge la pétition lancée par Philippe de Villiers le 6 septembre 2025. (CAPTURE ECRAN PETITION PHILIPPE DE VILLIERS)
Le site qui héberge la pétition lancée par Philippe de Villiers le 6 septembre 2025. (CAPTURE ECRAN PETITION PHILIPPE DE VILLIERS)

La députée Génération.s Sophie Taillé-Polian et le collectif citoyen Sleeping Giants ont annoncé,  mercredi 17 septembre, dans des communiqués distincts avoir saisi l'Arcom au sujet du traitement fait par CNews de la pétition lancée par Philippe de Villiers pour exiger un référendum sur l'immigration. 

Philippe de Villiers, ancien eurodéputé souverainiste, a mis en ligne le 6 septembre dernier un site pour héberger une pétition alertant sur le "problème" de l'immigration. Ce site affiche ce jeudi plus d'1,6 million de signataires de la pétition exigeant un référendum mais ce décompte est à prendre avec précaution. Il est en effet possible de signer avec des adresses mail totalement inventées et depuis l'étranger, a constaté l'Agence de vérification de Radio France. Le site présente par ailleurs des failles de sécurité et a été victime de cyberattaques, selon des experts en cybersécurité interrogés. Les équipes de Philippe de Villiers affirment que les signatures sont "contrôlées en temps réel", mais sans expliquer par quel mécanisme et n'ont pas répondu aux sollicitations de Radio France. 

Par ailleurs, les signataires de la pétition se voient proposer de consentir à ce que Philippe de Villiers communique leur adresse mail "à la société Lagardère Media News afin qu’elle [leur] adresse des informations, offres, bons plans et avantages promotionnels pour les titres JDD et JDNews", dont le milliardaire conservateur Vincent Bolloré est propriétaire. 

"Absence totale d’honnêteté et de rigueur de l’information"

Cette pétition a bénéficié d'importants relais sur CNews et Europe 1, autres médias de la sphère Bolloré, dénonce Sophie Taillé-Polian, qui a saisi l'Arcom mercredi. "Cnews démontre une nouvelle fois qu'elle est une chaîne d'opinion", écrit la députée sur X.   

"Une chaîne d'information sur la TNT a un devoir de pluralisme, d'indépendance et d'honnêteté journalistique. Or, il n'y a pas d'acte plus militant que d'appeler à signer et faire signer une pétition", ajoute la députée auprès de l'Agence de vérification de Radio France. Elle dénonce une "utilisation indue d'un espace public", d'autant que les journalistes à l'antenne ne mentionnent pas "les modalités douteuses de récolte des signatures". Pour la députée, "c'est incompréhensible que Serge Nedjar [directeur général de CNews] n'ait pas été convoqué immédiatement" par l'Arcom. Elle "espère que l'Arcom va agir pour faire respecter la loi"
 
De son côté, le collectif Sleeping Giants, qui "lutte contre le financement du discours de haine", alerte sur le fait que "Cnews ne mentionne jamais que la pétition est issue du – et la data collectionnée par le – Group Bolloré". Le collectif a saisi l'Arcom pour "absence totale d’honnêteté et de rigueur de l’information", a-t-il écrit mercredi sur X. 

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