"On est privés de moyens au détriment des malades et de la qualité des soins", déplore un chef de service démissionnaire de l'hôpital Saint-Louis à Paris
Le manque de moyens est "une mort programmée de l'hôpital", a dénoncé sur franceinfo Hervé Dombret.
Des chefs de service de l’hôpital Saint-Louis à Paris remettent lundi 3 février leur démission administrative. Des responsables de service d'autres hôpitaux en France ont déjà fait de même ces derniers jours. Ils réclament davantage de moyens pour l'hôpital public et des hausses de salaire pour les infirmiers et les aides-soignants.
Le manque de moyens est "une mort programmée de l'hôpital", a dénoncé sur franceinfo Hervé Dombret, chef du service des maladies du Sang à l’hôpital Saint-Louis. "On est privés de moyens de plus en plus, au détriment des malades et de la qualité des soins", a-t-il estimé.
Franceinfo : Que signifie concrètement cette démission ?
Hervé Dombret : D'abord, c'est tout sauf une désertion. Nous allons continuer à prendre en charge nos patients, à les soigner, nous allons continuer à former les plus jeunes, notamment les jeunes internes et les jeunes infirmières, du moins avec les moyens qu'on nous octroie. Nous allons continuer nos activités de recherche pour faire progresser le progrès médical. Mais nous refusons de continuer ce pilotage financier auquel on nous fait participer depuis plus de 10 ans, et qui n'a de pilotage que le nom. En fait, il s'agit d'une mort programmée de l'hôpital.
Avec cette démission administrative, vous pouvez bloquer le système ?
Je ne pense pas que ça va bloquer le système du jour au lendemain, parce qu'on intervient aujourd'hui assez peu dans le pilotage de l'hôpital. Notre rôle dans la stratégie hospitalière est extrêmement faible. Il se résume à transmettre des indicateurs financiers. On est devenus des comptables. Les mots qu'on entend à toutes les réunions auxquelles j'ai pu assister depuis 10 ou 15 ans avec la direction, c'est "efficience", "mutualisation" et "rentabilité". Ces mots ne sont pas forcément mauvais en soi, parce qu'on a participé à des restructurations, des économies. Mais on se rend compte que derrière tout ça, le mot qui se cache c'est "privation". On est privés de moyens de plus en plus, au détriment des malades et de la qualité des soins. On est arrivé depuis 2017 à un point de non-retour, à un point de rupture. C'est ce qui motive notre action.
Le gouvernement a débloqué un milliard et demi d'euros sur trois ans, ce n'est pas suffisant ?
C'est beaucoup et c'est peu. Cela ne suffit pas. Ce qui est notable, c'est qu'il a fallu qu'on menace de démissionner, et on met cette menace à exécution, pour qu'on nous écoute. Mais ce n'est pas assez, parce qu'on regarde les chiffres dans le détail, pour l'hôpital public, ça fait 200 millions d'euros pour 2020. Et ces 200 millions d'euros ne couvrent pas l'endettement de l'hôpital. Donc l'hôpital va continuer à s'endetter malgré cet apport qui n'est pas négligeable. Il faut consacrer plus d'argent à l'hôpital public.
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