Les députés UMP craignent de payer la TVA sociale dans les urnes
Les parlementaires de la majorité redoutent que cette mesure, très impopulaire dans les sondages, fasse perdre des voix à la présidentielle et aux législatives.
Cinq ans après un premier tour de piste infructueux, l'exécutif a décidé de remettre la TVA sociale sur le tapis. Le Premier ministre a indiqué jeudi 5 janvier que la mesure - dont le principe est de baisser les charges sociales pour alléger le coût du travail, et d'augmenter en contrepartie le taux de TVA - serait étudiée par le Parlement en février. L'objectif étant de gagner en compétitivité, alors que le chômage continue de croître. Mais puisque chat échaudé craint l'eau froide, les députés UMP ne se montrent guère emballés par l'idée.
En 2007, la plupart d'entre eux avait estimé que cette idée, lancée entre les deux tours des législatives par Jean-Louis Borloo, avait fait perdre près de 80 sièges à la droite. Un sentiment amer que Nadine Morano, réélue en Meurthe-et-Moselle, avait alors relayé dans Libération : "J'ai envoyé un SMS à Fillon (...) pour lui dire de faire quelque chose. Cette histoire de TVA sociale était incompréhensible. Les socialistes en ont profité pour pondre un tract assassin sur le pouvoir d'achat. (...) Les gens ont pris peur. (...) En une semaine, j'ai perdu 6 points."
"On va inquiéter beaucoup de monde"
A une centaine de jours du premier tour de la présidentielle, les élus UMP craignent fort que l'histoire se répète. Rapporteur général de la commission des Finances, le député Gilles Carrez note que si "l'idée est bonne, sa mise en œuvre est difficile". "On peut toujours faire un texte qui s'appliquera après l'élection présidentielle, mais on va inquiéter beaucoup de monde, tous ceux qui vont subir l'augmentation des prix", prévient-il.
Elu dans le Bas-Rhin, Yves Bur s'interroge lui aussi sur le calendrier. "Doit-on agir dans une telle précipitation ? Le risque électoral est important." Dans Les Echos, son collègue de Haute-Saône Michel Raison, pourtant "favorable depuis toujours" à cette mesure, ne dit pas autre chose : "Moi, je ne le ferais pas avant la présidentielle. On a déjà essuyé les plâtres. On n'est pas obligé de le refaire."
Respectivement députés de Gironde et des Vosges, Jean-Paul Garraud et Gérard Cherpion partagent cette crainte, mais estiment qu'"il faut faire preuve de courage". "Ce sera à nous d'expliquer au mieux cette mesure", ajoute Jean-Paul Garraud. "On risque de ne pas avoir le temps nécessaire pour faire cette pédagogie", redoute l'élue de Seine-et-Marne Chantal Brunel.
"Les entreprises joueront-elles le jeu ? Rien ne nous le garantit !"
Principales craintes émises dans les rangs de la majorité : que l'augmentation du taux de TVA fasse grimper les prix, et que seuls les patrons bénéficient d'une baisse de leurs cotisations sociales. Dans Les Echos, le député finistérien Jacques Le Guen dénonce une mesure "socialement injuste", assurant que "cela va en réalité se traduire par une baisse du pouvoir d'achat des faibles revenus".
"Quand on a baissé la TVA dans la restauration, on nous a assuré que les prix baisseraient. En réalité, on sait qu'il n'en a rien été. Les entreprises joueront-elles le jeu cette fois ? Rien ne nous le garantit !", argumente une députée UMP sous couvert d'anonymat. "Si les prix grimpent sous l'effet de l'augmentation du taux de TVA, il faut que les salaires augmentent aussi", lui répond Richard Mallié, député des Bouches-du-Rhône. "Et si possible, que les Français le voient sur leurs fiches de paye avant la présidentielle !", ajoute un autre élu.
Vers une baisse des charges patronales, mais pas salariales
Problème : selon Le Monde, ce n'est pas la piste que l'exécutif semble retenir. D'après le quotidien, la priorité de Nicolas Sarkozy serait de réduire les cotisations patronales pour rendre plus compétitif le travail français, mais pas les cotisations salariales.
Le gouvernement assure néanmoins que rien n'est tranché pour le moment. Des pistes plus précises devraient être présentées après le sommet sur l'emploi, qui réunira les partenaires sociaux à l'Elysée le 18 janvier. En attendant, tous les députés interrogés se posent la même question : "Pourquoi avoir attendu la dernière ligne droite avant la présidentielle pour s'attaquer à un morceau aussi complexe et aussi risqué ?"
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