Grève des médecins : la Confédération des syndicats médicaux menace de fermer les cabinets et les permanences de soins "entre Noël et le premier de l'An"
La CSMF demande à ce que la consultation des généralistes passe de 25 à 30 euros afin de pouvoir financer le recrutement d'assistants médicaux ou d'infirmières avec lesquels les médecins constitueraient des binômes.
La grève des médecins libéraux est "une révolte" de soignants "épuisés", a expliqué jeudi 1er décembre sur franceinfo Luc Duquesnel, médecin généraliste en Mayenne et président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Plusieurs syndicats ont appelé à la fermeture des cabinets médicaux ce jeudi et vendredi pour dénoncer une dégradation des conditions de travail des médecins généralistes. La CSMF réclame une revalorisation de la consultation à 30 euros, au lieu de 25 euros afin notamment de financer un assistant médical.
Pourquoi êtes-vous en grève aujourd'hui ?
Les médecins généralistes qui exercent depuis 10, 20, 30 ans sont épuisés. C'est leurs pires conditions d'exercice depuis qu'ils sont installés. D'abord parce que leur nombre diminue, les demandes de soins augmentent et ils ne restent pas les bras croisés.
Ils prennent en charge de plus en plus de patients comme médecins traitants. Et pour autant, la considération que leur apporte l'assurance-maladie au niveau de leur tarif, ce n'est pas leur donner les moyens aujourd'hui de prendre en charge plus de patients.
Luc Duquesnelà franceinfo
Si pour la population, c'est inacceptable de ne pas avoir de médecin traitant, tout particulièrement pour les 650 000 patients avec des maladies chroniques, c'est aussi inacceptable pour nous. Globalement, c'est demander les moyens de pouvoir embaucher un assistant médical, de pouvoir travailler avec une infirmière. Le médecin généraliste allemand travaille moins de temps que nous chaque semaine. Il prend en charge trois fois plus de patients, c'est-à-dire 3 000 patients pour un médecin traitant généraliste allemand et à peu près 1 100 patients pour un médecin généraliste français.
Le mouvement est-il bien suivi ?
Je crois qu'on va être aux alentours de 90 % dans mon département. Je crois qu'au niveau national, ça va être à peu près 80 %, peut-être probablement un peu moins chez les autres médecins spécialistes. Mais c'est un mouvement de révolte et c'est un mouvement qui débute parce qu'en effet, on a débuté des négociations conventionnelles il y a trois semaines. On a tous claqué la porte parce que très clairement, on nous dit "on n'a pas les moyens". L'augmentation du budget dédié à la médecine ambulatoire, c'est voté par le Parlement dans le cadre du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale. C'est 2,9 % alors qu'il y a une inflation à 6,2%. On va avoir même moins de moyens que les années précédentes. Ce n'est pas acceptable.
Quelle revalorisation du tarif de la consultation vous paraît-elle acceptable ?
Il y a des revendications qui sont différentes. Nous, au niveau de la CSMF, comme d'autres syndicats, on demande bien sûr une revalorisation de la consultation de base qui aujourd'hui est à 25 euros depuis 2016, avec l'inflation, elle doit remonter à 30 euros. Surtout, les médecins traitants aujourd'hui ont de plus en plus de consultations complexes qui durent 30 à 45 minutes avec leurs patients atteints de pathologies chroniques, diabétiques, maladie de Parkinson, insuffisance cardiaque. Ces consultations longues aujourd'hui de 30 à 45 minutes sont rémunérées 25 euros. C'est le regard qu'on porte sur l'expertise des médecins généralistes. Ce n'est plus acceptable.
Comment expliquez-vous que le métier de médecin généraliste soit difficile aujourd'hui en France ?
Aujourd'hui, 87 % du territoire national manquent de médecins généralistes. Aujourd'hui, à manquer de médecin traitant, c'est 100 % du territoire national. Paris est un désert médical. Il n'y a pas que les zones rurales. C'est aussi la colère vis-à-vis des hommes politiques. Ce manque de médecins aussi bien d'ailleurs à l'hôpital qu'en ville, ça a été programmé par les hommes politiques qui nous gouvernent depuis 25 ans. C'est les mêmes qui aujourd'hui veulent imposer aux internes en médecine générale d'aller faire une quatrième année dans des déserts médicaux qui veulent imposer des mesures à l'installation. On va tout droit vers deux types de Français : des Français avec un médecin traitant et des Français sans médecin traitant. Pour nous, c'est inacceptable.
Vous être prêt à durcir le mouvement ?
C'est le début d'un mouvement. S'il n'y a pas de réponse rapide sous quinze jours de la part du gouvernement, parce que globalement ce n'est pas le directeur de l'assurance-maladie qui décide, je dirai même que c'est à l'Élysée, je crains très fort qu'on aille vers des mouvements très très suivis avec entre autres une fermeture des cabinets entre Noël et le premier de l'An, mais aussi des grèves de permanence des soins. Aujourd'hui, ils sont épuisés et moi, ce que j'entends, c'est que de toute façon, on n'a plus rien à perdre.
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