Des journalistes du média "Frontières" exfiltrés lors d'un rassemblement de collaborateurs à l'Assemblée nationale

Les assistants des députés de gauche protestaient contre un dossier du média d'extrême droite ciblant plusieurs de ces collaborateurs. "Frontières" affirme que deux de ses envoyés ont subi des violences.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un jardin de l'Assemblée nationale à Paris, le 19 septembre 2021. (GARDEL BERTRAND / HEMIS.FR / AFP)
Un jardin de l'Assemblée nationale à Paris, le 19 septembre 2021. (GARDEL BERTRAND / HEMIS.FR / AFP)

Des journalistes du média d'extrême droite Frontières ont été exfiltrés par les services de l'Assemblée nationale, mercredi 9 avril, lors d'un rassemblement de collaborateurs parlementaires au sein de l'institution. Ces derniers protestaient contre la publication d'un dossier de Frontières intitulé "LFI le parti de l'étranger". À l’intérieur, est dressée "une cartographie des collaboratrices et des collaborateurs" de députés de La France insoumise, "fichant ainsi des dizaines" d'entre eux, selon une tribune de syndiqués à la CGT-CP publiée dans le journal L'Humanité.

En réaction, plusieurs dizaines de personnes se sont réunies à la mi-journée dans un jardin au sein du Palais Bourbon, à deux pas de la salle des Quatre Colonnes. Les syndicats des collaborateurs demandaient notamment à être reçus par Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale, rapporte Télérama.

Trois journalistes du média Frontières, accrédités à l'Assemblée, se sont rendus à ce rassemblement et y ont été identifiés. "Frontières, casse-toi, l'Assemblée n'est pas à toi", ont alors lancé certains manifestants. "Au bout d'un moment ça a chauffé, on leur a dit qu'il faut partir maintenant", a plus tard déclaré à l'AFP le député socialiste Arthur Delaporte. "Ils étaient en train de filmer des gens, les collaborateurs. C'était le loup dans la bergerie, c'était choquant."

Yaël Braun-Pivet dénonce "des provocations"

Sur une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, un député communiste, Jean-Paul Lecoq, semble essayer d'écarter ou abaisser le téléphone de l'un d'eux. Les trois journalistes ont ensuite été exfiltrés de la zone par des membres du personnel de l'Assemblée.

Le directeur de Frontières, Erik Tegnér, a accusé "des députés NFP" d'avoir agressé deux des journalistes de son média, qui "ont une carte de presse" et sont "rentrés légalement" au Palais-Bourbon, a-t-il fait valoir sur X. Il affirme à l'AFP qu'une plainte est en préparation. 

Les journalistes de Frontières ont reçu le soutien de nombreux responsables à droite, dont le président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella et le patron des députés Les Républicains (LR), Laurent Wauquiez. "Des journalistes hués, insultés, intimidés physiquement par des députés au coeur même de l'Assemblée nationale. Jusqu'où va-t-on descendre ?", a écrit sur X Marine Le Pen. Eric Ciotti, le président du groupe UDR, allié au RN, a demandé à la titulaire du perchoir "une réponse ferme et immédiate".

A la reprise des débats dans l'hémicycle, les députés ont opposé leurs versions de la scène dans une série de rappels au règlement. "Il n'y a pas eu de violences. Les images en feront la démonstration", a lancé Emmanuel Grégoire (PS). "J'ai vu les députés en question bousculer les journalistes et me bousculer aussi", a affirmé en retour la députée UDR Hanane Mansouri, son groupe et le RN demandant des "sanctions" contre les députés de gauche.

En fin d'après-midi, la présidente de l'Assemblée nationale a réagi et a condamné "fermement ces incidents". "De plus, dans l'enceinte de l'Assemblée nationale doivent être respectées des règles de comportement qui sont nécessaires à la sérénité des débats parlementaires. En particulier, aucune démarche pouvant s'apparenter à une mise en scène ou à des provocations, quelle qu'en soit la nature, ne saurait être tolérée", a écrit Yaël Braun-Pivet dans un communiqué.

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