Reportage "Si on n'a pas la décarbonation à Dunkerque, on est morts" : des salariés d'ArcelorMittal se mobilisent devant le siège social du groupe, à Luxembourg

Une quarantaine de salariés se sont rassemblés mardi midi, devant le siège social du groupe, pour tenter d'interpeller les actionnaires sur le plan de suppression de 630 postes sur les sites français.

Article rédigé par Lauriane Delanoë
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une banderole déployée par des syndicalistes de la CFDT devant le siège social du groupe ArcelorMittal, le 6 mai 2025, dans la ville de Luxembourg (Luxembourg). (LAURIANE DELANOE / RADIO FRANCE)
Une banderole déployée par des syndicalistes de la CFDT devant le siège social du groupe ArcelorMittal, le 6 mai 2025, dans la ville de Luxembourg (Luxembourg). (LAURIANE DELANOE / RADIO FRANCE)

Ils veulent se faire entendre de leurs actionnaires, pour tenter de sauver leurs emplois. Une quarantaine de salariés d'ArcelorMittal se sont réunis mardi 6 mai, à midi, devant le siège social du groupe à Luxembourg, où se tenait l'assemblée générale du géant mondial de l'acier. Ces salariés et représentants syndicaux voulaient interpeller les actionnaires sur le plan de suppression de 630 postes sur les sites français.

Ces salariés se pressent sur le coin de trottoir au pied de la tour de verre d’ArcelorMittal. Ils sont une trentaine en chasuble orange fluo de la CFDT, venus en car de Florange (Moselle), de l’autre côté de la frontière. Florian Killian déploie leur grande banderole. "On a écrit : 'pendant que les actionnaires se gavent, les salariés perdent leurs emplois', détaille-t-il. Les actionnaires qui se réunissent ici se partagent des dividendes. Une partie de ces dividendes aurait pu revenir pour justement sauver les emplois et sauver l'industrie. Il y a des milliers de personnes concernées derrière, ce sont des familles entières."

L’inquiétude va au-delà des 630 suppressions de postes annoncées il y a deux semaines. Xavier Garat, lui, travaille sur le site de Maizières-lès-Metz. "Ça fait 31 ans, raconte ce chercheur sur l’acier des voitures. J'ai commencé à Saint-Germain-en-Laye à l'époque. Il y avait trois sites de recherche : le site de Saint-Germain-en-Laye a fermé, le site d'Unieux [aussi]."

"On a tous été délocalisés en Lorraine, et maintenant on espère ne pas être délocalisés en Inde."

Xavier Garat, chercheur sur l'acier des voitures

à franceinfo

Ces représentants de la CDFT ont tenté d’échanger avec les actionnaires croisés. "Il y en a deux ou trois qui sont sortis, on a demandé si on pouvait avoir quelques mots... Eh non", déplore l'un des syndicalistes.

La dizaine de salariés en gilet rouge de la CGT n’a pas eu plus de succès. "On a essayé de pénétrer à l'intérieur de l'AG, mais il y a leurs gardiens qui sont là, donc pas moyen", déplore Christophe Paré, délégué CGT à Florange. Il interpelle aussi le gouvernement : "Quand on entend le ministre de l'Industrie, Marc Ferracci, et qu'il nous dit : 'Pour l'instant, je n'ai rien à proposer', mais il attend quoi, qu'on ferme ? Ce n’est pas compliqué, si on n'a pas la décarbonation à Dunkerque, on est morts. Nous, Florange, on suivra, c'est réglé. À un moment, il faut que tous ces gens-là bougent et prennent leurs responsabilités."

Des syndicalistes de la CFDT et de la CGT, devant le siège social du groupe ArcelorMittal, le 6 mai 2025, dans la ville de Luxembourg (Luxembourg). (LAURIANE DELANOE / RADIO FRANCE)
Des syndicalistes de la CFDT et de la CGT, devant le siège social du groupe ArcelorMittal, le 6 mai 2025, dans la ville de Luxembourg (Luxembourg). (LAURIANE DELANOE / RADIO FRANCE)

Le gouvernement interpellé sur les aides à ArcelorMittal

Ce projet de décarbonation de l’usine de Dunkerque est en pause. À Luxembourg, une porte-parole d’ArcelorMittal, Nicola Davidson, s’en justifie : c’est une question de "timing". "Nous comprenons que c'est difficile pour ceux qui sont concernés, parce que nous avions annoncé la décarbonation et que nous pensions avancer plus vite, relève-t-elle. Mais il y a aussi un risque à le faire trop vite. Si on le fait avant que les politiques ne soient en place, ou avant d'être sûr que ce sera compétitif, alors on met aussi en danger les usines et leurs emplois."

Dehors, les salariés demandent au gouvernement français de ne plus verser d’aides au géant de l’acier sans exiger en échange le maintien des emplois.

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